Accueil A la une Mort de 12 civils au Burkina: que s’est-il passé?

Mort de 12 civils au Burkina: que s’est-il passé?

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(Ph. d'archives )

A travers cette déclaration, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) donne sa version de la mort des personnes suspectées d’être des terroristes qui sont mortes dans une cellule à Fada N’Gourma et demande d’une commission d’enquête spéciale sur l’affaire.

C’est avec beaucoup de tristesse mais aussi une grande indignation que le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a appris la mort de 12 civils dans des conditions plus que troubles.

Selon le procureur du Faso près le Tribunal de Grande instance de Fada, Kadeba Judicaël, ces victimes feraient partie de 25 personnes interpellées dans la nuit du 11 au 12 mai 2020 à Tanwalbougou car «suspectées de faits de terrorisme» et elles auraient «trouvé la mort au cours de la même nuit dans les cellules où elles étaient détenues».  Son communiqué ne déclare pas que les victimes étaient des terroristes confirmés.

Ces allégations des autorités burkinabè ne correspondent en rien à plusieurs témoignages recueillis et recoupés par le CSIC et partenaires. Selon des sources concordantes, c’est dans la journée du lundi 11 mai qu’une quarantaine de personnes, dont certaines étaient tranquillement à l’intérieur de la mosquée du marché de Pentchangou (5 km de Tanwalbougou) pour la prière de 14 heures, ont été arrêtées par la gendarmerie de Tanwalbougou. Toujours selon ces mêmes sources, la plupart de ces civils auraient été torturés et exécutés le même jour, sans enquête préalable et sans autre forme de procès.

Les autorités administratives et judiciaires ayant été alertées par des proches des personnes interpellées, la gendarmerie a convoyé 12 corps dans un état très dégradé, saignants et emballés dans des sachets plastiques, pour les déposer à la morgue du Centre hospitalier régional de Fada N’gourma dans la matinée du mercredi 13 mai 2020. Puis, ce 13 mai dans l’après-midi, ces victimes ont été enterrées dans une fosse commune pour les 11 et une seconde tombe pour le dernier. Quelle horreur! Beaucoup soutiennent que ce genre d’exécutions extrajudiciaires qui impliquent la Gendarmerie de Tawalbougou ne serait pas un cas isolé et que d’habitude elle abandonne les corps dans la nature. Est-ce que ces corps étaient aussi abandonnés dans la nature, avant d’être récupérés par les gendarmes pour les convoyer illico presto et ce bien que déjà dégradés, à la morgue de  l’hôpital de Fada? Est-ce que tout cela n’est-il pas dû à la pression exigeante des parents des victimes sur les autorités, réclamant les corps de leurs frères?

Pourquoi aucune autopsie n’a été pratiquée comme le demandaient pourtant des parents? Pourquoi les corps étaient-ils emballés dans des sachets plastiques? Pourquoi ces «linceuls» étaient-ils si imbibés de sang comme le montrent les images qui circulent? Pourquoi les corps étaient difficilement reconnaissables?  Comment chaque victime aurait eu une balle dans la tête si c’était une mort par suffocation comme on tente de le faire croire à l’opinion? Comment des corps peuvent-ils être autant dégradés avant d’arriver au CHR qui est situé seulement à une cinquantaine de kilomètres de la gendarmerie de Tanwalboulgou?

Autant de questions dont les réponses sont déjà évidentes. Sous le couvert de lutte antiterroriste, la gendarmerie de Tanwalboulgou se serait livrée à des exécutions sommaires et extra-judiciaires. Celles-ci viennent s’ajouter à la longue liste des horreurs déjà vécues quotidiennement par la communauté peule, sans même évoquer les massacres de Yirgou, de Barga, de Kain et de Banh.

Par ailleurs le CISC reste extrêmement préoccupé par le sort des autres personnes interpellées le 11 mai 2020 et dont les familles restent sans nouvelles depuis.

Le procureur de Fada N’Gourma a annoncé dans un communiqué qu’une enquête a été ouverte et que celle-ci a été confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Fada. Comment les gendarmes peuvent-ils enquêter sur une affaire dans laquelle ils sont directement impliqués?

Le CISC recommande une commission d’enquête spéciale pour une meilleure recherche de la vérité.

Le CISC alerte les pays alliés et amis du Burkina Faso et demande à toutes les chancelleries présentes à Ouagadougou de faire pression sur les autorités burkinabè et notamment le ministre de la Défense, Cherif SY, en charge de l’armée et de la gendarmerie, pour que cessent ici et maintenant tous les crimes contre l’humanité commis sur la communauté peule de ce pays.

Le CISC demande à ce que les pays alliés du Burkina dénoncent ces crimes contre l’humanité et que la justice internationale soit saisie.

Le Bureau Exécutif