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Lutte contre le terrorisme: «Oui, le cinéaste peut y contribuer …» (Delphine Yerbanga)

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Delphine Yerbanga, réalisatrice du film "Sur les traces d'un migrant"

Depuis le 16 octobre 2021, la 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) bat son plein dans la capitale burkinabè. Cette année, ce sont 239 films qui ont été retenus sur 1 132 films pour la compétition. Parmi les œuvres sélectionnées, on note la présence de celle de la Burkinabè Delphine Yerbanga, réalisatrice à la Radiodiffusion-Télévision du Burkina (RTB). En compétition avec son long métrage documentaire «Sur les traces d’un migrant», nous l’avons rencontrée pour parler, entre autres, de son amour pour le cinéma, des stigmatisations que les femmes subissent dans le milieu, du monde cinématographique au Burkina Faso, de la contribution des cinéastes dans la lutte contre le terrorisme et de sa vision sur l’immigration.

Wakat Séra: A quand date votre amour avec le cinéma ?

Delphine Yerbanga: Mon amour du cinéma ne date pas d’aujourd’hui. C’est depuis tout enfant que j’ai aimé ce métier. J’ai milité dans un mouvement religieux dès l’enfance, qui est le mouvement des CV-AV (Cœurs Vaillants et Ames Vaillantes) à la paroisse Saint-Camille (Ouagadougou). Lors de nos activités culturelles dans ma CCB (Communauté chrétienne de base) à Dassasgho, on était amenés à mimer les paroles de Dieu et à faire de petites scènes de théâtre. Cela m’a amenée à souvent proposer la mise en scène de certains textes qu’on jouait sur place lors de nos soirées culturelles. Cela m’a donné l’envie de continuer à raconter ces belles histoires mais sous une autre forme, notamment le cinéma.

Je peux faire la fiction mais pour l’instant, je ne fais que le documentaire parce que je trouve que c’est le genre cinématographique, qui pour moi, touche, en tout cas, le mieux, la réalité de la vie quotidienne.

Aujourd’hui vous êtes dans le cinéma. Quel a été votre parcours ? Etes-vous passée par une école de formation ou avez-vous appris sur le tas ?

Je suis issue de deux écoles de formation. Il s’agit de l’IFTIC de Niamey, l’Institut de formation en science et technique de l’information et de la communication du Niger. J’ai fait mon master 1 en audiovisuel là-bas. Ensuite, je suis allée à l’université Gaston Berger du Sénégal pour le master 2. J’ai fait un Master 2 en réalisation documentaire de création. Après, j’ai été amenée à effectuer un stage en réalisation à la Fondation européenne des métiers de l’image et du son de Paris, la FEMIS.

Votre première œuvre date de quand et combien d’œuvres avez-vous à votre actif ?

Comme j’ai dit un peu haut, je viens de deux écoles, et de la FEMIS également, donc j’ai fait trois films d’école. Ce sont de courts métrages. En dehors de ça, j’ai fait des documentaires pour la télévision parce que je suis réalisatrice à la RTB. Actuellement je présente un long métrage documentaire au Fespaco qui est, je peux dire, ma première grande réalisation cinématographique.

Le milieu du cinéma n’est déjà pas facile pour les hommes, n’en parlons pas des femmes, comment vous vous débrouillez dans ce milieu ?

Oui, il faut avouer que ce n’est pas facile, en tout cas, en tant que femme d’être dans ce métier. Mais c’est comme j’ai dit, il faut aller au-delà des préjugés. Les gens pensent qu’il y a des métiers qui sont déjà définis pour la femme. Il faut aller au-delà. Il faut permettre à la femme de faire le métier qu’elle veut. Même si on pensait autrefois que le cinéma était réservé aux hommes, aujourd’hui, on se rend compte que quand on fait le tour des festivals, ce ne sont pas des hommes seulement qui raflent les prix. Il y a de grands prix qui sont remportés par des femmes. Et cela prouve qu’elles peuvent également exceller dans ce milieu. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de difficultés. Il y a des difficultés. Les femmes sont sujettes à des violences, souvent verbales et même physiques sur certains plateaux. On a déjà vu des cas.

Quels sont ces cas ? Pouvez-vous nous les partager ?

