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Procès du putsch manqué de 2015: qui en veut à l’adjudant-chef Bondjaté Dibloni?

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(Ph. europe1.fr)

L’adjudant-chef Bondjaté Dibloni, un élément de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), accusé dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015 au Burkina, a laissé entendre ce vendredi 27 juillet 2018 devant les juges, qu’il ne devait pas être à la barre pour répondre des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures. Pour lui ce sont «des allégations sans fondement» de certains inculpés qui l’ont amené à la Maison d’arrêt et de correction des armées et par la suite devant la Chambre du jugement du tribunal militaire.

Dans la déposition de certains accusés comme le sergent Yahaya Guiré, le soldat Abdou Compaoré et Sidiki Ouattara, il est indiqué que l’adjudant-chef Dibloni aurait effectué une patrouille. Selon le sergent Guiré c’est l’adjudant-chef lui-même qui les a appelés pour dépanner une moto vers la Place de la Nation et arrivés là-bas, ils l’ont aperçu sur les lieux et ont même eu à échanger des paroles avec lui. Et pour le parquet militaire cette présence de l’adjudant-chef vers la Place de la Nation a été confirmée par Sidiki Ouattara qui aurait dit qu’il était dans son équipe.

L’adjudant-chef Bondjaté Dibloni, 50 ans et élément du RSP durant 25 ans, a soutenu que ce sont «des allégations sans fondement». Le formateur du RSP qui a reconnu avoir contacté le sergent Guiré afin qu’il dépanne une moto, a affirmé que le sergent et le soldat Compaoré lui en veulent car c’est à cause de lui son appel qu’ils sont aujourd’hui dans des problèmes. «Je n’ai pas été à la Place de la Nation», a déclaré l’adjudant-chef Dibloni. «C’est le lieutenant Koné qui m’a appelé me demandant si j’avais un contact au garage, car il y a une moto en panne vers la Place de la Nation», a mentionné l’adjudant-chef, notant que c’est ainsi qu’il a contacté le sergent Guiré.

«N’eurent été les accusations de ces éléments, l’adjudant-chef Dibloni ne serait pas devant la barre. Nulle part on l’a vu exécuter un acte d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre ou coups et blessures», a appuyé son avocat Me Isaac N’Dorimana. «Le jour où on m’a déposé à la MACA ça a été une fête pour le sergent Yahaya et le soldat Abdou Compaoré», a révélé l’adjudant-chef Dibloni.

Le client de Me N’Dorimana a soutenu avoir intimé l’ordre à des jeunes de son unité qu’il a vus vers l’espace aéré de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) de rejoindre immédiatement le camp.

«Le 16 septembre (2015 dans la soirée) je me suis rendu au camp après un appel d’un ami journaliste. Il voulait savoir ce qui se passait au camp et comme j’étais dans mon terrain non-loti et que je n’étais au courant de rien alors que c’est moi qui suis de semaine, j’y suis allé et un élément m’a fait savoir que nos voisins (Groupement des unités spéciales) ont arrêté les gars (les autorités).  Après, on a fait le rassemblement et il y avait des absents. Le 17 septembre, j’ai trouvé des jeunes et un caporal vers l’espace aéré de la BCEAO. Je leur ai demandé ce qu’ils y faisaient et ils m’ont dit que c’est un sergent qui est venu les chercher pour une corvée et je leur ait intimé l’ordrede repartir au camp, ce qu’ils ont fait», a déclaré l’adjudant-chef Dibloni.

Il a affirmé avoir déployé une vingtaine d’éléments sur l’axe Hôtel Laico-Aéroport, pour la sécurisation de la voie, quand les chefs d’Etat de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)  devaient venir. «La mission s’est bien passée. Il n’y a pas eu d’incident», a confirmé l’accusé.

A la barre, Bondjaté Dibloni a tenu à poser un certain nombre de questions au parquet: «Est-ce que pendant les événements, les chefs d’Etat de la CEDEAO sont venus (au Burkina)? Si oui sont-ils venus pour consolider le coup d’Etat? Ont-ils bénéficié de sécurité?». Selon le président du tribunal Seydou Ouédraogo, qui a suspendu l’audience après ces interrogations, le parquet donnera des réponses à ces préoccupations ce samedi 28 juillet, à la reprise de l’audience.

Par Daouda ZONGO