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Salif Diallo, CDP, Fond commun, Soumane Touré: Lassané Savadogo (MPP) brise le silence

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Lassané Savadogo, SEN du MPP et par ailleurs directeur général de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS)

« La disparition brutale » de Salif Diallo « a impacté de manière considérable la vie de notre parti », soutient le Secrétaire Exécutif National (SEN) du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP, parti au pouvoir), Lassané Savadogo, par ailleurs directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), dans une interview exclusive accordée à Wakat Séra.

Wakat Séra : Comment se porte le MPP aujourd’hui après le décès de son ancien président Salif Diallo, ex-président de l’Assemblée nationale ?

Lassané Savadogo : C’est vrai que Salif était un poids lourd au niveau de notre parti. Il a été d’une contribution inestimable pour sa création et son implantation. Il a joué un rôle important pour la victoire que le parti a obtenu lors des différentes consultations électorales. Sa disparition brutale a impacté de manière considérable la vie de notre parti mais ce qu’il faut également retenir, c’est que nous avons un parti de militants, nous avons beaucoup de cadres qui sont engagés dans le parti et chacun, depuis la création jusqu’à ce jour, contribue d’une manière significative au rayonnement du parti. Et tant aussi mieux que je peux vous affirmer que le parti se porte bien.

La disparition de feu Salif Diallo, n’a-t-elle pas eu d’impact négatif sur la gouvernance quand on sait qu’il était craint au niveau de l’exécutif ?

C’est possible, moi je ne peux pas opiner là-dessus mais nous sommes dans un parti et un Etat organisé. Et s’il y a des interventions qui peuvent être suscitées à tel ou tel niveau, il faut passer toujours par les canaux qui sont prévus pour canaliser ces genres d’interventions. Vous savez qu’au niveau du parti nous sommes organisés de manière pyramidale et nous appliquons également des principes à l’ensemble de nos militants quel que soit donc le degré de responsabilité qu’ils occupent au sein du parti ou de l’Etat. Au sein de l’Etat également, vous savez que l’Etat est organisé et comme nous sommes dans une démocratie, on observe le principe de la séparation du pouvoir. Et donc l’Etat gère ses attributions, ses compétences conformément à la Constitution de notre pays.

Je pense qu’il faut mettre davantage l’accent sur la vitalité institutionnelle que sur le poids des personnes. Et jusqu’à preuve du contraire, le parti fonctionne normalement et au niveau des différents pouvoirs de l’Etat, chacun joue son rôle convenablement. Je ne pense pas qu’aujourd’hui, il y ait des difficultés particulières pour assumer le fonctionnement harmonieux aussi bien du parti que de l’appareil de l’Etat que nous gérons.

Comment comptez-vous gérer les querelles de leadership au sein de votre parti qui se sont illustrées tout dernièrement à Bobo-Dioulasso avec une violence qu’on a fait subir à Issa Dominique Konaté, 3è vice-président du MPP ?

Je voudrais d’abord traduire mes sentiments de remerciements aux militants, à l’ensemble de nos camarades que nous avons responsabilisés pour l’opération de renouvellement de nos structures. Depuis maintenant près de deux mois, ces camarades sont à pied œuvre dans les treize régions, dans les 45 provinces de notre pays pour permettre à notre parti de respecter ses textes fondamentaux. Nous sommes en train de procéder au renouvellement des structures de notre parti en vue de le renforcer. Donc les camarades s’échinent à la tâche et l’opération se déroule globalement dans de très bonnes conditions. Il y a des difficultés qui apparaissent dans cette opération mais elles étaient prévisibles. Nous savions que tout n’allait pas se passer comme un long fleuve tranquille mais nous nous sommes préparés de façon organisationnelle et psychologique pour parer à tout cela.

Comment s’opère le choix des candidats que votre parti positionne dans les zones électorales ?

