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Procès putsch manqué: des images qui «se passent de tout commentaire»

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A la suite du visionnage de plusieurs images photos et vidéos, hier mardi 2 avril 2019, les parties au procès du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, ont fait connaître, ce mercredi 3 avril 2019, leurs observations de ces éléments présentés comme des pièces à conviction.  Regrettant le fait que des gens «persistent dans le mépris» en ne voulant pas reconnaître ce qu’ils ont fait durant les événements du 16 septembre 2015 et jours suivants, la partie civile a affirmé que ces «images se passent de tout commentaire».

Le parquet militaire a pris la parole en premier. Il s’est alors demandé, se référant à la vidéo où des éléments de l’ex-RSP bastonnaient un individu à la Cité AN III à Ouagadougou, «comment on peut frapper à ce point, quelqu’un qui vous supplie et traiter ainsi un civil qui n’a pas d’arme».

Dans certaines vidéos, les images montrent parfois des manifestants en fuite, des militaires effectuant des tirs, des blessés et des morts par balle. Poursuivant ses observations, le procureur militaire a rappelé que «les armes de guerre sont faites pour les ennemis» et non pour des gens qui étaient en désobéissance civile, chose que la constitution les autorise à faire. Il a noté que même avec des ennemis on ne tire pas au hasard, car «il y a des règles».   

«C’est des choses qui ne devaient pas arriver. Ceux qui ont suivi les vidéos, doivent se dire, plus jamais ça. Ceux qui ont fait ça, ils doivent savoir que ce n’est pas bon», a dit le parquet, se demandant «où est la raison quand on utilise une roquette contre des civils», faisant allusion au saccage du studio Abazon de Smockey.   

«Les images se passent de tout commentaire en réalité», a réagi un avocat de la partie civile, Me Pierre Yanogo. Une thèse qui a été soutenue par ses confrères Me Hervé Kam, Me Prosper Farama et Me Awa Sawadogo.

Selon Me Farama, les images qui ont été données à voir sont «pleines d’enseignements». «Ceux qui pensaient qu’il fallait maintenir ce corps (Régiment de sécurité présidentielle RSP) se trompent», a déclaré Me Prosper Farama pour qui «ce sont des terroristes à visage inhumain».

Appelé à la barre, les accusés, le général Gilbert Diendéré, Abdoul Karim Bagagna dit Lota, Aminata Guelwaré, le sergent-chef Roger Koussoubé, le sergent-chef Mahamadou Bouda, ont indiqué qu’ils n’ont pas d’observation à faire. Quant au soldat Seydou Soulama, il a fait savoir qu’il n’est pas dans la vidéo qui a été visionnée, soutenant qu’il n’a pas non plus été au studio Abazon. Le sergent-chef Ali Sanou a qualifié d’étrange ce qu’il a vu dans la vidéo de l’incendie de la radio Lafi de Zorgho, en relevant qu’il n’est pas , entré dans la maison de la radio.

L’ex-député Salifou Sawadogo qui était visible dans une vidéo à côté du général Gulbert Diendéré, a souhaité attendre ses conseils avant de réagir.

«Les vidéos (visionnées) n’apportent rien de nouveau comme preuve», a soutenu Me Alexandre Sandwidi, un avocat de la défense. Pour lui avec ces images, le parquet cherche à faire participer l’opinion publique à ce procès, affirmant que ce qu’il faut savoir c’est que «ce n’est pas (elle, l’opinion) qui juge».

Quand à Me Régis Bonkoungou, un autre avocat de la défense, relevant le fait que ces vidéos montrent des manifestants aux propos violents et barricadant des voies, a fait remarquer que la violence, que le parquet et la partie civile regrettent, n’était pas dans un seul camp. «Si on veut mettre la responsabilité sur le RSP, on tombe dans les jugements de valeur», a dit Me Bonkoungou pour qui la responsabilité de cette violence était partagée.

A la suite de ces avocats, Me Olivier Yelkouni, a regretté l’exposition de «la vie privée» de son client, le général Diendéré, en visionnant des vidéos le concernant, en public. Mais pour le parquet «ce n’est pas parce que la scène a été filmée dans le domicile (de Diendéré) qu’il y a violation de la vie privée».

Avant la suspension de l’audience à 17h (GMT), un film sur le putsch de 2015 a été visionnée. Cet élément est un assemblage des actes qui ont été posés au cours des événements du 16 septembre 2015 et jours suivants. Les observations des différentes parties, sont prévues pour le vendredi 5 avril 2019.

Par Daouda ZONGO