Accueil A la une Présidentielle nigérienne: entrer dans l’histoire démocratique par la grande porte

Présidentielle nigérienne: entrer dans l’histoire démocratique par la grande porte

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Avant le second tour du dimanche 21 février prochain, les Nigériens, opposition comme pouvoir, étudiants et militaires, fonctionnaires et opérateurs économiques, et surtout les dynamiques femmes, peuvent se targuer d’avoir fait de leur pays, un modèle à suivre. Ils ont fait une campagne apaisée et voté dans le calme, que ce soit pour la présidentielle, les législatives que pour les locales. Ils ont marché dans le sens du vent démocratique qui souffle sur le Niger. Ils ont fait confiance aux institutions républicaines en se tournant vers la cour constitutionnelle, pour ceux qui avaient des requêtes et autres contestations. Ils ont été écoutés par les organes compétents en la matière et les résultats ont conduit à un second tour d’une présidentielle qui a conduit au second tour, deux candidats dont l’un, Mohamed Bazoum, pour ne pas le nommer, tire de loin, la locomotive.

Le champion du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), fort de plus de 39% des suffrages, se fait peu de souci, pour ce second round qui le confrontera à l’ancien président, Mahamane Ousmane, le leader du Renouveau démocratique et républicain (RDR Tchanji), 17%. Pour les forces en présence, il est indubitable que les ralliements de deux candidats malheureux au premier tour, sont une aubaine pour Mohamed Bazoum, qui s’aligne, ainsi, avec un avantage certain, dans les starting-blocks de ce second tour. Il bénéficiera, du soutien de l’ancien Premier ministre, Seini Oumarou, arrivé en 3è position du premier tour avec 8,95% et de celui de Albadé Abouba, classé 4è, avec 7,07%. L’alter ego du président sortant, Mahamadou Issoufou, se retrouvera, avec, au moins 54% des suffrages, si, bien entendu, les consignes de vote de ses nouveaux alliés sont suivies par leurs militants. Score largement suffisant pour permettre à l’ancien ministre des Affaires étrangères et ex-ministre en charge de la sécurité, de rafler la mise à Mahamane Ousmane. Avec ces 17%, plus les 5,38% de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ibrahim Yacouba, arrivé 5è au premier tour et l’anecdotique score de 2,99 de l’ancien chef de junte militaire, Salou Djibo, l’ancien président nigérien cumulera un score de moins de 26%.

Mais, rien n’est gagné et rien n’est perdu, en réalité, pour l’un ou l’autre candidat, car les consignes de vote restent des consignes de vote et peuvent bien être suivies ou ne pas l’être par tous les militants. Le poids des indécis du premier tour, conquis lors de la campagne électorale et autres actions de séductions pour ce second tour, devraient également peser dans la balance. Pourvu que ces élections gardent la dynamique de transparence et de fair-play du premier tour, vertus reconnues par les observateurs locaux et internationaux. C’est à ce prix que cette joute électorale fera date dans les annales politiques du Niger, et de toute l’Afrique, parce que débouchant sur le passage de témoin, pour la première fois, dans ce vaste pays, d’un président démocratiquement élu à un autre président démocratiquement élu.

En attendant, le président sortant, Mahamadou Issoufou, qui a organisé ces élections auxquelles il ne prend pas part, pour respecter sa parole donner et respecter la Constitution de son pays est un exemple. Sans être un héros, il constitue, en tout cas, l’étoile du berger, dans une Afrique, où les 3ès mandats anticonstitutionnels de l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara et du Guinéen Alpha Condé, en attendant le 6è mandat du maréchal tchadien Idriss Deby Itno, pour ne citer que ces prédateurs de la démocratie, portent un sérieux coup à l’alternance démocratique sur le continent.

Si le fair-play prévaut à la fin de cette élection inédite, c’est le Niger qui aura gagné. Et que le nouveau président nigérien, s’appelle Mohamed Bazoum ou Mahamane Ousmane, il doit savoir que son pari N°1 sera de monter au front contre l’hydre jihadiste, qui ne cesse d’endeuiller, au quotidien, les populations, comme au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Tchad et peut-être dans le reste de l’Afrique de l’ouest.

Par Wakat Séra