Vous savez, tout est organisé à partir des textes qui sont notre directive que nous avons élaborée au niveau du Bureau politique national (BPN). Et cette directive est conforme aux statuts et règlements intérieurs du parti. Dans cette directive nous avons prévu un dispositif qui permet au bureau exécutif de faire des propositions. Mais comme le bureau exécutif ne peut pas se déployer au même moment sur l’ensemble du territoire national dans sa totalité, nous avons décidé que les membres du BPN originaires de chaque région, vont être responsabilisés pour nous faire des propositions. Et ces propositions une fois faites sont déposées au niveau du parti pour que le comité permanent qui regroupe les vice-présidents et les secrétaires exécutifs puisse les apprécier. Après on soumet l’ensemble de ces propositions au niveau du BEN qui apprécie également. Et après nous allons au bureau politique national qui valide les différentes propositions. Cela veut dire que toutes les propositions qui sont faites actuellement, pour ce qui concerne la fédération et les cinq de la section, ce sont des propositions qui n’ont pas encore été validées car il reste encore trois étapes pour qu’elles le soient. En dehors de ça, il y a un dispositif interne également à l’opération de renouvellement. Il y a un comité de supervision de l’ensemble de l’opération qui est dirigé par le secrétaire exécutif national.

Et pourquoi toute cette procédure?

Tout cela c’est parce que notre souci est de faire en sorte que ce processus de renouvellement des structures se passe dans de bonnes conditions possibles. Et s’il y a des difficultés, nous donnons la possibilité à tous les camarades qui ne sont pas satisfaits de la façon dont l’opération s’est déroulée à tel ou tel endroit, de formuler leurs observations à la direction du parti. Une fois que nous recevons ces observations, nous les analysons et discutons avec les camarades qui ont fait ces observations en vue de les rencontrer pour mieux discuter et comprendre leurs motivations. Nous rencontrons également le collège qui a fait ses propositions pour nous assurer qu’elles ont été faites dans la manière la plus objectives possible et que c’est tel camarade qui est le mieux placé pour occuper tel poste déterminé. Donc tous ces dispositifs fonctionnent.

Nous pensons que c’est normal parce que si vous avez un même poste pour au moins cinq à dix candidats, forcément que chacun cherchera à travailler pour que son dossier passe. Mais au finish on ne retiendra qu’une seule personne. Donc il est normal qu’il y ait certains sentiments de frustration ou de bagarre de positionnement mais nous gérons ça vraiment en toute responsabilité. Et nous pensons qu’à terme nous parviendrons à engager le maximum de camarades de chaque région et province derrière les propositions définitives qui seront adoptées.

Mais comment gérez-vous les écarts et autres dérives jugés graves de vos militants ?

S’il y a eu des infractions dont les deux types, celle attentatoire à la discipline du parti, le parti va examiner, apprécier et au besoin prendra des dispositions qu’il faut.  Et s’il y a eu également des infractions contre les lois de l’Etat, les lois de la République, ceux qui sont compétents pour connaître de ces infractions vont s’en saisir. Nous sommes un parti républicain qui agit en respectant les règles de la République. Nous sommes aussi un parti démocratique organisé qui prône la discipline et le respect de certaines valeurs. Si nous constatons qu’il y a violation de ces principes et des valeurs fondatrices, le parti a son propre mécanisme d’instruction et de sanctions. Mais nous mettons davantage l’accent, sur l’approche pédagogique, la sensibilisation, l’éducation, la fourniture de certaines informations de base, nous ne privilégions pas les répressions parce qu’il faut souvent distinguer ceux qui violent les textes du parti sans savoir qu’ils le font, ceux qui le font également parce qu’ils se disent frustrés, si vous les sanctionnez sans qu’ils ne comprennent le bien-fondé, c’est contreproductif. Donc nous combinons, un ensemble de mesures qui permet de faire comprendre au militant qu’il a fauté pour qu’il prenne conscience de son acte.

Qu’est-ce qui explique, selon vous, l’incivisme des jeunes au sein des partis et formations politiques de façon générale au Burkina ?