Non ! Je ne veux pas revenir sur ça. Au Burkina même on en a eu. Mais au-delà de ça, quand, à toi la femme, on te dit, parce que tu fais le cinéma, tu dois être une dévergondée, une femme aux mœurs un peu légère, je me dis que c’est parce que la personne n’a pas compris, en fait, pourquoi tu es dans ce métier. Une femme qui sait ce qu’elle veut, qui choisit de venir dans le cinéma, n’est pas venue pour faire plaisir à un homme. D’abord, c’est pour satisfaire sa passion, c’est pour se réaliser, c’est pour raconter des histoires. En gros, c’est pour travailler aussi dignement.

Quand tu es une femme, on pense qu’on peut t’exploiter parce que se disant que tu es un sexe faible. Comme tu es une femme, on peut te marcher dessus, on a vu ça aussi sur certains plateaux. Quand tu es réalisatrice et que tu es avec une équipe à 99% d’hommes, les gens pensent que tu n’as pas le droit de leur demander de faire quoi que ce soit parce que c’est toi la femme et que tu dois te soumettre. C’est ce qui est déplorable. C’est vraiment dommage. Mais quand on sait ce qu’on veut en tant que femme, je pense qu’il n’y a pas de souci. On persévère malgré ces violences qu’on reçoit souvent. Ce sont des flèches et on essaie de faire avec, car rien n’est facile dans ce monde.

Avez-vous déjà été victime de ces préjugés et violences dont vous faites cas ? Avez-vous déjà été en face d’une proposition indécente ?

(Rire) Non ! Je n’ai pas encore été en face d’une proposition indécente. On ne m’a pas encore aussi dit directement que je n’avais pas le droit de faire ceci ou cela. Mais je connais des gens qui ont été victimes de certaines violences dont je ne voudrais plus évoquer en fait.

Quelle lecture faites-vous du cinéma burkinabè en général ?

Le cinéma burkinabè, pour moi, je peux dire que ça vivote.

Comment ?

Oui, je m’explique. C’est vrai qu’il y a des films qui se font, mais ils ne sont pas souvent faits dans un cadre vraiment professionnel. Il y a des gens qui écrivent des scenarii en dix jours et qui tournent juste un mois après la naissance du projet. Il y a même des scenarii qu’on complète ou finalise pendant certains tournages.  Le deuxième mois, ils sont en train de monter. Et peut-être que le troisième mois, le film est en salle. Personne n’a lu leur scénario, ni vu le film avant que ça ne sorte en salle. Je trouve que le temps mis pour produire cette œuvre est peu et ne peut vraiment pas être un film extraordinaire. C’est ce qui fait que les sujets se répètent, les thématiques se répètent dans la plupart des films.

La lecture que je fais, c’est qu’il faut créer des cadres de développement de projets de films. Ouaga film Lab est déjà là pour ça. Il y a Africadoc et koudougou Doc également qui organisent des résidences d’écriture. Ce sont des cadres qui permettent, en fait, aux jeunes amateurs du cinéma de se perfectionner, d’apprendre d’abord à écrire, à aller de l’idée à la production d’une œuvre filmique. Mais quand on saute les étapes, ce n’est pas étonnant qu’on se retrouve avec des films qui ne rassemblent pas du monde ou des films qui ne sont pas de bonnes factures.

Alors pour vous, combien de temps doit-on prendre pour faire un film de belle facture ?

C’est le temps de l’écriture. Un film doit être bien écrit. On doit accorder ce temps de développement à un projet de film. Il ne faut pas aller très vite en besogne, il faut donner le temps qu’il faut. Les projets ne se ressemblent pas. Il y a des projets qui sont urgents. Par exemple, tu as un sujet un peu urgent que si tu ne le fais pas, quelque chose peut se passer et le film risque de prendre un coup ou le projet risque de mourir. A ce moment, il y a urgence à aller vite. Mais quand on a vraiment le temps, quand on sent qu’on a vraiment le temps, il faut bien le développer. Il y a des guichets de développement. Souvent on est pressé, on va vite au tournage alors qu’on pouvait demander des aides au développement auprès de certains guichets, pour le développer et ensuite passer à la production. Quand on va trop vite en besogne, on se retrouve souvent avec des œuvres dans des tiroirs qui ne sont vues nulle part, aucune chaine de télévision ne les achète. Ça, ça n’arrange pas, en tout cas pour moi, ni le réalisateur ni même le producteur.

