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Procès CGT-B contre Adama Siguiré: « Nous voulons des éléments audio, des documents, des montants, des chèques, des vidéos (…) »

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L'écrivain professionnel Adama Siguiré

L’écrivain burkinabè, Adama Siguiré, a affirmé, qu’il « raisonne par déduction et par logique », devant le Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou, ce lundi 4 mars 2024. M. Siguiré est à la barre pour « diffamation » après avoir accusé la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) de recevoir de « l’argent de l’impérialisme pour déstabiliser la transition » dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré. « Nous voulons des éléments audio, des documents, montants, des chèques, des vidéos (…) », lui a fait savoir le tribunal.

L’écrivain burkinabè Adama Siguiré, connu pour ses publications visant à soutenir les autorités de la transition actuelle et la politique qu’elles déroulent, a été entendu au fond ce lundi 4 mars 2024 dans l’affaire qui l’oppose à la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B). M. Siguiré est essentiellement poursuivi pour « diffamation ». Adama Siguiré a rejeté les faits qui lui sont reprochés mais a reconnu avoir fait les publications pour lesquelles il est convoqué devant le tribunal.

Dans ses écrits, l' »Écrivain professionnel », titre que le prévenu aimait mentionner dans ses écrits, a dit en résumé que la CGT-B est de connivence avec des individus qui travaillent à la solde de l’impérialisme pour déstabiliser le Burkina Faso. Il pense que la CGT-B a reçu de l’argent avec l’impérialisme. Le regroupement syndical rame à contre-courant de la politique des autorités de la transition, selon lui. Il a pris en exemple la position de l’organisation par rapport au prélèvement de 1% sur les salaires des agents de l’Administration publique. M. Siguiré est allé même jusqu’à considérer que la CGT-B « fait la promotion de la paresse, de la fainéantise et de l’inconscience », dans l’Administration publique.

Après qu’il a expliqué le fond de sa pensée, le juge lui a demandé si c’est seulement la CGT-B qui tient des activités dans le pays. Il a dit non mais a tenu à préciser que les manifestations de la CGT-B visent à monter les populations contre les dirigeants. Pour lui, toute manifestation qui va à l’encontre de la communication de guerre qu’il dit défendre, est une aubaine pour l’impérialisme et cela doit-être combattu.

Face aux différentes parties au jugement, l’activiste a tenté au cours de son interrogatoire de se justifier ou d’expliquer le sens qu’il entend donner à ses écrits. Pour lui, les juges, le ministère public et les avocats de la partie plaignante doivent remettre ses affirmations qui se sont suivent quatre jours au moment des faits où il écrivait contre la CGT-B et leurs alliés.

Pour lui, les juges, le ministère public et les avocats de la partie plaignante doivent remettre ses affirmations dans leur contexte. En effet, les portions de ses écrits que le tribunal a lu à l’audience ont été publiés les 22, 23, 24 et 27 octobre 2023 contre la CGT-B et leurs alliés, 12 Organisations de la société qui voulait tenir un meeting à la Bourse du Travail à Ouagadougou le 31 octobre pour commémorer l’insurrection populaire de 2014 et dénoncer également la vie chère, les attestations qu’elles jugent arbitraires de même que les enlèvements dans le pays.

Mais les parties, à commencer par la Chambre correctionnelle, vont le recadrer en disant qu’en droit, concernant ses déclarations, la preuve doit être matérielle. « Nous voulons des éléments audio, des documents, montants, des chèques, des vidéos (…) », a lancé la présidente du tribunal à l’endroit de M. Siguiré qui a rétorqué qu’une « preuve est une démonstration ». Partant de ce procédé, son raisonnement qui « suit une déduction et une logique » doit pouvoir convaincre la Cour sur la véracité de ses propos.

Mais, le parquet va réagir à son tour pour demander au prévenu d’arrêter son « dilatoire », car il doit convaincre le tribunal par des preuves matérielles comme le veut le droit. « Arrêtez vos explications car nous ne sommes pas vos élèves », s’est exaspérée la procureure, soutenant les arguments de la Cour.

Les avocats de la partie plaignante dont Me Prosper Farama, par le jeu des questions-réponses, ont acculé Adama Siguiré qui avait du mal à convaincre l’assistance face aux questions des Conseils de la CGT-B. Si fait que par moment, le tribunal a suspendu l’audience pour ramener de l’ordre dans la salle. « Est-ce vous pensez que tout ce qui est logique est vrai? Est-ce que tout ce qui est démonstration est vérifiable », a posé, entres autres, comme questions, Me Farama. « Est-ce qu’on peut considérer que c’est parce que Adama Siguiré a reçu de l’argent qu’il défend la transition? » « Non », a rétorqué M. Siguiré qui s’est lancé dans des explications avant de se voir retirer la parole par la présidente.

Le procès reprendra le 26 mars avec les réquisitions du parquet suivies des plaidoiries des différentes défenses.

Le secrétaire général de la CGT-B, Moussa Diallo, était absent à ce procès. Les avocats de la défense ont trouvé cela dommage mais le parquet et le tribunal ont signifié que cela ne pose pas de problème car ses conseils le représentent valablement.

Par Bernard BOUGOUM