Nous sommes un parti de masse qui évolue dans un contexte de démocratie électorale. Et vous savez que c’est quand vous gagnez les élections que vous exercez le pouvoir. Et puis le vote d’un citoyen civique est le même que celui d’un citoyen incivique. Il faut aussi faire la différence entre les sympathisants et les militants. Donc nous essayons au tant que faire se peut d’assurer la formation politique de nos camarades. Nous sommes un parti qui est le plus actif en matière de formation politique au Burkina. Mais il est clair que nous n’avons pas les dispositifs ni les moyens de toucher l’ensemble donc des militants du parti encore moins, l’ensemble de nos sympathisants. Ceci d’autant plus ou moins que les partis sont à l’image du pays. L’incivisme que vous voyez à l’intérieur des différents partis, c’est le même que vous constatez en dehors des sphères politiques partisanes. Je pense que c’est un combat global qui nécessite l’intervention de tout le monde pour qu’on arrive vraiment à instaurer le civisme à tous les niveaux.

Chaque parti est interpellé alors?

Chaque parti et chaque citoyen est interpellé et je sais qu’il y a des efforts qui sont faits à tous les niveaux pour que notre pays arrive vraiment à trouver des réponses satisfaisantes à ce phénomène qui n’a pas commencé maintenant. Il y a plus de dix ans que notre pays végète dans cette tempête et ce n’est pas en un ou deux jours seulement que vous allez trouver comme par miracle des solutions à ce problème.

Qu’en est-il des querelles qui émaillaient votre parti au Nord ?

Ce qui s’est passé dans la province du Yatenga, moi je ne dramatise rien. Moi à la base je suis un enseignant donc un pédagogue qui regarde les choses de manière évolutive. Il y a eu un problème, ce qui est normal car un parti qui n’a pas de problèmes est un parti qui n’existe pas. Une région où il n’y a pas de problèmes à l’occasion de questions majeures politiques, c’est un parti dans lequel la démocratie n’existe pas ou un parti qui n’a aucune force d’attraction. Le MPP vit et n’est pas à une force d’attraction puisque tout le monde veut venir au MPP et chacun veut occuper des positionnements de choix au sein du parti. Par conséquent il y a des luttes de positionnements.

L’autre problème est de faire en sorte que ces luttes de positionnements se fassent dans le respecte des textes du parti et de la République. Donc une fois que nous connaissons les tenants et les aboutissants de ces luttes de positionnements sur le terrain nous sommes suffisamment armés pour y apporter des solutions. Et les gens seront surpris de constater aussi bien dans la région du Nord que dans d’autres régions du pays que le parti va sortir par la voie haute et c’est ça le plus important. Sinon ces querelles sont normales. Maintenant il y a par moment des montées de fièvre dans certaines provinces et régions mais celles-ci sont des situations anormales qui sont traités avec la discipline du parti.

On a oui dire que des activistes de votre parti grognaient, est-ce que cette préoccupation au niveau du parti a été gérée ?

Tous les jours que Dieu fait nous ne faisons que gérer les préoccupations de toute nature venant de nos militants. Nous sommes un parti démocratique et nous donnons la possibilité à notre base militante de s’exprimer. Les gens veulent imposer un agenda alors que nous avons notre propre agenda pour gérer nos problèmes. Vraiment c’est un épiphénomène. C’est des préoccupations basiques que des camarades ont posées mais on les a rencontrés et très vite on s’est compris. Rien que les semaines passées les mêmes activistes ont tenu un atelier à notre siège de campagne à Hamdallaye, pour réfléchir sur l’amélioration de leur contribution à la visibilité de l’action du parti et celle du gouvernement. Ce n’est pas vraiment un problème au niveau du parti.

L’année 2017 a-t-elle été difficile pour votre parti ?

Je pense que la réponse à cette question va de soi. Vu les difficultés qui ne sont pas celles du MPP mais de tout le Burkina Faso d’abord. Ensuite, il y a les difficultés liées à l’insurrection populaire (des 30 et 31 octobre 2014, NDLR), au coup d’Etat manqué (de 16 septembre 2015, NDLR), à celles liées à l’arrivée au pouvoir du MPP et d’une certaine manière également à l’apothéose de la démocratie dans notre pays. Dès notre arrivée au pouvoir, nous avons été accueillis par des attentats terroristes, choses que le Burkina Faso ne connaissait pas ? Nous avons été aussi accueillis par des mouvements d’humeur au niveau de l’administration publique qui continue même d’ailleurs, au même moment les attentes sociales étaient très fortes, très pressantes et nous avions pour souci la mise en œuvre cohérente du programme pour lequel le président du Faso (Roch Kaboré) a été élu.

