Accueil A la une Le chef, ladji et le curé vous souhaitent «Bienvenue à Kikidéni»

Le chef, ladji et le curé vous souhaitent «Bienvenue à Kikidéni»

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Visuel du film Bienvenue à Kikidéni

La responsable de « Jovial’ Production », Aminata Glez/Diallo, plus connue sous le pseudonyme de « Kadi Jolie », réalisatrice de la série satirique burkinabè, «Bienvenue à Kikidéni», suite du triptyque lancé en 2005 dont «3 hommes, un village» et en 2009 «3 femmes, un village», assistée par ses dizaines de techniciens et comédiens, ont présenté, l’avant-première du film, aux cinéphiles, le vendredi 5 avril 2024, à Canal Olympia Idrissa Ouédraogo de Pissy, un quartier populaire dans l’Ouest de Ouagadougou. Selon Kadi Jolie, cette série, bien prisée par les téléspectateurs au niveau national comme à l’international, vise à sensibiliser sur les valeurs de la cohésion sociale, de l’unité et du vivre-ensemble.

Plusieurs dizaines d’invités, triés sur le volet par la maison de production cinématographique, « Jovial’ Production » de la réalisatrice burkinabè renommée, Aminata Glez/Diallo, appelée affectueusement « Kadi Jolie », ont pris d’assaut la salle de projection de Canal Olympia Idrissa Ouédraogo, pour suivre la présentation de l’avant-première de «Bienvenue à Kikidéni», une série qui vient compléter les deux séries précédentes que sont «3 hommes, un village» et «3 femmes, un village», réalisés respectivement en 2005 et 2009.

Une séquence du film Bienvenue à Kikidéni

Les temps forts de cette cérémonie ont été la diffusion du clip vidéo du générique du film, de la présentation du chef-d’œuvre, aux spectateurs du jour, du marketing qui lie Jovial Production à Canal+ dans une première partie, suivie d’une deuxième partie consacrée à la diffusion de deux épisodes de la série satirique.

Les gens se sont appropriés l’aventure kikidénoise

La réalisatrice de «Bienvenue à Kikidéni» a indiqué que depuis que l’annonce a été faite que la série allait être diffusée, ils ont été «agréablement surpris de voir que les gens se sont appropriés l’aventure kikidénoise», adressant ses vifs remerciements à tous ceux, techniciens, comédiens, partenaires, personnes anonymes, etc., qui ont œuvré à la réussite de l’oeuvre.

La réalisatrice de Bienvenue à Kikidéni, Kadi Jolie

«Bienvenue à Kikidéni pour faire court, est le troisième volet d’un triptyque qu’on a voulu depuis 2005 quand l’aventure a commencée. L’idée originale est partie de Boubacar Diallo qui se trouve être mon frère. Donc, on a fait « 3 hommes, un village » en 2005 et en 2009 on a fait « 3 femmes, un village » où, c’était les femmes qui ont pris la main dans le village. Et il y a treize ans qu’on n’avait pas tourné et Dieu a fait grâce, en 2023 on a pu remettre le couvert avec Bienvenue à Kikidéni».

D’où est venue l’idée de réaliser Bienvenue à Kikidéni?

Le film a été réalisé dans un village de Loumbila, une localité située à la sortie Nord de la capitale burkinabè. Le village se nomme «Wa’nvoussé» ou, en français, «vient te reposer». Kadi Jolie dit avoir, parmi plusieurs choix, opté finalement pour ce village parce qu’il y avait un baobab majestueux qui cadrait avec le décor environnemental qu’elle voulait.

Une vue du public à lancement de Bienvenue à Kikidéni

Le temps du tournage du film a duré près de trois mois et chaque jour, il y avait au moins 60 personnes sur le site aménagé par ses décorateurs, après que les villageois leur ont confié des sites pour cela. La thématique tourne essentiellement autour de la cohésion sociale, le bon vivre-ensemble, l’acceptation de l’autre, la tolérance entre les religions avec trois acteurs clés que sont Ladji, le chef et le Curé, des rôles joués respectivement par trois figures fortes du cinéma burkinabè et africain à savoir Rasmané Ouédraogo, Halidou Sawadogo et Ildevert Méda. Au total, c’est 21 épisodes de 26 minutes, plus un making-off.

« 250 millions, c’est beaucoup d’argent, mais ce n’est vraiment pas grande chose pour cette production »

Bienvenue à Kikidéni «nous a coûté autour de 250 millions francs CFA. 250 millions, c’est beaucoup d’argent, mais en même temps pour la qualité de cette production ce n’est vraiment pas grand chose. Ce qui fait qu’on est obligé de tout négocier», a révélé Kadi Jolie.

