Accueil Société Procès Thomas Sankara: 20 ans de prison ferme requis contre quatre accusés

Procès Thomas Sankara: 20 ans de prison ferme requis contre quatre accusés

0

Le Parquet militaire a fait ses réquisitions le mardi 8 février 2022 dans le cadre du jugement du dossier Thomas Sankara et douze autres. Le procureur militaire a requis des sanctions allant de 3 à 30 ans de prison. Quatre accusés parmi les 14 encourent des peines d’emprisonnement fermes de 20 ans selon les réquisitions de la partie poursuivante.

Après quatre mois de jugement, le procès du dossier Thomas Sankara tire vers la fin. L’audience du jour a amorcé la phase des réquisitions qui devraient en principe situer les 14 mis en cause sur une fourchette de la condamnation ou non qui les attend. Le parquet, après avoir décrit les faits et requalifié certaines infractions, a motivé ses décisions par des éléments qu’il dit avoir tiré du dossier qui fait près de 20 000 pages.

C’est dans ce sens qu’il a demandé au tTribunal de sanctionner les accusés qui n’ont pas comparu devant sa barre à 30 ans de prison de ferme. « J’accuse Blaise Compaoré d’avoir commis l’un des crimes les plus graves » prévus par la loi burkinabè, a lancé madame la procureure militaire. Les 30 ans de prison ferme sont destinés à l’ex-président Blaise Compaoré, exilé à Abidjan en Côte d’Ivoire après l’Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, et l’adjudant-chef à la retraite Hyacinthe Kafando qui est introuvable. Ils sont poursuivis pour « attentat à la sureté de l’Etat » et « complicité d’assassinat », notamment.

Pour ces deux mis en cause du dossier emblématique, la partie poursuivante a demandé au Tribunal militaire de maintenir les mandats d’arrêt internationaux qui avaient été émis contre eux.

Quatre accusés ont écouté religieusement le parquet qui a demandé au Tribunal de leur coller 20 ans de prison ferme pour leur culpabilité dans cette tuerie qui a stoppé l’élan de la Révolution qui a des résultats indéniables sur le plan du développement. Ces accusés sont le général de brigade Gilbert Diendéré, le sergent Bossobè Traoré, le caporal Idrissa Sawadogo et le soldat de première classe Nabonswendé Ouédraogo, accusés essentiellement d' »attentat à la sureté de l’Etat » et de « complicité d’assassinat ».

La partie poursuivante a dit également au Tribunal de retenir 11 ans de prison ferme contre l’accusé Yamba Elysée Ilboudo qui, selon la partie civile, est le seul accusé parmi les éléments du commando qui ont commis le forfait à la base de la Révolution burkinabé, accepté de délier la langue. Un autre accusé, le colonel-major à la retraite, Jean-Pierre Palm, s’est vu lui aussi coller 11 ans de prison mais assorti de sursis.

Quant à l’accusé, Tondé Ninda Pascal alias « Mããng Naaba », le parquet militaire a requis 3 ans de prison ferme et une amende de 900 000 F CFA contre lui. A noter que cet accusé est un ancien chauffeur du général Gilbert Diendéré. Il est poursuivi pour « subornation de témoin ».

Le procureur militaire a laissé entendre qu’il n’y a pas de circonstances atténuantes pour les accusés parce qu’ils ne se sont pas repentis. Le parquet a aussi regretté le temps mis (34 ans) pour la tenue de ce procès attendu avec intérêt aux plans national et international depuis des années. Le parquet a signifié enfin son soulagement quant à la tenue du jugement. Ce procès, a souligné madame la procureure militaire, « soulagera les parents des victimes et (même) la Justice burkinabè car le droit a été dit » dans ce dossier qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.

A la suite des réquisitions du parquet, la défense par la voix de Me Julien Lallogo dit ne pas comprendre le quantum des peines. « Au regard de l’implication d’un accusé comme Palm Jean-Pierre, on trouve qu’il y a un problème », a déclaré à la presse, Me Lallogo qui dit ne pas comprendre également l’acquittement demandé par le parquet pour certains accusés précisément le colonel Tibo Ouédraogo.

L’épouse de feu Thomas Sankara est allée dans le même sens que la partie civile en exprimant son insatisfaction de certaines réquisitions dont la peine du colonel-major Palm. Elle a dit « déplorer » la sanction retenue contre l’officier de la Gendarmerie alors que « beaucoup d’éléments montrent sa culpabilité ». Elle a exprimé le même sentiment pour Tibo Ouédraogo à qui le parquet demande son acquittement. Mariam Sankara « espère que le tribunal va corriger » ces réquisitions lors de sa délibération.

Par Bernard BOUGOUM