Accueil A la une Niger: et si on libérait enfin le peuple?

Niger: et si on libérait enfin le peuple?

0
Le président nigérien, Mohamed Bazoum

Plus de 15 jours après le putsch militaire perpétré par sa garde contre sa personne, le président Mohamed Bazoum refuse de signer tout document qui consacrerait sa démission. Pour lui, c’est le moyen de ne pas encourager les prises du pouvoir par la force au lieu d’emprunter la voie constitutionnelle, celle des urnes. Sauf que le président nigérien, démocratiquement élu, paie le prix fort de sa témérité: privation de liberté pour lui et sa famille, coupure d’électricité au palais présidentiel, etc. Autant de coups relevés par le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya-pouvoir) qui sont portés au chef de l’Etat. Pendant ce temps pleuvent les condamnations de principe et les appels à libérer le prisonnier Bazoum et à le réinstaller dans ses fonctions de président de la république.

Pour l’instant, la communauté internationale aboie et la caravane de la junte militaire, qui a annoncé avoir pris le pouvoir à Niamey, passe. Mais, visiblement, ce n’est pas que Mohamed Bazoum qui souffre de ce coup d’Etat. Les populations nigériennes et même celles des pays qui appliquent les sanctions drastiques prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) contre les putschistes, ressentent durement les effets de ces mesures qui rendent le quotidien intenable tant à Niamey qu’ailleurs.

Cependant, chaque camp, raidissant sa posture, la situation ne fait qu’empirer avec des décisions diversement appréciées, applaudies par les uns et rejetées par les autres. Même les initiatives privilégiant les négociations entre les acteurs de la crise, d’où qu’elles viennent, rencontrent un mur aussi haut qu’imperméable. Toute chose qui fait craindre une rupture de dialogue, et l’instauration d’une méfiance permanente, sur fond de menace inutile et improductive de la part de la CEDEAO qui perd de plus en plus en crédibilité, et de propagande et de populisme à outrance orchestrée par des putschistes obnubilés par le pouvoir.

Il est temps que le seul et unique enjeu qui vaille soit l’intérêt du Niger qui semblait avoir emprunté la voie si heureuse, mais parsemée de tant d’embûches, de la stabilité socio-politique. Les plus longues guerres finissant presque toujours autour d’une petite table, pourquoi ne pas rassembler toutes les mises sur la case dialogue, pendant qu’il est encore temps? En attendant, ce sont des vies, et elles sont nombreuses, qui sont en danger, notamment celles de populations à qui ne seront réservées que la misère, alors que sous peu, autour d’un ou de plusieurs médiateurs, les putschistes et le pouvoir qu’ils ont annoncé avoir tombé, se retrouveront dans les salons feutrés de la présidence ou d’autres endroits paradisiaques. Pour discuter!

Le temps perdu ne se rattrape jamais! Ainsi parlent les sages! Donc plus tard sera trop tard pour le Niger dont les prouesses économiques et diplomatiques avaient, pourtant, commencé à faire des envieux. Du reste, ceci pourrait bien expliquer cela?

En attendant, il faut libérer le peuple nigérien qui n’aspire qu’à vivre en toute quiétude, débarrassé des desseins personnels de ceux qui se présentent comme ses sauveurs ou défenseurs!

Par Wakat Séra