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Niger: la fille de Bazoum appelle au secours!*

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Zazia Bazoum, fille du président nigérien Mohamed Bazoum

Après sa publication chez nos confrères de The Guardian, Zazia Bazoum Mohamed, fait cette sortie médiatique dans Le Figaro. Une lettre ouverte poignante que la fille de Mohamed Bazoum, le président nigérien démocratiquement élu, adresse à la communauté internationale pour demander la libération de son père et de sa famille, détenus par des putschistes, depuis le 26 juillet. Zazia Bazoum demande également le «rétablissement de l’ordre constitutionnel» dans son pays le Niger

«Mon père, le président de la République du Niger Mohamed Bazoum, démocratiquement élu il y a deux ans, victime d’une haute trahison, est retenu en otage, séquestré, avec ma mère Khadija Bazoum et mon petit-frère Salem Bazoum, depuis le 26 juillet 2023.

Je remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont réagi à mon premier cri du cœur, publié dans le quotidien britannique The Guardian, pour dénoncer les conditions de leur détention. Grâce à elles, le médecin de la famille est autorisé à leur rendre visite occasionnellement et à leur fournir quelques vivres. Le compteur de l’électricité est, en revanche, toujours délibérément éteint. Je précise qu’ils sont enfermés dans une résidence en béton où les températures peuvent dépasser 40 degrés: ils sont assez souvent privés d’eau pour se laver ou se rafraîchir.

Ils sont détenus de manière arbitraire comme des grands criminels avec une horde de militaires les entourant et des mitrailleuses braquées en leur direction. Quel est leur tort pour mériter un tel sort?

Notre famille est connue pour sa simplicité et sa bienveillance. Mon père ne cessait de nous rappeler que nous avons un devoir envers le peuple nigérien et que, jamais, il ne trahira sa confiance puisqu’il en a fait le serment le jour de son investiture à la magistrature suprême. Mes parents nous ont toujours encouragés à avoir une vie discrète et humble. Ils m’ont encouragée à me déplacer à Niamey sans chauffeur ni garde. En effet, je circule seule, librement, et j’ai toujours été accueillie avec beaucoup de bienveillance par la population nigérienne.

Notre famille n’a jamais été menacée; d’ailleurs, un opposant disait récemment sur une radio internationale que mon père pourrait circuler librement partout au Niger, aucun mal ne lui serait fait; bien au contraire, la population le saluera toujours avec bienveillance.

Alors, pourquoi ces preneurs d’otages traitent-ils ma famille ainsi? Mon frère de 22 ans ne fait pas de politique et se préparait à aller en vacances au village avec ses cousins, pour profiter de l’insouciance qu’offre le désert du Sahara. Aujourd’hui, il se retrouve à se demander s’il sortira vivant de cette situation… Ma mère, cette femme si courageuse, a toujours été le premier soutien de mon père. Elle a décidé d’accompagner le programme du gouvernement, à travers sa fondation Noor, pour aider mon père dans le développement du Niger. Elle a accompli en deux ans, au profit du peuple nigérien, des projets qu’aucune autre Fondation de première dame au Niger n’avait réalisés.

Et mon père? Il fut démocratiquement élu, il est le choix du peuple. En deux ans, il a su marquer les esprits positivement, autant sur le plan national qu’international. Il a fait de la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance son principal combat. Il a d’ailleurs eu le courage de faire mettre en prison plus de quarante hauts cadres de l’État. Aujourd’hui, pris en otage avec sa famille, il ne démissionne pas car il tient aux valeurs démocratiques et a toujours combattu les régimes militaires. Il se bat et se sacrifie pour l’avenir de notre cher pays, le Niger, pour le Sahel et pour toute l’Afrique de l’Ouest.

Il aurait pu abandonner, épargner cette souffrance à notre famille et trouver un poste important à l’international, mais il a décidé de se battre pour la sauvegarde de la démocratie au Niger. Je suis fière de sa bravoure, sa lutte est noble! Je tiens à souligner que toutes les raisons avancées par les preneurs d’otages pour justifier leur acte ne tiennent pas. Le Niger était en train de connaître une croissance économique exceptionnelle. Un taux de croissance à deux chiffres était prévu à partir de l’année prochaine. La pauvreté a baissé de 55% à 43%. Des résultats positifs ont aussi été obtenus sur le plan sécuritaire; d’ailleurs, une vidéo montrant un des preneurs d’otage félicitant la politique sécuritaire de mon père circule sur la toile.

Toutes les attaques terroristes dénoncées par les preneurs d’otage ont eu lieu avant que mon père ne soit président et, mieux, tous les preneurs d’otages et leurs complices faisaient déjà partie du système qu’ils dénoncent. Ils sont en effet à leurs postes depuis 12 ans. Les arguments avancés sont totalement fallacieux. Depuis qu’ils ont pris en otage mon pays, nous assistons avec impuissance et tristesse à une hausse inquiétante d’attaques terroristes: plus de sept attaques en trois semaines avec de nombreux morts. La sécurité de la population n’est plus assurée sur l’ensemble du territoire.

Cette injustice contre ma famille et contre le Niger me pousse à me demander s’il n’y a pas un lien avec le fait que le Niger devait devenir dans trois mois un pays exportateur de pétrole… Les preneurs d’otages et leurs complices savent que personne ne profitera de façon personnelle de la manne pétrolière tant que mon père sera président. Il veillera toujours à ce que cette richesse bénéficie au peuple nigérien et non à une élite qui se croit supérieure aux Nigériens.

Au nom de ma famille, je remercie toute la communauté internationale pour le soutien apporté à mon père. Elle connaît bien sa politique de gouvernance. Elle sait qu’il est le meilleur choix pour l’avenir du Niger et du Sahel. Les preneurs d’otages sont déjà en contact avec Wagner au Mali. Nous ne voulons pas connaître le même sort que les pays voisins qui ont fait ce choix funeste. Pour l’avenir du Niger, pour empêcher le chaos qui s’installe déjà, il faut obtenir la libération de ma famille détenue dans des conditions inhumaines et dégradantes, le retour à un État de droit, le rétablissement de l’ordre constitutionnel, le retour de mon père Mohamed Bazoum en tant que président de la République, conformément au mandat qui lui a été confié par des élections libres et démocratiques.»

Zazia Bazoum Mohamed

Source: Le Figaro

*Le titre est de la Rédaction