Donc il nous fallait nous organiser très rapidement pour faire face à tout cela. Je pense qu’à ce stade du bilan, nous ne pouvons pas dire que nous avons trouvé des solutions à presqu’à tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés puisque ceux de l’insécurité et de la fronde sociale précisément demeurent toujours, mais il n’en reste pas moins que malgré tout cela, nous arrivons à mettre en œuvre le programme pour lequel le président Roch Marc Christian Kaboré a été élu. Et c’est ça le plus important. Je pense que la lutte contre l’insécurité fait partie de ce programme. La satisfaction des préoccupations des travailleurs (de la Fonction publique) fait partie également de ce programme. Ce que nous voulons dire, c’est que d’une manière générale, et c’est compréhensif du reste, les Burkinabè sont pressés. Ils ont été sevrés de démocratie, de liberté, pratiquement depuis l’indépendance. Il n’y a eu qu’une petite période dans notre histoire où la Haute Volta de l’époque a connu une véritable démocratie. Donc après l’insurrection, le putsch manqué de 2015 et les élections (qui ont eu lieu à l’issue de la transition), le Burkina a renoué avec le pouvoir civil, la démocratie et la liberté. Alors il fallait être naïf pour croire que cela allait se faire sans difficulté. Et nous savons par exemple que tout ça se faisait sur un fond d’incivisme généralisé, nous sommes conscients de cela. Le fait nouveau, c’est le terrorisme qu’on ne connaissait pas. Je pense sans fausse modestie que nous faisons notre petit bonhomme de chemin malgré les difficultés.

A vous écouter, vous êtes confiants qu’à terme de votre quinquennat, vous allez vous en tirer à bon compte. Mais ce que nous constatons est que les populations sont de plus en plus mécontentes…

Quand vous dites que les populations sont mécontentes, je ne sais pas de quelles populations vous parlez. Si vous vous informez à partir de ce qui se dit à travers les médias, les réseaux sociaux ou même à travers certains travailleurs ou organisations de Ouagadougou ou de Bobo-Dioulasso, ce que vous dites peut se justifier. Mais moi je viens d’un village où j’y retourne régulièrement, je rentre également dans d’autres endroits reculés du pays, le retour d’information du parti implanté dans les tréfonds du pays, dont nous disposons n’est pas ça. A l’échelle nationale les populations sont satisfaites parce que le gouvernement arrive à trouver des réponses aux préoccupations basiques de nos populations que ce soit dans les domaines de la santé, l’éducation, des infrastructures, de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, de l’énergie, etc. Ce que les gens doivent savoir également à ce niveau, je crois que c’est une chance que le Burkina a, d’avoir un homme tempéré, modéré et sage comme le président Roch Marc Christian Kaboré à cette étape décisive de son histoire, parce qu’on est pratiquement dans un contexte de refondation de l’Etat. Et c’est ça la réalité puisque cette démocratie et ce printemps de liberté, les Burkinabè ne les connaissaient pas ni n’en jouissaient.

Certains citoyens estiment que cette tempérance ou cette modération du président du Faso est un peu trop exagéré…

Chacun a sa pédagogie et quand vous avez des situations de ce genre, chacun peut avoir son approche. A une approche peut correspondre ou s’opposer à une autre approche. Je pense personnellement que toute autre approche que celle qui est mise en œuvre à l’heure actuelle aurait été contreproductif parce que les dérives et l’incivisme dont on parle, si d’ores et déjà, sans que les populations soient sensibilisées, vous commencez par sévir, si vous ne faites pas attention vous glissez dans l’autre extrême or en ce moment vous videz la démocratie et les libertés de leur sens. Et n’oubliez pas que le MPP est un parti qui hérite de l’insurrection populaire qui elle-même hérite des luttes qui ont fait échec n’est-ce pas au coup d’Etat du général Gilbert Diendéré. Donc ce n’est pas à ce parti-là de se retourner contre le peuple en faisant usage de certaines méthodes qui sont propres à un Etat d’exception.