Est-ce que le cinéma au Burkina nourrit son homme ? (La réponse dans la vidéo)

Cela prend le pas sur l’objectif de départ ?

Oui ! Cela fait que le cinéma est relayé au second rang alors qu’au départ, c’était leur passion. Ils voulaient vivre de ça. N’ayant pas la capacité de produire des œuvres chaque année, parce qu’il n’y a pas de guichets de financement pérenne au Burkina, il n’y a que le FDCT (Fonds de développement culturel et touristique), souvent le BBDA (Bureau burkinabè du droit d’auteur) qui accompagnent, ça fait que les gens sont souvent obligés de trouver un plan B. Un métier qui leur permet de vivre et, si entre temps, ils ont un financement, ils font un film. En ce moment, on ne peut pas dire qu’on vit réellement du cinéma.

Quels sont vos rapports avec les autres cinéastes ?

Je suis très jeune. Je viens d’arriver dans le métier mais je n’ai pas de problème avec les autres cinéastes. Que ce soit avec les ainés, je n’ai aucun souci. Je viens d’ailleurs de l’école de Guy Désiré Yaméogo. Il a été le premier à me former en écriture de scénario. Je dois dire également que je viens de la Fédération burkinabè de ciné-club. Quand je suis arrivée au campus à l’Université de Ouagadougou, j’ai intégré le ciné-club Sembène Ousmane du Fespaco où on a appris à critiquer les films, les apprécier et c’est Guy Désiré qui était notre formateur, notre mentor en écriture et en critique de films. Plus tard, j’ai travaillé avec Noraogo Sawadogo qui est un scénariste connu en tout cas de l’univers du cinéma burkinabè avec qui j’ai appris à écrire également des séries et tout, même si actuellement je suis dans le documentaire. Donc je n’ai aucun problème avec les ainés.

J’ai eu à participer à plusieurs formations organisées par notre papa Gaston Kaboré à l’Institut imagine. Plusieurs fois, j’ai participé à ses formations. Depuis la fin de ma formation à l’école, je participe à des formations avec lui, en réalisation comme en écriture de scénario. Donc, je suis en bonne relation avec les ainés.

J’ai également travaillé sur un projet avec Sekou Traoré qui a corrigé un de mes scenarii qui n’est pas encore produit.

Je continue d’apprendre avec eux parce qu’il faut compter aussi sur l’expérience des ainés, profiter de tout le monde pour approfondir mes connaissances.

Et avec les jeunes ?

(Rire) Avec les jeunes je n’ai aucun souci avec eux aussi. Je suis même dans l’Association des scénaristes du Burkina Faso (ASB) et dans l’association des producteurs. Je suis en parfaite harmonie avec mes collègues cinéastes.

Depuis le 16 octobre dernier, on est dans la ferveur du festival du cinéma, comment vivez-vous cette 27e édition du Fespaco ?

Aux précédentes autres éditions, je participais au Fespaco en tant que membre de commission. Depuis 2011, j’ai tout temps été membre de la commission espace junior du Fespaco où on organisait des projections avec les élèves et les étudiants. En 2019, j’étais la présidente de la commission espace junior.

Cette année est la première fois où je participe au Fespaco en tant que réalisatrice avec une œuvre en compétition. Cette fête, je la vis comme une réalisatrice comblée parce que c’est l’occasion pour moi de faire voir mon film, de montrer ce que j’ai produit comme œuvre et de voir comment il sera accueilli. Pour moi, cette édition du Fespaco est une école. Je vais voir comment mon film sera reçu. Et c’est ça qui est important en tant que réalisatrice. C’est la première fois. Il faut avouer que c’est la grande première africaine du film. Il n’a pas encore été montré quelque part, donc c’est le Fespaco qui a la primeur et ça, je l’ai tout le temps rêvé. J’ai toujours dit que mon film, quand il sortira, c’est d’abord au Fespaco que je vais le montrer parce que je viens du ciné-club Sembène Ousmane. Je suis fier aujourd’hui de montrer mon film pour la première fois en tout cas au Fespaco. Je suis contente que ça commence par le Fespaco.

