Accueil Editorial Pâques au Burkina : le Christ ressuscité sous haute sécurité

Pâques au Burkina : le Christ ressuscité sous haute sécurité

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Les célébrations pascales se sont déroulées sous bonne surveillance (Ph. d'illustration fr.allafrica.com)

Le rituel pascal a été respecté comme les années précédentes. Il n’en saurait être autrement dans un pays de foi comme le Burkina Faso où chrétiens, musulmans et animistes cohabitent dans une harmonie à saluer et dans un respect de l’autre confession à louer. Du reste, comme cela est désormais de coutume, des pratiquants de la religion musulmane ont partagé la joie de la résurrection du Christ avec leurs frères chrétiens, tout comme ces derniers commémorent sans différence la naissance du prophète Mahomet ou la Tabaski et le Ramadan. Dans ses remerciements, le curé de la Paroisse Saint Jean XXIII n’a d’ailleurs pas manqué de remercier les uns et les autres pour ce geste fort, ferment du dialogue islamo-chrétien, et donc pilier de la cohésion sociale. Mais Jésus n’est pas ressuscité qu’avec les musulmans comme témoins oculaires. Cette année, la sécurité a été renforcée au sein et aux alentours des lieux de culte, menaces et craintes d’attentats terroristes obligent.  Le Burkina Faso étant désormais dans l’œil du cyclone, des mesures sécuritaires fortes ont été appliquées pour permettre aux fidèles chrétiens de vivre leur foi en toute quiétude.

Fouilles corporelles et des sacs, passage sous le portique de sécurité, surveillance des policiers armes bien en vue, etc. Rien n’a été laissé au hasard, surtout que les récentes attaques à la bombe de deux églises des coptes en Egypte sont encore fraîches dans les mémoires, les images atroces ayant fait les choux gras des chaînes de télévision occidentales, très suivies en Afrique. Et lorsqu’à un moment de la célébration à la paroisse de Saint Jean XXIII une perturbation électrique a plongé une partie du public dans le noir et fait couper pour quelques instants la sonorisation, une fidèle catholique n’a pas manqué d’avouer qu’elle a tout de suite pensé à « ces gens-là ». Cette inquiétude a sans doute traversé les esprits de plus d’un dans la foule. Car les « fous de Dieu » aiment bien les actions d’éclat pour se faire une sordide publicité sur les cadavres d’innocentes populations. Les craintes d’attentat étaient encore plus prononcées, par peur de représailles ou de derniers soubresauts de membres du groupe islamiste du prédicateur burkinabè, Mallam Ibrahim Dicko qui sont activement recherchés par les Forces de défense et de sécurité burkinabè. En effet, engagée aux côtés des Français et des Maliens dans l’opération « Panga » (qui signifie force en mooré, l’une des langues nationales les plus parlées au Burkina), l’armée burkinabè, mène une chasse intense contre ces djihadistes qui  avaient entrepris de mettre sous coupe réglée, le sahel burkinabè faisant frontière avec le Mali et le Niger.

Et le Christ ressuscita en toute sécurité, le troisième jour après sa mort par crucifixion sur une croix. Une fois de plus, les forces du bien ont pris le dessus sur celles du mal. Si aucun attentat n’a pu doucher la joie des fidèles chrétiens lors de cette commémoration de la mort et de la résurrection de leur messie, il n’en demeure pas moins que la menace terroriste existe toujours. Et il demeure important pour les populations d’en tenir compte afin de maintenir la vigilance et surtout la collaboration avec les Forces de défense et de sécurité dans leur traque contre les terroristes de tout acabit.

Par Wakat Séra