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Procès du putsch manqué: la défense accuse Zida d’être «le fabriquant» des écoutes téléphoniques

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A l’audience du lundi 14 janvier 2019, entrant dans le cadre du procès du putsch manqué du 16 septembre 2015, un des conseils du général Djibrill Bassolé, qui est à son septième jour d’audition à la barre de la Chambre de jugement du tribunal militaire burkinabè, Me Antoinette Ouédraogo, a indexé l’ex-Premier ministre Yacouba Isaac Zida comme étant «le fabriquant» des écoutes téléphoniques que le parquet oppose à son client.

L’ex seule femme Bâtonnier de l’ordre des avocats du Burkina, Me Antoinette Ouédraogo qui a soutenu que le présent procès est «hors norme car on accable» son client «le général Bassolé de tous les noms d’oiseau», a affirmé que si l’ex-premier ministre Yacouba Zida a indiqué sur une radio que les écoutes téléphoniques qui circulent sur les réseaux sociaux sont authentiques, au moment où la procédure était toujours en cours, c’est que c’est lui qui «les a fabriqués», ajoutant que «le fabriquant connait son produit».

«Quel crédit peut-on accorder à des éléments sonores mis à la disposition de la justic» par M. Zida qui est « une partie au procès», s’est demandé Me Ouédraogo, pour qui «il est évident que les écoutes téléphoniques ne sont pas des interceptions téléphoniques».

Selon les conseils du général Bassolé, les poursuites contre leur client est un acte politique. Me Mireille Barry, un autre avocat de l’accusé, a demandé au tribunal de ne pas céder aux pressions politiques et celles de l’opinion. «Il faut dire le droit», a-t-elle poursuivi.

«Bassolé défend son image»

La partie civile, elle, a fait savoir que se contenter de dire que les écoutes téléphoniques sont fabriquées, manipulées, n’est pas suffisant. Pour elle, si l’accusé était convaincu que les éléments sonores sont fabriqués contre lui, il pouvait demander une contre-expertise ou un complément d’expertise, lorsque l’expert choisi par le juge d’instruction a déposé son rapport.

Me Séraphin Somé, un conseil de la partie civile, qui est revenu sur le mutisme de l’accusé, a soutenu que M. Bassolé a adopté cette attitude car «il ne peut pas se défendre, (il est) coincé». Il a soutenu qu’au lieu de se défendre, le général Djibrill Bassolé a transformé la barre en «une tribune politique pour parler à l’opinion», en vue de se faire passer «pour une victime».

«Le général Bassolé n’est pas n’importe qui. C’est un ancien ministre de la Sécurité, un ancien ministre des Affaires étrangères. Il a été un envoyé spécial de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) pour le Mali et le Sahel, c’est un homme politique», a dit Me Somé qui a soutenu que l’inculpé, en se taisant, est en train «de défendre son image».

Conditions de Bassolé en résidence surveillée

Répondant à une question de son avocat Me Yérim Thiam, sur ses conditions de vie dans sa nouvelle «prison», le général Djibrill Bassolé, a laissé entendre que «la résidence surveillée (…) est une prison taillée sur mesure avec une restriction de liberté plus contraignante que celle (qu’il vivait) à la MACA (Maison d’arrêt et de correction des armées».

L’accusé qui il a été interdit de jouer à la pétanque dans la cour, a déclaré que cette mesure «a été assez bouleversante pour (lui)». «On m’interdit même de franchir le portail», a affirmé M. Bassolé qui a déclaré que le jour du réveillon, ses enfants rentrés du Canada, et qui ont voulu venir le voir à la résidence, y ont été formellement interdits d’accès.

L’audience a été suspendue vers 16h30 et reprendra demain mardi 15 janvier 2019 avec la poursuite de l’audition du général Bassolé.

Par Daouda ZONGO