Nous avons d’abord le devoir de sensibiliser, d’informer, ça prend du temps mais je pense que pour le moment, c’est ça qu’il faut. On n’oublie que les mêmes populations qui réclament les écoles, ce sont les mêmes populations qui les incendient à certains moments. Ceux qui réclament qu’on bitume les voies sont les mêmes qui allument des pneus sur des voies goudronnées. Dans un contexte de ce genre, l’essentiel n’est pas la réalisation physique. Ce qui est important, c’est l’adhésion des populations à votre politique qui concourt à leur bien-être. S’il n’y a pas ça, vous faites fausse route. C’est pourquoi d’ailleurs, nous estimons que l’approche pédagogique doit devancer la répression et c’est ce qui guide notre action. Ce n’est pas parce que nous avons peur ou des craintes particulières. Nous connaissons notre pays et nos populations et nous savons comment faire pour obtenir des résultats pérennes qui vont être un socle pour le Burkina d’aujourd’hui et de demain.

Il y en a aussi qui justifie ce qu’ils appellent d’inaction du président Roch Kaboré, par le fait qu’il est entouré de certains collaborateurs qui traînent des casseroles. Ces personnes n’hésitent pas à vous citer souvent en plus de son directeur de cabinet, Seydou Zagré et du ministre d’Etat, Simon Compaoré, ex-maire de Ouagadougou. Que répondez-vous ?

Je pense que chacun est libre d’exprimer ses opinions ou de faire ses analyses. Seulement nous sommes dans un Etat organisé. Si ceux qui tiennent ces propos ont des faits vérifiables contre un citoyen, ils ont la possibilité d’actionner les mécanismes de la justice contre ces citoyens. Le principe de la démocratie est que tous les citoyens sont sur un même pied d’égalité. Devant la République, il n’y a pas de citoyen qui a plus de droits que d’autres comme il n’y a pas non plus de citoyen qui a moins de droits que d’autres. Mais la manie qui consiste à salir la réputation des gens, à partir donc de certaines déclarations et de certains écrits, manifestement fonder sur la volonté de nuire, n’est pas bien.

Personnellement, j’ai eu à m’expliquer à maintes reprises par rapport à ce qui m’était reproché et je crois qu’après les explications que j’ai fournies, je n’ai pas enregistré d’autres réactions. J’ai occupé certaines responsabilités dans le passé avant de venir au MPP. Quand vous occupez certaines responsabilités notamment au niveau du gouvernement, si on veut salir votre réputation, ils feront tout pour la salir. Si on veut également mesurer les efforts que vous avez faits pour contribuer à l’avancée de ce pays-là, en la matière également il y a beaucoup à dire. Je ne parlerai au nom des autres car je pense qu’ils sont suffisamment responsables, ils se sont même déjà expliqués.

Moi ce que je sais de par ma proximité avec le président Roch Marc Christian Kaboré qui a été très clair dès son accession au pouvoir, c’est la gestion vertueuse au sommet de l’Etat et vous avez même constaté les différentes réformes opérées au niveau des structures de contrôles de l’Etat. Un responsable qui se rend coupable d’une mauvaise gestion, répond de ses actes. Cela a été assez clair dès le départ. Et puis, en matière de mauvaise gouvernance, le Burkina est loin d’être le cancre de la classe aussi bien au niveau africain que mondial.

Le Secrétaire exécutif national du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP, parti au pouvoir), Lassané Savadogo

Quelles est la position du MPP sur la question des fonds communs qui divisent les Burkinabè ?

Nous allons exprimer la position du MPP à travers les assises nationales qui portent sur le système de rémunération des agents de l’Etat. Nous pensons qu’il faut créer les conditions pour que tous les travailleurs de l’Etat puissent évoluer dans les meilleures conditions possibles, sur le plan de la rémunération en particulier. Nous pensons également qu’il faut qu’on tienne compte des suggestions particulières qui pèsent sur certains emplois par rapport à d’autres parce que les vicissitudes ne sont pas les mêmes en fonction des emplois que vous occupez. Nous sommes aussi d’accord qu’il y ait une certaine forme d’équité à l’intérieur de la Fonction publique. Il n’y a pas de raison qu’au sein de la même Fonction publique, que certains se retrouvent avec des rémunérations d’un certain niveau alors que d’autres n’ont presque rien. Nous ne disons pas qu’il faut tout aplanir mais je pense qu’il y a un minimum qu’on doit respecter en matière d’équilibre et d’équité.

