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Procès putsch manqué: lecture des écoutes attribuées à « Delta »

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Le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015, débuté fin février 2018, se poursuit dans la salle des Banquets de Ouaga 2000, transformée en salle d’audience. Ce lundi 25 mars 2019, après le débat sur les relevés téléphoniques produits par le parquet militaire et l’examen d’une demande de liberté provisoire du caporal Dah Sami, le procureur a poursuivi la présentation des pièces à conviction, notamment la lecture des écoutes téléphoniques.

L’audience de ce lundi 25 mars a été mise à profit pour permettre aux différentes parties au procès d’opiner sur les pièces fournies par le procureur militaire pour « corroborer » le rapport d’expertise de Younoussa Sanfo.

Les relevés téléphoniques qui proviennent de l’Onatel, ont été demandés par le parquet car certains accusés, notamment, le général Gilbert Diendéré, le journaliste Adama Ouédraogo dit « Damiss » et Me Mamadou Traoré, ont réfuté le rapport d’expertise le qualifiant de manipulé.

Les avocats des accusés concernés ont, en général, douté de la fiabilité de ces pièces, demandant au tribunal de les écarter.

La suite de l’audience a été consacrée à la lecture d’éléments audio mettant en cause, Biila Bénédict Jean, le colonel Abdoul Karim Traoré et le général Diendéré (Delta).

Il ressort des audio lus que les voix attribuées au colonel Abdoul Karim Traoré et le général Gilbert Diendéré étaient en connexion avec des forces extérieures, notamment, l’ex-vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Mahamadou Djéri Maïga, et des éléments extérieurs au Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui leur donnaient les positions des militaires en ville.

M. Maïga, à travers la voix qui lui est attribuée dans la conversation, a informé le général de la tenue d’une réunion à leur niveau, notant qu’ils s’organisent et qu’ils attendaient le signal du général Diendéré. Il a indiqué qu’ils sont à la frontière.

Ces conversations montrent qu’il y a eu des connexions avec des personnes extérieures au RSP, a indiqué Me Prosper Farama de la partie civile.

Quant à son confrère Me Hervé Kam, il a fait savoir que si ces écoutes n’avaient pas été réalisées, le dessein funeste des deux généraux allait prospérer.

Pour Me Latif Dabo, un des conseils du général Gilbert Diendéré, des éléments sonores lus, il n’y aucun propos du général qui montre qu’il a fait appel à des forces extérieures. « Il n’a pas donné de signe à une force pour intervenir au Burkina », a-t-il soutenu.

Selon Me Olivier Yelkouni, un autre avocat du général Diendéré, il y a une interprétation tendancieuse des propos de son client par le parquet et la partie civile, notant que dans l’audio impliquant le général Gilbert Diendéré et le Malien Mahamadou Djéri Maïga, il n’y a pas d’éléments constitutifs d’infractions de trahison. « Il n’a pas donné d’ordre pour une intervention », a-t-il renchéri.

Au total 13 éléments sonores ont été lus ce lundi 25 mars 2019.

L’audience a été suspendue vers 17h et reprendra demain mardi 26 mars 2019.

Par Daouda ZONGO