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Mali: qui donc a fait le coup de Tombouctou?

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La Minusma prise de nouveau pour cible (DR)

Qui a fait le coup du samedi dernier à Tombouctou? L’énigme reste entière pour l’instant, face au mutisme des assaillants. Pourtant, ils sont d’habitude si prompts à revendiquer leur forfait dans cette zone sahélienne où les terroristes et bandits de tout acabit dictent leur loi, à une population pratiquement abandonnée à son triste sort. Une double attaque inédite. C’est le show offert par les terroristes ce samedi 14 avril aux soldats de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et de la Force Barkhane. Dans un modus operandi jusque-là jamais expérimenté par eux, les assaillants ont mené  leur raid sanglant sous de camouflages des attributs des Casques bleus et de l’Armée malienne. La lourdeur de l’artillerie qu’ils ont utilisée tout comme la méthode n’ont d’ailleurs pas manqué de jouer sur la riposte des éléments de la Minusma et de la Force Barkhane qui ont mis près de cinq heures pour venir à bout des assaillants visiblement bien formés. Un mort, un Casque bleu burkinabè et plusieurs militaires, dont sept français, blessés. Quinze individus qui ont animé le show macabre de ce samedi à Tombouctou ont été tués, communique l’état-major français. C’est la comptabilité qui sanctionne cette double attaque qui a visé l’Onu et la France. Certes, ce bilan n’est pas plus lourd que certaines attaques de terroristes qui ont fait parfois dans la trentaine de morts du coup. Mais la situation n’en n’ai pas moins inquiétante.

L’audace, pour ne pas dire l’outrecuidance dont les terroristes font de plus en plus preuve, renforce la conviction que la guerre est loin d’être gagnée contre ces forces obscurantistes, qui se régénèrent aussitôt détruites. Si les armées nationales et les forces extérieures dont onusiennes qui leur viennent en renfort sont régulièrement prises pour cibles, il est fort à parier que les populations civiles sombreront dans le désarroi total, elles qui ne bénéficieraient plus d’aucune protection de taille. Or, la puissance de feu de l’hydre, dont les tentacules repoussent immédiatement après avoir été coupée, refuse de mourir, mais semble s’amuser à ébranler, si l’on en croit  les attaques qui se multiplient contre ses militaires et intérêts, un pays comme la France. En témoigne la récente attaque du 2 mai dernier contre sa représentation diplomatique au Burkina Faso. S’il faut sortir des sillons des détracteurs de la France qui dissertent, à tort ou à raison, sur la complaisance, certains parlent même de complicité, avec les djihadistes, il faut également reconnaître que ce pays dispose en principe des hommes et de la logistique nécessaires en matière de renseignement pour savoir où dénicher et punir comme cela se doit, les semeurs de la mort à tout vent.

Quelle sera l’ampleur de la prochaine attaque, car il est certain que ses individus sans foi ni loi n’arrêteront pas de sitôt leur campagne macabre? Faut-il continuer à les laisser agir presque en toute impunité et réagir avec quelques opérations qui ne convainquent plus de leur efficacité à lutter efficacement contre les terroristes qui visiblement ont installé leurs pénates dans le Sahel africain pour de bon? Dans ces circonstances, la fameuse force du G5 Sahel et ses 5000 fantassins a-t-elle une quelconque chance de réussite là où des Etats et l’Onu, dotés de moyens plus affinés en renseignement font du surplace, s’ils ne s’enlisent pas? Dans la même logique, il ne serait pas fortuit de se poser des questions, sans aucune arrière-pensée, sur les conséquences des dernières frappes contre la Syrie, de la coalition Etats-unis-France-Grande Bretagne. Car le monde sans être dans le chaos que présagent les plus pessimistes, n’en n’est pas moins désarticulé sur bien des plans, ouvrant du coup la voie à bien des dérives. Surtout quand le droit international n’est pas respecté dans toute sa rigueur. Sans oublier que des frappes antérieures contre l’Irak et la Libye, par exemple, ont été effectuées sur un tissu de mensonges.

Par Wakat Séra