Accueil Société Procès du putsch de 2015: 12 accusés se retrouvent sans avocats pour...

Procès du putsch de 2015: 12 accusés se retrouvent sans avocats pour leur défense

0
Des accusés dans le dossier du putsch de 2015

Douze accusés dans le dossier du putsch du 16 septembre 2015 au Burkina se sont retrouvés ce vendredi 6 avril 2018, à la reprise de l’audience du procès qui s’est ouvert le 27 février 2018, sans leurs avocats. Selon le président du tribunal Seydou Ouédraogo, leurs conseils se sont déportés.

Dès la reprise de l’audience ce vendredi à 9H07, le tribunal a annoncé avoir reçu 14 lettres de déport. Il s’agit du cabinet Somé et associés, SCPA Le Rochet, cabinet d’avocat A. M. Zongo, SCPA Ouattara Sory et Salembéré, Me Paul Traoré, SCPA Concilium, SCPA Trust Way, cabinet d’avocat Mamadou S. Traoré, SCPA Légalis, Me Olivier Yelkouni et le SCPA Lex-Amant.

Si certains de ces avocats ont pris la décision pour « convenance personnelle », d’autres n’ont pas manqué de pointer du doigt la non impartialité du tribunal qui a en charge du dossier du coup d’Etat, comme raison de leur déport. Parmi eux il y avait deux avocats commis d’office.

Les accusés qui n’ont plus d’avocats sont, entre autres, Moussa Nébié dit Rambo, Bationo Omer, Relwendé Compaoré, Ollo Poda, Gondiaté Dibloni et Eloi Badiel.

Le tribunal en se basant sur le fait qu’en matière criminel, un accusé ne peut pas être jugé sans un conseil, a suspendu l’audience pour la reprendre le 9 mai 2018, afin de permettre au Bâtonnier de l’ordre des avocats de commettre d’office des avocats à ces accusés qui ont été abandonnés par leurs conseils avant même les débats au fond.

Pour le parquet, en réagissant sur la décision de ces avocats, « c’est très dommage » qu’on en arrive là, alors que tous ceux qui participent au jugement ne cherchent qu’un procès équitable.

Quant à la partie civile, elle dit rester sereine. « Dans tous les cas nous sommes persuadés que ce procès aura lieu et nous irons au fond  et on saura qui a fait quoi. Celui qui devrait prendre la sanction, la prendra et celui qui est innocent sera innocenté », a réagi Me Prosper Farama un des avocats des victimes du coup d’Etat. Il invite, dans la vidéo qui suit, les avocats de la défense de « respecter aussi (leurs) positions et arguments ».

Les propos de Me Farama après la suspension d’audience…

Si des avocats de la défense ont adopté la politique de la chaise vide, certains d’entre eux ont préféré se déporter du procès et d’autres ont opté de rester défendre leurs clients. Pour Me Mamadou Kéita de la défense, tant que son client (qu’il a refusé de donner le nom) ne lui dit pas d’arrêter, il continuera de le défendre. « Nous n’avons pas la même stratégie de défense », a-t-il dit, affirmant que ceux qui se sont déportés sont dans leur droit.

Wakat séra qui a pu recueillir la réaction de Me Kéita à la sortie après la suspension de l’audience pour un mois, vous propose une vidéo de cet avocat de la défense qui a choisi de continuer à défendre son client.

La vidéo de Me Kéita

Le déroulement du procès du coup d’Etat qui a fait 13 morts, selon l’arrêt de renvoi, se poursuivra après la commission des avocats aux accusés dont leurs conseils se sont déportés. Ceux-ci devraient prendre connaissance du dossier afin de pouvoir défendre ces inculpés qui passeront devant le tribunal pour donner leur version des faits: ce qu’ils ont vu, entendu et fait dans le cadre du putsch dans lequel sont présumés impliqués les généraux  Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé.

Par Daouda ZONGO