Accueil A la une Présidentielle ivoirienne: tic tac, tic tac!

Présidentielle ivoirienne: tic tac, tic tac!

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La présidentielle du samedi prochain laisse entrevoir beaucoup d'inquiétudes (Ph. illustration: africablogging.org)

Inexorablement, les aiguilles tournent et rapprochent la Côte d’Ivoire de la date fatidique du 31 octobre, jour où les Ivoiriens, ont rendez-vous dans les urnes, pour désigner Alassane Dramane Ouattara, comme le successeur de…Alassane Dramane Ouattara, le président ivoirien sortant. Ils sont près de 7,5 millions d’inscrits sur les listes électorales, mais mot d’ordre de désobéissance civile de l’opposition et craintes de violences obligent, seulement trois millions d’entre eux, ont procédé au retrait de leurs cartes d’électeurs. Sur ces 41% d’électeurs, combien se rendront dans les 22 000 bureaux de vote prévus pour les accueillir? La question reste entièrement ouverte, contrairement au choix presque fermé du candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui se retrouvera bien seul dans cette course de laquelle il a éliminé ces véritables challengers.

Le seul adversaire du chef de l’Etat, resté en lice, mais qui, en réalité ne fera qu’escorter celui-ci, dans sa forfaiture de briguer un troisième mandat anticonstitutionnel et foncièrement confligène, n’est autre que Kouadio Konan Bertin alias KKB, le dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA). Même dans le plus réel de la fiction, celui-ci ne saurait empêcher Alassane Dramane Ouattara de reprendre son fauteuil pour les cinq ans à venir, et plus si affinités! KKB se contentera certainement de récompense du chef à vie, qu’il aura accompagné.

En attendant le samedi 31 octobre, la Côte d’Ivoire entière retient son souffle et chaque Ivoirien, anxieux, angoissé, inquiet et préparé aux crises postélectorales dont le pays est devenu coutumier, essaie de faire des provisions, surtout en vivres. Car, cette élection qui devrait être le premier véritable passage de témoin démocratique et pacifique, porte plutôt les germes d’un chaos socio-politique. Trop de tensions dans l’air, sans oublier qu’une trentaine de morts a déjà été enregistrée, dans les violences qui ont cours depuis, qu’un seul homme, a décidé, le 6 août dernier, de prendre en otage, le présent et l’avenir de la Côte d’Ivoire, en répondant «oui», aux sirènes du troisième mandat. Nullement découragé par le «non» énergique de l’opposition et de la société civile, Alassane Dramane Ouattara, porté par ses courtisans, zélateurs et sangsues du régime, n’a pas cédé, depuis lors, une once de son entêtement à s’accrocher au pouvoir.

C’était prévisible, puisque ADO s’est taillé une constitution à la mesure de ses prétentions. Une Constitution dont il se sert pour justifier le fait que l’avènement de la 3è république remet le compteur des mandats à zéro.  D’abord en rang dispersé, l’opposition se fédère et appelle à la désobéissance civile pour faire barrage au projet funeste de ADO, qui bénéficie de la complicité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest pour opérer son passage en force. Emmuré dans un silence assourdissant, mais assez fort pour montrer sa solidarité agissante et intéressée à deux des siens, en l’occurrence, Alassane Dramane Ouattara et le Guinéen Alpha Condé, le syndicat des chefs d’Etat de la sous-région, laisse ces coups d’Etat constitutionnels meurtriers, aboutir. Cependant, autant ADO fonce comme un taureau, autant l’opposition reste vent debout contre sa candidature illégale et indécente, contre le Conseil constitutionnel et contre la Commission électorale, qui, entre temps, a perdu le «i» qui la rendait «indépendante».

Mais, il n’est jamais tard pour bien faire. Comme l’a suggéré, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, il faut éviter d’aller à la catastrophe. Et pour cela, il faut s’asseoir et discuter. Pour le bonheur de la Côte d’Ivoire, qui ne veut plus revivre la crise post-électorale meurtrière de 2010-2011, il urge, pour tous les acteurs politiques, de se retrouver sous l’arbre à palabre avant l’inévitable.

Par Wakat Séra