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Présidentielle 2020 au Burkina: la sincérité du scrutin a été « sérieusement entamée » (responsable CDP)

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L'équipe de direction de campagne du CDP

La direction nationale de la campagne du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), pour l’élection couplée présidentielle et législatives organisée le dimanche 22 novembre 2020, a animé ce lundi à Ouagadougou, une conférence de presse pour faire le bilan de la participation du parti de l’ex-président Blaise Compaoré, à ce double scrutin. Selon les conférenciers, la sincérité de l’élection couplée a été « sérieusement entamée » au regard des dysfonctionnements constatés dans l’organisation pratique par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Le CDP, après une réunion du Bureau exécutif national (BEN), a conclu que « la sincérité du scrutin du 22 novembre 2020 est sérieusement entamée et jette un discrédit sur les résultats proclamés », a déclaré Sanné Topan, directeur national de campagne du candidat Eddie Komboïgo, président de l’ex-parti majoritaire.

Le parti de Blaise Compaoré s’était réservé le droit de faire des recours en justice pour la présidentielle, mais le délai de 48H tels que stipulé par le Code électoral, est déjà épuisé. « Toutefois, pour ce qui est des élections législatives, le BEN a instruit les candidats au niveau local d’engager au cas par cas les recours nécessaires », a informé M. Topan, ancien directeur de cabinet de l’ex-locataire de Kosyam.

« Je respecte toutes les opinions, toutes les formations politiques. Je fais de la différence une richesse. Chacun a utilisé les moyens qui étaient à sa disposition pour aller à cette compétition électorale. Vous conviendrez avec moi qu’il y a eu des achats de consciences », a commenté le conférencier principal, enchaînant que le CDP réaffirme « sa ferme détermination à participer à l’approfondissement du processus démocratique depuis la renaissance démocratique en 1991 avec Blaise Compaoré ».

« Il y a également eu étalage de moyens disproportionné par rapport à des élections. A tel point qu’on peut s’interroger si cela honore l’homme politique de façon générale. Aucun homme politique ne se soustrait de ce que je dis hein. Si nous continuons de cette manière, on peut se demander, qu’est-ce que demain nous réserve ? », a martelé le directeur national de campagne de Eddie Komboïgo, arrivé en deuxième position avec un peu moins de 16%, derrière Roch Kaboré qui a été réélu pour un deuxième bail de cinq ans avec près de 58%.

Même si M. Topan doute que les recours ne puissent pas changer « grand-chose » au regard des résultats provisoires prononcés par la CENI, il a laissé entendre que « lorsqu’on constat des dysfonctionnements, si on est démocrate jusqu’au bout, il faut les dénoncer. Et la voie privilégiée pour le faire, c’est au niveau du Conseil constitutionnel, pour la présidentielle, et au niveau du Conseil d’Etat, pour d’autres types d’élections ».

Les responsables du CDP, désormais deuxième force politique au Burkina Faso, sur la question de sa stratégie et au-delà, de celle de toute l’opposition qui aurait pêché, a signifié que la candidature unique de l’opposition n’était pas la meilleure option. « Il est recommandé d’aller en solo et se renforcer au second tour. Nous sommes allés confiants (qu’il y aurait un second tour) en se disant que chaque formation politique allait sincèrement aux élections et qu’il n’y avait pas des choses cachées derrière », a affirmé Topan Sanné.

« Aller féliciter un vainqueur n’est pas une obligation. Ce n’est écrit nulle part. Et puis, il s’agit d’abord de résultats provisoires », a réagi le directeur national de campagne de CDP sur le fait que M. Komboïgo, contrairement à certains candidats, n’est pas allé féliciter Roch Marc Christian Kaboré. « Nous jugeons de l’opportunité d’aller féliciter immédiatement le candidat déclaré vainqueur par la CENI », a-t-il rétorqué.

« Si on épuise tout le processus, nous voyons que c’est le Conseil constitutionnel qui au regard de ses attributions, proclame le candidat, je veux dire le président actuel Roch Marc Christian Kaboré qui est candidat, vainqueur de l’élection, nous irons sans problème le féliciter », s’est défendu M. Topan pour terminer sur la question.

Par Bernard BOUGOUM