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ONEA: les clients se cherchent!

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Quand il faut veiller devant un robinet muet pour attendre l'eau (Ph. d'illustration)

12 585 votants. 26% de «oui», donc satisfaits, contre l’effroyable taux de 74% de «non», les insatisfaits. Ce sont les chiffres accouchés par une enquête de satisfaction sur la qualité des services de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA), réalisée par nos confrères de Radio Omega. L’opportunité a été alors saisie par des consommateurs très amers, pour raconter, par des commentaires et anecdotes souvent virulents, mais toujours émouvants, leurs calvaires, aussi différents qu’inimaginables, en matière d’accès à l’eau potable. Les résultats parlent d’eux-mêmes et interpellent plus que jamais la nationale de l’eau sur sa mission et surtout son devoir de fournir des services au prorata des immenses attentes de populations pour qui avoir de l’eau, en quantité et en qualité, relève toujours du parcours de combattant.

Et le Zéro corvée d’eau?

Pour de nombreux Burkinabè, qu’ils résident en ville ou survivent en zone rurale, l’espoir d’avoir de l’eau, ne serait-ce que pour étancher sa soif, a fini par fondre comme un comprimé effervescent dans un verre…d’eau. Et cette pénibilité dramatique, car «l’eau c’est la vie», dit-on,  se vit en plein 21è siècle et dans un Burkina dont le premier magistrat, avait pourtant promis, «Zéro corvée d’eau»! La désillusion, si elle n’est pas totale, n’en n’est pas moins douloureuse. Et en réponse aux efforts certainement déployés par l’ONEA pour être à la hauteur, les clients semblent bien répondre clairement par la formule locale «c’est bon mais c’est pas arrivé».

En tout cas, Geraldo Nakoulma et Wendabo Narcisse Kaboré attendent toujours d’avoir l’eau à portée de robinet. Le premier, depuis décembre n’est «pas satisfait jusqu’à présent pour (…) manque de matériel» et le deuxième lui a «déposé» sa demande depuis 2018 et «jusqu’à présent pas de nouvelle». Ils seront probablement moins réceptifs aux récurrentes promesses d’améliorations imminentes formulées par l’ONEA ou aux déclarations mielleuses de campagne électorale des élections présidentielle et législatives couplées de novembre 2020 en ce qui concerne le volet de l’eau. Pour Ynoufou Gnebga, en ce qui concerne l’ONEA Bobo Secteurs 24 et 25, la sentence est sans appel: «service déficient depuis toujours».

Malgré deux châteaux d’eau à côté

Et si Deme Souleymane, depuis Bindougousso, au secteur 14 de Bobo-Dioulasso est, lui, «satisfait» de l’ONEA, ce n’est visiblement pas le cas, pour Romain Tago qui subit la «coupure tous les jours» à Belle ville» malgré «deux châteaux à côté». Une vraie torture d’avoir un château d’eau à ses pieds mais pas une goutte au robinet! Sami Momo essaie, lui, de résumer la plupart des griefs des consommateurs déçus: «Trop de coupures d’eau. Plus de 3 mois pour un nouveau branchement! Mauvais accueils dans certains guichets».  Un commentaire qui confirme les récriminations de Béli Paulin Batiana dont le constat est tout autant triste: «Au secteur 25 de Bobo-Dioulasso, ce n’est pas la peine. Souffrance sur souffrance».

Même son de cloche chez Angelo Aïda Kaboré qui soutient qu’au secteur 24, à Bobo Dioulasso, il n’y a «jamais d’eau dans la journée». Et c’est sans surprise que tombe le couperet de Ouédraogo Windyam: «Les prestations de l’ONEA sont médiocres. Sincèrement je ne vois pas l’utilité de cette société budgétivore qui offre ce qui ne répond pas aux besoins des populations». De plus, le système de facturation, sans doute peu ou prou compris par les consommateurs est vigoureusement pris à partie par eux, chacun ayant vécu son cauchemar avec le papier rectangulaire portant dans son coin supérieur gauche, la goutte d’eau bleue, signe distinctif de l’ONEA.

L’ONEA peut et doit mieux faire!

Toutefois, le tableau n’est pas totalement noir et comporte des éclaircies. Tout en usant de nuance en mettant le doigt sur les «coupures trop fréquentes à Ouagadougou», Mohamed Barro, bien qu’insatisfait des services de l’ONEA, reconnaît qu’«il y a quand même des efforts en terme de débit». Il donne même à l’ONEA, «un bonus (positif) par rapport au délai de paiement qui est plus long que celui accordé par la SONABEL (Société nationale burkinabè de l’électricité, NDLR), et sans pénalités». Et c’est la preuve que l’Office national de l’eau et de l’assainissement, peut, et doit mieux faire! A la seule condition de faire couler dans ses tuyaux et robinets, et ce de façon continue, l’eau qui donne la vie. L’ONEA s’imposera alors comme une entreprise, la meilleure en termes de prestation de service vital pour les populations.

Les résultats du sondage et les commentaires des clients peuvent être consultés ici.

Par Wakat Séra