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Burkina/Dissolution de l’Unité Spéciale d’Intervention des Eaux et Forêts: « … le gouvernement est allé trop loin »

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Ph. d'illustration

Le Syndicat National des Agents des Eaux et Forêts (SYNAFOR) dans un communiqué, en date du 4 mars 2024, souligne « que le gouvernement (burkinabè) est allé trop loin en dissolvant purement et simplement l’Unité Spéciale d’Intervention des Eaux et Forêts (USI-EF) sur la base d’une communication orale montée de toutes pièces, de façon hâtive sans examiner au fonds les causes profondes ayant conduit à ce mouvement d’humeur ». 

Le Syndicat National des Agents des Eaux et Forêts (SYNAFOR) a appris avec regret la décision de dissolution de l’Unité Spéciale d’Intervention des Eaux et Forêts (USI-EF) par le Conseil des ministres en sa séance du 28 février 2024. Cette décision ferait suite au mouvement d’humeur d’une partie de l’USI-EF à savoir 165 éléments survenu le 21 février 2024 selon les propos du Ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, Monsieur Roger BARO.

Pour mémoire, le point 32 de la plateforme revendicative du SYNAFOR adoptée lors de son congrès constitutif du 11 juin 2021 portait sur la création de cette unité.  L’instauration de la discipline au sein du Corps des Eaux et Forêts a été une préoccupation constante du syndicat qui a œuvré pour l’opérationnalisation du conseil de discipline du cadre paramilitaire des Eaux et Forêts. Fort de ce constat, le SYNAFOR ne saurait en aucun cas aller à l’encontre d’une décision visant à instaurer la discipline indispensable à la dynamique de reconquête du territoire.

Après avoir écouté les différentes parties sur les faits, le SYNAFOR retient que ce qui est arrivé le 21 février 2024 est un incident malheureux qui pouvait être évité si le commandement avait su anticiper et contenir l’incident qui était prévisible sur le terrain. Le SYNAFOR l’a fait auparavant lorsqu’il a appris des murmures relatifs aux affectations à l’USI-EF. Cependant, le SYNAFOR pense humblement que le gouvernement est allé trop loin en dissolvant purement et simplement l’Unité sur la base d’une communication orale montée de toutes pièces, de façon hâtive sans examiner au fonds les causes profondes ayant conduit à ce mouvement d’humeur. Faut-il comprendre par cette décision de dissolution que c’est toute l’Unité qui est en cause à tel point qu’il faille la dissoudre ? Pourquoi une telle décision alors que l’Unité a déjà fait des résultats sur le terrain qui ont été très bien appréciés selon toujours le Ministre BARO à sa sortie du conseil des ministres ? Pour le SYNAFOR, cette décision est un gâchis parce qu’au-delà des Eaux et Forêts, l’USI-EF est un acquis national au regard du contexte de notre pays. En attendant des réponses à ces interrogations, le SYNAFOR note une fuite en avant de l’autorité de tutelle des Eaux et Forêts dans cette affaire en ne faisant rien pour sauver ce qui peut l’être mais en enfonçant le clou. D’abord, en affirmant que le Directeur Général des Eaux et Forêts a été pris en otage et que des armes lourdes auraient été utilisées pour contrôler l’enceinte de la Direction Générale des Eaux et Forêts. Des faits, il est constant que le Directeur Général des Eaux et Forêts était libre de ses mouvements, qu’aucune arme lourde n’a été utilisée d’autant plus que l’Unité n’en dispose pas et que les éléments n’ont pas fait usage d’armes durant le mouvement d’humeur. D’ailleurs, le communiqué de la Direction Générale des Eaux et Forêts ne fait cas ni de prise d’otage ni d’usage d’armes lourdes. De plus, le ministre dit avoir identifié 10 types de fautes dont 5 qualifiées de graves à extrêmement graves alors que la procédure disciplinaire est en cours. Cette attitude laisse croire que Monsieur le ministre veut saisir cette occasion pour poursuivre ses manœuvres visant à réduire le Corps des Eaux et Forêts à sa simple expression dans un contexte où il est officiellement sollicité au même titre que les autres FDS.

En rappel, le Gouvernement a décidé en conseil des ministres du 28 avril 2023, de la fusion des corps des Eaux et Forêts et de la famille d’emplois « gestion de l’environnement » suite à des difficultés de collaboration entre les deux types de personnel qui animent le ministère en charge de l’environnement. Deux ateliers de mise en œuvre de cette décision ont été organisés respectivement du 5 au 9 mai 2023 puis du 19 au 23 juin 2023. Au lieu de poursuivre la mise en œuvre de cette décision du conseil des ministres, le 26 décembre 2023, au cours d’une rencontre d’échanges avec le SYNAFOR dans le cadre du dialogue social, le Ministre BARO a affiché clairement sa volonté de ne pas poursuivre la décision de fusion. Cette volonté de remise en cause s’est confirmée par la suspension de la prise en compte de la fusion dans la relecture de la loi 063-2015/CNT du 15 septembre 2015 portant statut du personnel du cadre paramilitaire des Eaux et Forêts par le comité technique le 31 janvier 2024. Après cette suspension, il a fait adopter en conseil des ministres le 7 février 2024 un décret relatif aux polices environnementales excluant la Direction Générale des Eaux et Forêts en violation de la législation en la matière notamment le code de l’environnement (article 104) et la loi 063-2015/CNT du 15 septembre 2015 portant statut du personnel du cadre paramilitaire des Eaux et Forêts (article 3).

Au moment où les travailleurs des Eaux et Forêts sont engagés pour la reconquête du territoire et n’attendent que le renforcement de leurs capacités opérationnelles, le Ministre s’adonne à des reformes qui mettrons à rude épreuve la cohésion au sein du ministère. Le SYNAFOR en tant que syndicat défenseur des intérêts des travailleurs a entrepris des actions afin d’attirer l’attention des autorités sur les conséquences de ces réformes qui pourront causer plus de division. Dans tous les cas, il serait illusoire de faire une distinction entre les eaux et forêts et l’environnement dans la mesure où les eaux et forêts sont une composante de l’environnement.

Face au refus du ministre de travailler à l’apaisement, le bureau national du SYNAFOR a adressé une lettre au Ministre chargé de l’Environnement afin d’avoir de plus amples informations sur l’exclusion des Eaux et Forêts dans la mise en œuvre du décret sur les polices environnementales. Une autre lettre a été adressée à Son Excellence Monsieur le Premier Ministre le 13 février 2024 pour l’informer de la situation avec ampliation au Ministre d’Etat, Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection Sociale et au Ministre de l’Environnement. Il a aussi déposé des demandes d’audience le 13 février 2024 auprès de SEM le Président du Faso et de SEM le Président de l’Assemblée Législative de Transition. A ce jour, seul le Président de l’Assemblée Législative de Transition a donné suite à la requête du SYNAFOR.

Le SYNAFOR voudrait à travers cet écrit prendre à témoin l’opinion nationale et internationale des manœuvres qui se trament au MEEA et qui sont de nature à dégrader le climat social. De ce fait, il invite le gouvernement à se pencher sérieusement sur la question. Il appelle les camarades engagés sur le théâtre des opérations à poursuivre sereinement leurs missions. Il invite l’ensemble des militants à se tenir prêts pour toutes actions que la situation exigerait.

Ouagadougou, le 04-03-2024

Bassirou OUEDRAOGO

Secrétaire Général