Nous disons également qu’il ne faut pas que toutes les ressources soient utilisées pour satisfaire les agents de la Fonction publique qui sont une infime minoritaire par rapport au reste de la population. Notre devoir est de travailler à l’émancipation sociale de l’ensemble de nos populations, et nous devons faire des investissements obligatoirement. Mais si nous utilisons toutes nos ressources pour payer des salaires à nos agents de l’Etat, qu’est-ce que nous allons faire pour permettre au pays, de continuer à avancer. Ou est-ce que nous allons trouver des ressources pour construire des écoles, des infrastructures de santé, pour faire des investissements structurants, pour trouver réponses aux préoccupations de la plus grande majorité des populations du monde rural. C’est cet équilibre également qu’il faut rechercher. Et il faut qu’on évite de nous engager sur des voies qui pourraient conduire à une opposition entre les agents de l’Etat, les salariés qui sont des privilégiés au reste de la population. C’est cette dérive-là qu’il faut éviter. Donc il faut que chacun fasse preuve de tempérance, de modération, que chacun tienne compte et de ses intérêts naturellement, c’est normal, mais également ceux des autres. Et c’est comme ça que nous pourrons conforter notre vivre ensemble. Si nous devons nous développer avoir des avantages sur le dos des autres, les autres également à un moment ou à un autre, n’auront d’autres choix que de pousser de la voix.

Vos détracteurs affirment que le MPP manipule les commerçants…

Je pense que c’est manqué du respect à ces commerçants que de penser qu’ils n’ont pas la capacité de réfléchir par eux-mêmes et de se faire leur propre opinion sur des questions aussi donc controversée que celle du Fonds Commun. Au niveau du parti, nous n’avons aucun intérêt particulier à manipuler des citoyens contre d’autres citoyens. Nous devons plutôt, travailler à la cohésion sociale et au renforcement des liens sociaux de nos populations. Ceux qui disent ça le disent mais ils ne peuvent pas trouver le moindre indice de preuve montrant que derrière ces réactions se cachent le MPP.

Avez-vous espoir sur la conférence nationale de la rémunération des agents de l’Etat ?

Vous savez que la question du Fonds commun et celle de la rémunération, étaient pratiquement des questions tabous. On n’en parlait même pas alors que ce problème se pose depuis bien longtemps. Mais aucun pouvoir n’a eu le courage de poser la question. Le mérite n’est pas du gouvernement et du président du Faso (Roch Kaboré) en particulier puisque c’est lui qui a annoncé la mesure en début d’année, le mérite c’est d’avoir posé le problème. Je pense que ce qui est important c’est que les gens vont s’asseoir pour réfléchir sur le système de rémunération. L’objectif ce n’est pas de mettre fin au Fonds communs. L’objectif c’est de voir comment nous allons pouvoir nous organiser pour permettre à l’Etat d’assurer ses obligations vis-à-vis des agents tout en restant dans un système de soutenabilité et d’équité à l’intérieur de la Fonction publique et avec le reste de la population. Et vous allez voir qu’il y aura des propositions qui vont toucher beaucoup de domaines.

Les dernières sorties du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) drainent du monde, cela n’inquiète-il pas le MPP ?

Vous pensez que nous pouvons être apeurés. Je pense que c’est une bonne chose que le CDP revienne et c’est une bonne chose également que d’autres partis en dehors du MPP puissent disposer de surface politique importante sur l’échiquier national. J’ai toujours dit que dans tous les cas de figure, quoique nous fassions, même si nous le voulions, nous ne pouvons pas arriver à avoir avec nous un certain pourcentage du corps électoral. Dans ce que nous pouvons et souhaitons avoir, il y a nécessairement d’autres partis qui vont avoir aussi leur propre assise. Et en tant que parti au pouvoir, notre préoccupation ce n’est pas que de rester uniquement au pouvoir. Nous avons une obligation de travailler pour le renforcement de la démocratie. Nous sommes contents en tant que parti au pouvoir de la bonne santé de la démocratie du Burkina Faso. Cela doit au contraire nous stimuler pour qu’on continue à avoir la majorité des populations avec nous. Les gens comparent la mobilisation populaire de Eddie Komboïgo, autour de ses sorties sans se poser des questions sur les conditions dans lesquelles ces mobilisations sont faites. Nous savons comment ça se passe. Nous savons également que la mobilisation populaire lors d’un meeting n’est pas synonyme de mobilisation électorale.

