Accueil A la une Procès Thomas Sankara: «L’évocation de certains noms me fait frémir» (Mousbila Sankara)

Procès Thomas Sankara: «L’évocation de certains noms me fait frémir» (Mousbila Sankara)

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Mousbila Sankara, ex-ambassadeur du Burkina Faso à Tripoli sous la Révolution, oncle de Thomas Sankara, a été appelé à la barre, le lundi 29 novembre 2021, comme témoin dans le procès de l’assassinat de son neveu et de ses douze compagnons. Après le coup d’Etat qui a porté le capitaine Blaise Compaoré au pouvoir, il a été emprisonné du 14 décembre 1987 et libéré le 3 août 1989 avant de retourner derrière les barreaux du 23 décembre 1989 au 7 avril 1991. «L’évocation de certains noms me fait frémir», a-t-il dit dès l’entame de sa déposition.

A l’audience du lundi 29 novembre 2021, trois témoins ont été à la barre. Après Philippe Ouédraogo et Ernest Nongma Ouédraogo, ce fut le tour de l’ex-ambassadeur du Burkina Faso en Libye, Mousbila Sankara.

Le 15 octobre 1987, il se trouvait du côté de New York pour la 49e session des Nations Unies. C’est de là-bas qu’il apprendra les événements du 15 octobre, mais ne savait pas réellement ce qui s’était passé. Alors, selon sa déposition, il a appelé une première fois le Conseil pour se renseigner mais il tombe sur Jonas Somé qui lui dira que «Blaise est occupé pour le moment». «Après j’ai eu Blaise lui-même au téléphone qui a dit qu’il a été débordé et on nous a eus. Il m’a même demandé de l’aider avec du matériel de maintien d’ordre, ce que j’ai fait», a narré Mousbila Sankara qui regrette de l’avoir aidé à consolider son pouvoir. «J’ai été utilisé», a-t-il dit.

Dans son audition, il déclare que c’est quand il a su réellement ce qui s’était passé qu’il a démissionné de son poste d’ambassadeur pour rentrer au pays, le 27 novembre 1987.

Rentré, il a été mis aux arrêts le 14 décembre 1987 et gardé à la Gendarmerie jusqu’au 3 août 1987. «A la Gendarmerie, on ne faisait que me frapper. Quand on me torturait Jean Pierre Palm était à côté et il riait», a fait savoir M. Sankara.

Libéré, il fut de nouveau arrêté, mais cette fois-ci gardé au Conseil de l’Entente où il a été également torturé. «Une fois au Conseil nous avons regretté la Gendarmerie qui était à ce moment un hôtel 5 étoiles», a laissé entendre le témoin. Il a passé en détention, au Conseil de l’Entente, du 23 décembre 1989 au 7 avril 1991. Pour cette arrestation il était accusé d’être au courant du coup de Boukary Kaboré dit le Lion. Il a informé la Chambre que « l’évocation de certains noms (des accusés) le faisait frémir car il a toujours de douloureux souvenir ».

L’audience a été suspendue vers 16h. L’ex-ambassadeur du Burkina Faso en Libye poursuivra sa déposition demain mardi 30 novembre 2021.

Par Daouda ZONGO