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Putsch manqué de 2015: «C’était bien pire que ce que je croyais» (lieutenant Koné)

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Des accusés dans le dossier du putsch de 2015

L’accusé lieutenant Daouda Koné appelé à la barre ce vendredi 18 août 2018, dans le cadre du procès du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 au Burkina, a laissé entendre qu’il ne savait pas que ce qui se passait était un putsch et que c’est après avoir vu certaines publications sur les réseaux sociaux qu’il s’est rendu compte que la situation était «bien pire que ce qu’(il) croyait».

Le lieutenant Koné qui a été invité à la barre, après l’interrogatoire du soldat de première classe Sidiki Ouattara, a relaté devant le tribunal, les actes qu’il a eus à poser durant la période du coup d’Etat perpétré par des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Cet officier est poursuivi, pour trois faits dans ce dossier dans lequel les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé sont inculpés. Il s’agit des faits de «complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires».

Dès l’entame de son audition, le lieutenant Daouda Koné a dit ne pas reconnaitre les faits qui lui sont reprochés. Le 16 septembre 2015, selon sa narration des faits, il était dans le camp quand son chef, le lieutenant Gorgo l’a appelé de se mettre «en tenue correcte» (tenue militaire) et venir au bureau car il y a «des mouvements au Conseil des ministres».

Quand «je suis arrivé, le lieutenant Gorgo et moi sommes allés au bureau du chef de corps Aziz Korogho (Poste de commandement). Des officiers venaient un en un. C’est après que le général Diendéré est venu dire que des autorités de la Transition sont retenues au Conseil des ministres. Il s’est excusé de nous avoir pas mis au courant au préalable», a-t-il dit dans sa déposition à la barre.

Ce lieutenant de 31 ans a confié qu’il est resté depuis lors dans le camp et s’occupait de la cuisine car il était un officier d’ordinaire, et n’est sorti que le 18 septembre 2015 pour s’occuper de la sécurisation de l’axe télévision BF1-Aéoroport à l’occasion de l’arrivée des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).   

«Je ne savais pas que c’était un coup d’Etat. Je refusais d’accepter que c’était un coup d’Etat. Jusqu’à ce que je sois ici à la barre, je n’avais pas conçu dans mon esprit qu’il y avait un coup d’Etat», a déclaré le lieutenant Koné.

L’ex-garde présidentiel, a affirmé qu’il pensait que ce qui s’est passé le 16 septembre 2015 était une crise comme ce qui se passait au camp et que pour lui des solutions allaient être trouvées.

Durant les événements, «je n’ai jamais fait usage de mon arme. Je n’ai pas fait quelque chose d’illégal. Et je n’ai pas envoyé quelqu’un faire quelque chose d’illégal», a-t-il poursuivi.

Tout au long de son interrogatoire, le lieutenant Daouda Koné qui a été interpellé le 28 septembre 2015, a fait savoir que pour lui «il n’y avait pas de problème en tant que tel. L’armée était unie». Mais il reconnait avoir sollicité un de ses amis civils de publier un message, pour lui, sur Facebook. La substance du message était : «4 véhicules de type 4×4 en direction de Bobo». A la question de savoir pourquoi un tel message, il a laissé entendre qu’il devait effectuer une mission à Yimdi (Sortie Ouest de Ouaga) pour donner de la nourriture aux éléments qui y sont et que c’est par peur de rencontrer les militaires venus de Bobo, qu’il a souhaité sa publication. Mais, selon lui le message n’a jamais été publié car son ami a refusé.

L’audience a été suspendue vers 17h, après quelques heures d’interrogatoire. Elle reprendra demain samedi 18 août 2018.

Par Daouda ZONGO