Et du reste, comparaison pour comparaison, la dernière fois que le président était à Bobo-Dioulasso (deuxième ville du pays située à 356 KM à l’Ouest de Ouagadougou, NDLR), vous avez vous-même constaté la forte mobilisation des militants et des populations. A chaque fois que le président du Faso fait une sortie dans n’importe quelle partie du territoire national c’est pareil ? Et nous-mêmes nous avons fait des sorties dans les 45 provinces du pays et nous avons pu mesurer le degré d’adhésion des populations à notre parti et à l’action que nous menons pour le développement de ce pays-là. Donc cette question ne peut pas troubler notre sommeil. D’ailleurs nous savons que c’est pour des agendas internes que cela se fait. Vous savez que le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès, parti de l’ex-président Blaise Compaoré, NDLR) va tenir son congrès en début du mois de mai et je pense que le travail qui est fait est plus pour la préparation de cette rencontre que pour autre chose.

Qu’avez-vous à dire sur la suspension du Parti de l’Indépendance, du Travail et de la justice (PITJ) et de sanction contre Soumane Touré

Nous avons fortement déploré la déclaration de Soumane Touré parce que ces genres de déclaration porte un coup dur à la cohésion sociale et à notre vivre ensemble. Nous disons que nous sommes à une période de notre histoire où chaque citoyen doit contribuer à la préservation de la paix sociale plutôt que de travailler dans un sens opposé. Et aujourd’hui, s’attaquer frontalement à des institutions comme la chefferie traditionnelle qui a quoiqu’on dise, ses mérites et ses insuffisances, n’est pas une bonne chose. Ensuite dire que le pouvoir MPP a été imposé par une quelconque féodalité, c’est prendre les Burkinabè pour des gens qui ne réfléchissent pas. Ensuite appeler ouvertement des militaires à faire un coup d’Etat, je me demande vraiment dans quelle logique républicaine monsieur Soumane Touré s’inscrit. C’est un aîné avec qui j’aime discuter et que j’apprécie beaucoup, mais je trouve cette sortie vraiment regrettable.

Un commentaire sur le procès du putsch manqué de 2015 qui doit reprendre le 9 mai avec le jugement au fond du dossier ?

Nous n’avons pas pour habitude de faire des commentaires sur les affaires de justice. Nous pensons que ce qui se passe est conforme à la procédure judiciaire. Notre sentiment est qu’il y en a qui depuis le début de cette affaire, travaillent à échapper à la justice. Ils n’ont pas démordu et comme ils savent qu’ils ne pourront pas échapper à la justice, ils travaillent à retarder le dossier. Ou bien ils veulent trouver des éléments pour pouvoir critiquer la décision qui pourrait être rendue en décrédibilisant soit les juges ou la procédure. Mais je pense que toutes ces difficultés pourront être gérées dans le respect des règles de la République en matière de procédure judiciaire. Ce que nous souhaitons au niveau du parti, est que ce procès se tienne. Et nous souhaitons aussi que les verdicts qui vont être rendus soient aussi justes que possibles.

C’est un préalable qui est indispensable à la réconciliation de l’ensemble des Burkinabè parce que ça c’est un passif dans notre histoire et si nous ne le soldons pas, il pèsera comme un boulet à nos pieds qui nous empêchera d’avancer les uns vers les autres. Donc je pense que si on arrive à résoudre les questions liées à la justice de manière générale dont les infractions liées au coup d’Etat manqué, cela sera un plus pour le retour à la paix et à la cohésion sociale dans notre pays et ça nous place dans la bonne direction pour la réconciliation du pays.

Par Bernard BOUGOUM