Accueil A la une Procès Thomas Sankara: le général Gilbert Diendéré « isolé »

Procès Thomas Sankara: le général Gilbert Diendéré « isolé »

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Gilbert Diendéré en tenue Léopard

Le procès du dossier de l’ex-président Thomas Sankara et 12 autres, suspendu le 23 décembre dernier, a repris le mardi 4 janvier 2022. Le Tribunal a informé à l’assistance que le général Gilbert Diendéré, accusé dans l’Affaire, est souffrant et a été mis à « l’isolement pour dix jours ». Dix procès-verbaux ont été lus à cette audience.

Le Tribunal militaire a remis aux différentes parties du procès du dossier Thomas Sankara, un certificat médical attestant d’un repos médical de l’accusé général Diendéré. Outre cette information, la partie civile a soumis au Tribunal une liste de témoins à ajouter à la liste générale qui avait été déjà arrêtée. Mais le parquet et la défense ont demandé à la Chambre de jugement de rejeter la demande qui est nulle dans le fond et la forme. « Cette lettre est de toute nullité. Nous demandons respectivement à votre juridiction de faire comme si elle n’existait », a affirmé Me Mamadou Sombié.

Selon Paul Sawadogo, un témoin dont la déposition a été lue à l’audience, certains membres du commando qui a mené l’action le 15 octobre 1987 étaient au Conseil de l’Entente et avaient des armes camouflées dans leur tenue civile. Cet ancien prisonnier qui était envoyé au QG de la Révolution d’août 1983 pour l’assainissement faisait partie des détenus ayant enterré le président Thomas Sankara et ses collaborateurs, abattus froidement le 15 octobre 1987. Ce témoin fait partie des détenus qui ont enlevé la bague de mariage de l’ex-chef d’Etat pour vendre. « On ne s’est pas entendus dans le partage de la bague du président Thomas Sankara », a confié ce témoin.

La déposition du gendarme à la retraite, le lieutenant-colonel Grégoire Kambou a été également lue. Il était au service de la Division de l’Information (DI). Selon ce témoin, il y a avait de la confusion le 15 octobre 1987. « Les groupuscules politiques donnaient l’impression d’être manipulés. Nos agents de renseignements ne nous ont pas renseignés », a-t-il déclaré. Il a poursuivi que les « organisations politiques civiles n’ont pas voulu un tel dénouement », a-t-il ajouté.

A la question du juge d’instruction sur les responsables, commanditaires, les donneurs d’ordre et les exécutants, il a indiqué que c’est la sécurité rapprochée du capitaine Blaise Compaoré qui a mené l’opération. Pour lui, compte tenu de « l’importance qu’on a donnée à Hyacinthe Kafando, il a certainement fait l’action en solo avec ses éléments pour montrer sa loyauté ». Il a soutenu que l’action n’a pas été » spontanée » comme certains veulent le faire croire, car les assaillants « connaissaient le programme du président » Sankara.

Le militaire retraité, le sergent-chef Ousmane Guiré, lui, travaillait aux côtés du patron des Armées, le commandant Jean-Baptiste Boukari Lengani. Il note dans sa déposition que le commandant Lengani et Blaise Compaoré ne se sont pas vus dans la soirée ni la nuit des évènements du 15 octobre. Il soutient que Jean-Baptiste Lengani était à son domicile.

Pour le témoin Diwété Kambou, caporal à la retraite, Thomas Sankara devait être tué à Tenkodogo, en août 1987, à l’occasion de la célébration de la Révolution d’août 1983. Ce témoin a laissé aussi entendre que les commanditaires ont essayé à plusieurs reprises de le tuer parce qu’il était proche de l’ancien président Thomas Sankara.

Par Bernard BOUGOUM