Accueil Politique Nomination du nouveau Premier ministre: L’opposition politique burkinabè « prend acte »

Nomination du nouveau Premier ministre: L’opposition politique burkinabè « prend acte »

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Mamadou Dicko, président de la NAFA(à gauche) et Aristide Ouédraogo, président du FPR (à droite)

L’opposition politique burkinabè a animé sa première conférence de presse hebdomadaire de l’année 2019, ce lundi 22 janvier 2019, à Ouagadougou, pour se prononcer sur la situation nationale, cinq jours après la démission de Paul Kaba Thiéba et son gouvernement. La trentaine de partis regroupés au sein du Chef de file l’opposition politique (CFOP), Zéphirin Diabré, a dit « prendre acte » de la nomination de Christophe Joseph Marie Dabiré, en remplacement de M. Thiéba.

Pour cette première conférence de l’opposition en ce début de nouvel an, les journalistes ont été entretenus par le président de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), Pr Hama Mamoudou Dicko et le président du Front patriotique pour le renouveau (FPR), Dr Aristide Ouédraogo. La nomination d’un nouveau chef d’état-major général des armées, l’aggravation de la carte sécuritaire dans le pays, les tueries à Yirgou, la défiance de l’autorité de l’Etat caractérisée par des affrontements entre populations force de l’Ordre et la fermeture de près de 1 000 écoles, sont les sujets qui ont fait l’objet d’échanges entre les hommes et femmes de média et l’opposition.

« L’opposition politique prend acte de cette nomination, qui relève des prérogatives constitutionnelles du président du Faso (Roch Kaboré) », a déclaré M. Ouédraogo qui a ajouté que l’opposition « n’a pas de jugement à porter sur la personne de M. Dabiré ». Le représentant de l’opposition, « remarque cependant que le pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui passe son temps à vilipender l’ancien régime, est aujourd’hui obligé d’aller chercher son Premier ministre parmi les cadres éminents de cet ancien régime », a-t-il poursuivi.

« Jusqu’à preuve du contraire, Joseph Dabiré n’avait jamais démissionné du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-majorité). Il était (même) membre du bureau politique (du CDP) et un vieil ami à Blaise Compaoré (ex-chef de l’Etat) », a enchaîné Mamoudou Dicko qui se dit « soucieux car on ne fait pas du vieux avec du neuf ».

Des attaques armées répétitives, des fermetures forcées liées à cette situation et de la remise en cause de l’autorité de l’Etat qui est « fortement » ébranlé, l’opposition estime que la solution à la « situation de chaos que vit actuellement notre pays ne peut pas se résumer en un simple changement de Premier ministre ou de gouvernement ».

Le Burkina Faso est « au bord de l’abîme du fait de l’incapacité notoire du chef de l’Etat actuel monsieur Roch Marc Christian Kaboré, à le gérer », s’est alarmé Aristide Ouédraogo, martelant que « trois ans à la tête de notre pays, le président Roch Kaboré a amplement fait la preuve qu’il n’a aucune vision pour l’avenir du Burkina et qu’il n’est pas à la hauteur des défis que le Burkina Faso doit relever ».

Se prononçant sur la nomination du nouveau Chef d’état-major général des armées (CEMGA), en la personne du général de brigade, Moïse Miningou, l’opposition dit également « prendre acte » de cette décision et attend le nouveau patron du commandement de l’Armée sur la base des résultats dans « la lutte contre le terrorisme » avant de le « juger ».

Sur les drames de Yirgou qui ont fait 49 morts selon le gouvernement, et 70 morts selon le bilan du Collectif (CISC) qui défend les victimes, et les attaques armées de Gasselki qui ont fait 12 morts, les opposants exigent « lumière et justice ».

Quant aux manifestations à Nafona et Orodara dans l’Ouest du pays qui ont entraîiné la mort de deux policiers et de cinq civils, l’opposition estime que ces deux actualités « sont la triste manifestation du malaise social qui secoue notre pays. L’incivisme a atteint un sommet jamais égalé, nourri par l’impunité généralisé, le mauvais exemple de l’élite dirigeante, et dirigeante, et la faiblesse de l’Etat », renchéri le regroupement.

Par Bernard BOUGOUM