Effectivement, vous êtes en compétition à cette édition avec votre long métrage documentaire « Les traces d’un migrant»…

Oui un long métrage documentaire en compétition section Burkina.

L’affiche du film « Sur les traces d’un migrant » de Delphine Yerbanga

Alors de quoi parle ce film ?

Ce film parle de l’immigration, et de ses conséquences. Les migrants sont des gens qui quittent leur pays d’origine pour aller à l’aventure et des proches se trouvent dans une situation de manque. On est souvent amené à se poser la question à savoir pourquoi ils sont partis ? S’ils reviennent, on trouve des réponses. Mais quand ils ne reviennent pas, on est perdu. On se demande est-ce parce que la patrie ne leur convenait pas ? Est-ce parce qu’ils n’avaient pas, au pays, ce qu’ils voulaient ? Et sur ces questions, pour moi, la réponse est oui. On ne part pas quand on a ce qu’on veut. Quand on peut se construire dans son pays, on ne le quitte pas. On y reste pour se faire, pour se construire. Mais quand il n’y a pas de mesures d’accompagnement, les jeunes sont amenés souvent à quitter le pays. C’est le cas de mon personnage qui est parti, mais qui malheureusement n’est plus revenu.

Dans le film, je questionne les conséquences de cette immigration dans la sous-région ouest africaine.

Où se trouve l’originalité de cette thématique ?

Il faut avouer qu’aujourd’hui, la question de l’immigration est vraiment d’actualité parce qu’il y a la Covid-19, les frontières sont fermées. Quand vous voyez l’axe du Niger, c’est par là que les gens passent pour aller en Europe, elles sont fermées pourquoi, parce que l’Europe ne voulant pas que les gens migrent vers l’occident a mis des barrières. Donc, les Africains sont souvent obligés de migrer de façon clandestine en prenant souvent des voies très dangereuses. Au Niger, il y a le désert et beaucoup de migrants y meurent.

Quand on prend l’autre axe, la mer, l’océan que des jeunes traversent parce que n’ayant plus d’espoir, ils préfèrent braver les dangers que de rester et subir la précarité dans laquelle ils sont dans leur pays.

La question de migration nous pose des questions politiques. Qu’est-ce que l’autorité africaine fait pour retenir ces jeunes ? Tant qu’on ne va pas trouver des mesures d’accompagnement, les jeunes en chômage continueront de fuir le continent africain. Alors que quand on regarde le monde aujourd’hui, c’est en Afrique qu’on a un nombre élevé de jeunes. Ailleurs, la population est vieillissante et ils ont besoin de nous. Et si nous ne trouvons pas les voies et moyens pour contenir cette population jeune, elle va toujours aller ailleurs.

Oui on voit que l’immigration a beaucoup de conséquences. Qu’est-ce qu’il faut changer dans la politique africaine pour éviter que des jeunes aillent se noyer dans la mer ou mourir dans le désert ?

Il faut que l’Afrique essaie de repenser sa politique d’insertion professionnelle des jeunes. Tant qu’on ne va pas réfléchir sur la question, tant qu’on ne va pas voir comment occuper ces jeunes, ils vont continuer à quitter le continent africain.

On peut très bien faire des études en Afrique et avoir un Master mais si après on n’a pas d’emploi, on fait comment ? On dira qu’il faut entreprendre mais on entreprend avec quoi ? Il faut un minimum pour pouvoir entreprendre. Si tu n’as pas ce fonds de base, tu fais quoi ? Donc les jeunes sont souvent obligés de migrer, aller ailleurs même si ce n’est pas pour aller en Europe, ils partent dans d’autres pays où ça semble aller. Il faut repenser les politiques africaines et pour moi, on peut revoir carrément la formation académique parce que ce qui est proposé actuellement est généraliste et ne permet pas de faire un métier à la fin. Tu finis ta Maitrise et tu ne sais même pas faire quelque chose. Tu es obligé de repartir dans une école de formation professionnelle pour apprendre à faire un métier. Même quand on te recrute à travers le concours direct, on te remet encore à l’école pour au moins deux ans pour apprendre à faire quelque chose.

