Accueil A la une Nouveau gouvernement ivoirien: on prend presque les mêmes et on continue

Nouveau gouvernement ivoirien: on prend presque les mêmes et on continue

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Patrick Achi, le nouveau PM ivoirien

37 ministres et quatre secrétaires d’Etat. Ainsi se présente le nouveau gouvernement de la Côte d’Ivoire, le premier du non moins nouveau Premier ministre Patrick Achi. Quelque 13 nouveaux entrants, un petit jeu de chaises musicales. Et le tour est joué! Tant pis pour ceux qui attendaient un grand chamboulement. De même, ceux qui espéraient une entrée nassive de militants de l’opposition devront prendre leur mal en patience, car, comme le dit si bien le dicton, «on ne change pas une équipe qui gagne». Et pour l’heure, cette équipe, face à une opposition bien affaiblie par l’exil forcé ou l’embastillement de nombre de ses cadres, est bien celle qui accompagne Alassane Dramane Ouattara dans tous ses combats. Même sur le front du troisième mandat anticonstitutionnel, de ADO, ces hommes et femmes ont mouillé le maillot pour fait passer la pilule amère.

S’il faut, une fois de plus déplorer ce gouvernement pléthorique, comme savent si bien en fabriquer les dirigeants sous les tropiques, du fait des postes de récompense politique, il faut également faire le constat que le grand sachem ivoirien, en matière de respect du genre, a encore quelques efforts à faire. Sur la trentaine de ministres, seulement 8 seront appelées «Mme, le/la, Ministre». Sans exiger, une parité systématique de mode, le constat est tout de même ostensible que les maroquins ministériels, tout comme d’autres postes importants de décision, sont encore loin de tomber dans l’escarcelle de l’autre moitié du ciel. En attendant le grand saut, elles doivent encore ronger leur frein, celles qui sont «les premières à se lever et les dernières à se coucher».

Bémol pour les féministes purs et durs, l’ancienne cheffe du département de l’Education nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Kandia Kamissoko Camara, est désormais «missi dominici», un nom pourtant défini comme masculin pluriel, du président ivoirien. Mieux, elle entre dans le cercle très restreint des ministres d’Etat. Ce n’est pas rien pour celle que certains avaient annoncée au perchoir et qui remplace le ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la diaspora, Aly Coulibaly, l’un des fidèles compagnons de Alassane Ouattara. Le journaliste et diplomate, ancien ambassadeur de la Côte d’Ivoire à Paris, savait, sans doute, qu’il effectuait sa dernière mission comme patron de la diplomatie ivoirienne, le 2 avril dernier, à Niamey au Niger, où il a représenté ADO, à l’investiture du nouveau président du Niger, Mohamed Bazoum.

Parmi les nouveaux, figure un pas si nouveau que cela, ayant toujours été dans le saint des saints. Téné Birahima Ouattara, surnommé «photocopie», compte tenu de la forte ressemblance physique avec son frère ainé de président, est, en effet, loin d’être un «bleu» dans le job. Après avoir été ministre chargé des affaires présidentielles, il vient d’être confirmé au poste hautement stratégique de ministre de la Défense, où il assurait l’intérim de Feu Hamed Bakayoko. En tout cas, «Photocopie», dont ceux qui ont l’humour facile affirment qu’il se rapproche, de plus en plus, de l’original, ne bénéficiera d’aucun état de grâce. La Côte d’Ivoire est comme devenue une cible pour les terroristes, après la fusillade meurtrière de Grand Bassam en 2016 et les attaques d’hommes armés contre Kafolo, deux fois, soit juin 2020 et mars 2021, et Kolobougou, assauts attribués aux terroristes et qui ont, une fois de plus, endeuillé les Forces armées nationales. Cadeau empoisonné pour «photocopie»? En attendant la réponse à cette question, l’homme dont on dit qu’il détenait la réalité du renseignement en Côte d’Ivoire, doit vite se mettre en position de tir, car en plus de veiller sur le pouvoir de son grand-frère, il porte la défense du territoire sur ses larges épaules, au propre comme au figuré.

Par Wakat Séra