Des techniciens et comédiens ayant travaillé autour du projet, présentés au public

« Les promoteurs du projet, les techniciens et les comédiens, sont devenus une famille. J’ai vraiment la chance, car aussi bien les techniciens comme les comédiens, on a de très bons rapports. Ce qui fait que l’argent n’est pas mis en avant. Très peu d’entre eux ont lu leur contrat, pour ne pas dire négocié leur contrat. Ce sont des professionnels, ils savent qu’avec ce que j’ai, je ne peux pas faire ce que je veux, donc ils sont obligés de s’investir. C’est vraiment l’esprit de famille qui prévaut », a-t-elle relevé et salué.

La problématique des financements des films burkinabè et africain abordée sas faux-fuyant

L’imam de Kikidéni ou Ladji, rôle incarné par le doyen Rasmané Ouédraogo, a réagi sur le problème de financement qui devient de plus en plus problématique au Burkina et en Afrique, de façon générale.   « Les anciens guichets où on partait chercher l’argent pour financer nos films, c’est fini », a lancé l’enseignant de cinéma, un averti du domaine.

De la droite vers la gauche, Frédéric Kaboré, DG de l’ISIS et Ladji, Rasmané Ouédraogo

« L’Europe a fermé ses portes. Alors, il faut des intelligences à l’intérieur pour résoudre les problèmes. Il faut que désormais, on sache collaborer pour que chacun, à son niveau, apporte sa contribution. Il faut qu’on parte désormais avec des investissements locaux », a déclaré Ladji, appelé affectueusement aussi, Raso.

Une série qui regroupe les grandes figures du cinéma burkinabè…

La plupart des grosses têtes du cinéma burkinabè ont joué dans ce film. Pour la réalisatrice, elle a voulu passer le message d’union qui existe aussi au sein de leur milieu. Par cette idée et la collaboration des comédiens, elle a voulu également faire de leur camaraderie, car la plupart sont de la même génération et veulent ainsi aussi passer le flambeau aux plus jeunes que bon nombre d’entre eux encadrent dans plusieurs circonstances.

Kadi Jolie présentant le chef-d’œuvre aux journalistes et au public

Bienvenue à Kikidéni a été une école parfaite pour des apprenants…

Le directeur général de l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS), Frédéric Bangbi Kaboré, s’est réjoui que ce projet ait pu voir jour. « Pour former des jeunes, il faut des opportunités comme celle-là. C’est un meilleur plateau qui a regroupé la crème des acteurs de notre cinéma. L’expérience de Kikidéni a permis à nos étudiants de se frotter à ce milieu et d’acquérir un savoir et savoir-faire.

Le directeur général de Canal+ Burkina, Jacques Dioh, a affirmé que son entreprise est ravie d’avoir apporté sa contribution pour la bonne marche du film dont la projection des deux épisodes a émerveillé les cinéphiles. « Nous voulons être un soutien important de la culture dans tout le pays, surtout à la production audiovisuelle qui est l’essence même de notre existence. Ces deux épisodes, que j’ai découverts comme vous, ont été des moments de sensibilisation et de divertissement et les messages qui ont été passés seront bien reçus », a dit M. Dioh.

Le directeur général de Canal+ Burkina, Jacques Dioh

Canal+, coproducteur de Bienvenue à Kikidéni

Il faut noter que Canal+ et la RTB sont coproducteurs de cette série. Dans un contexte sous régional marqué par des attaques d’hommes armés, cette œuvre télévisuelle dresse un kaléidoscope des rapports humains, dans ces sociétés traditionnelles en pleine mutation. Elle entend contribuer au vivre ensemble, au respect de la personne humaine, quel que soit son genre, son identité ethnique ou sa sensibilité religieuse.

Des acteurs de renom que sont Issaka Sawadogo, Rasmané Ouédraogo, Halidou Sawadogo dit «Pagnangdé», Ildevert Méda, Aminata Diallo-Glez, Georgette Paré, Hippolyte Ouangrawa, Abdoulaye Komboudry, Serge Henri, Leïla Tall, Désiré Yaméogo, O’gust Koutou, Erick Nazaire Zongo et Taleb Kant, ont incarné des rôles de choix dans cette série.

La musique du film a été assurée par Amzy, Skeezy Senseï et Leonel Béré.

Par Bernard BOUGOUM