Il faut donc repenser le système éducatif pour permettre aux jeunes, au sortir de l’école, de pouvoir faire quelque chose. Si on veut former des maçons, il faut que dès la classe de 6e, on sache que c’est un maçon qu’on va former.

Combien de temps avez-vous pris pour tourner votre film ?

J’ai mis huit ans pour faire mon film. Le film, il est né en 2012 quand j’étais au Sénégal pour mes études de cinéma et il a été tourné en 2020. Je pouvais le faire bien avant, mais c’est par manque de moyens financiers. C’est un sujet qui demandait beaucoup d’argent parce qu’il fallait tourner entre le Burkina, le Sénégal et la Guinée Bissau. On ne peut pas se lever les bras ballants, juste le cadreur et une caméra pour aller en aventure parce qu’on veut faire un tel sujet. Il a fallu que j’aie un minimum pour faire le tournage et la production de ce film. Je remercie Génération Africa qui est une plateforme sud-africaine qui a conçu un projet de film collectif avec des jeunes réalisateurs africains. Cela a permis de produire une trentaine d’œuvres et mon film fait partie de cette collection Génération Africa. Le film est financé par Step et Deutsche Welle en Afrique du Sud. On a reçu aussi d’autres fonds. Il y a Jeune création francophone, l’OIF pour l’aide à l’écriture. On a eu également le fond spécial Covid 19 du gouvernement burkinabè et le Centre cinématographique marocain.

Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées au cours du tournage ?

Lors du tournage, je n’ai pas eu beaucoup de difficultés. Dès qu’on a eu l’argent tout est allé comme sur des roulettes. On avait déjà le scénario qui était prêt. Les personnages étaient informés. Donc on n’a pas eu assez de difficultés. Non ! (rire)

Combien vous a coûté ce film ?

(Rire) Je ne connais pas le budget en fait, parce que je ne suis pas la productrice. J’ai une productrice qui est Mamounata Nikiéma de Pilimpikou Production. A la naissance du projet, c’est avec elle que je travaillais et ensuite Step est arrivé avec Génération Africa. C’est elle qui peut parler du budget. Je ne me suis pas intéressée à ça.

En plus de la migration, il y a le terrorisme qui fait des victimes et des déplacés auxquels font face le Burkina Faso et des pays de la sous-région. Selon vous, qu’est-ce que les cinéastes, surtout vous jeunes pouvez apporter comme contribution dans la lutte contre les attaques armées ? (La réponse dans la vidéo qui suit)

Oui, le cinéaste peut y contribuer. Il peut le faire, mais il lui faut un accompagnement. Le réalisateur peut avoir la volonté mais s’il n’a pas d’accompagnement financier, il ne peut le faire. Comme on a la télévision nationale, on a les autres chaines nationales qui émettent sur le plan national, grâce à notre TNT, je me dis qu’il faut maximiser dans la production des œuvres éducatives. C’est ce qu’il faut faire.

Pour vous, la réussite de cette lutte passe alors par l’éducation et la sensibilisation ?

Oui ! En tant que cinéaste, c’est ce que je pense. Les militaires ont aussi leur stratégie. Nous, on passe par la communication avec les œuvres filmiques pour convaincre.

En regardant le Fespaco, en tant que réalisatrice, qu’aimeriez-vous que l’on change dans son format actuel?

Cette année comme on n’a pas encore vécu tout le festival, on ne sait pas comment ça sera jusqu’à la fin. Mais je trouve que ça a bien démarré. On a eu un beau spectacle d’ouverture. Les éditions passées, je les ai vécues mais pas en tant que réalisatrice. J’étais dans l’organisation. Je ne peux pas critiquer. J’étais en plein dedans. Il faut être hors pour voir les failles et les critiquer. Ce que nous vivons cette année, ça a bien commencé et j’espère que ça se terminera bien.

Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit du ministère en charge de la Culture pour le rayonnement du cinéma burkinabè ?

Mon souhait est que le ministère en charge de la Culture donne les moyens qu’il faut à la direction générale du Cinéma, parce que pour moi, une direction générale doit être capable de produire. Elle doit avoir un fonds autonome pour le cinéma. Tant qu’on n’aura pas un fonds pérenne, on continuera de vivoter. Je l’ai dit, notre cinéma vivote actuellement par manque d’accompagnement financier.

Par Daouda ZONGO