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Putsch manqué de 2015: «Je ne supportais pas le général» (sergent Nobila Sawadogo)

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Une vue des accusés dont les deux généraux Djibrill Bassolé (costume) et Gilbert Diendéré (tenue militaire) (Ph. Wakat Séra)

Le sergent Nobila Sawadogo, ex-garde de sécurité présidentiel burkinabè, accusé dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015 au Burkina, était ce lundi 23 juillet 2018 à la barre du tribunal militaire pour être entendu sur ses faits et gestes lors des événements pour lesquels il est poursuivi. Lors de son audition, il a laissé entendre qu’il «ne supportait pas le général (Gilbert Diendéré)», le présumé cerveau de la tentative de prise du pouvoir par la force sous la transition. 

L’ex-élément du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), né le 31 décembre 1985 et père d’un enfant, qui a assuré la mission de sécurité rapprochée du général Diendéré du 17 au 21 septembre 2015, a confié face aux juges qu’il ne soutenait pas l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso sous Blaise Compaoré.

«Je ne supportais pas le général. Quand j’ai appris que c’est lui qui est devenu président, j’ai dit non, je ne peux pas faire ce travail (protection rapprochée) et je cherchais un moyen pour quitter», a déclaré le sergent Nobila Sawadogo pour qui «ce n’est pas un honneur de faire partie de la garde rapprochée» de Diendéré.

Cet ex-garde présidentiel qui a nié les faits de complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires à lui reprochés, a affirmé avoir dit au caporal Léonce So, au tout début, avant même de savoir que c’était un coup d’Etat, que «c’est parce que ce n’est pas bon qu’on leur a confié cette mission de sécurité rapprochée».

Le 16 septembre 2015, le sergent Nobila Sawadogo qui n’était pas de service, aurait été en ville autour de 9h et n’a rejoint la base que vers 16h, après avoir été informé par «un ami civil» de la situation qui prévalait. «Quand mon ami m’a appelé pour me dire qu’on a enlevé les autorités, en tant que militaire (élément de la sécurité présidentielle), j’ai appelé le sergent Jean Yonli pour me renseigner. C’est là qu’il m’a dit que le major Eloi Badiel a demandé à ce que tout le monde rejoigne la base. C’est ainsi que je me suis rendu au palais», a raconté l’accusé à la barre. Poursuivant son récit, il a fait savoir que quand il a demandé au major ce qui se passait, celui-ci lui aurait dit d’aller renforcer la garde du palais avec «les jeunes», sans répondre à sa question. C’est ainsi qu’il a été embarqué dans cette histoire du putsch.

Il a par ailleurs noté que le 16 septembre, il n’est pas venu trouver son arme, ses chargeurs et sa tenue. C’est après qu’il aurait vu les chargeurs avec le sergent Jean Yonli et la Kalachnikov posée à côté de Ouékouri Kossé. Selon lui, il a retrouvé les munitions «au complet».

«Le 17 septembre 2015, le sergent Yonli est venu me dire d’embarquer et je lui ai dit que je ne peux pas embarquer sans savoir où on va et il m’a dit que c’est le major Badiel qui a dit de venir me chercher», a confié le sergent Nobila Sawadogo qui note qu’il a pris le soin de contacter le major avant d’aller assurer la sécurité du général jusqu’au 21 septembre, date à laquelle il a été relevé parce qu’il a insisté pour être déchargé de la mission.

Après avoir été déchargé de sa mission il dit être resté au camp jusqu’au 27 septembre. C’est à cette date qu’il a rejoint le camp 11/78 pour son enregistrement à l’appel de la hiérarchie militaire.

M. Sawadogo a confié avoir vu, au cours de sa mission de protection rapprochée du général, Achille Tapsoba, membre du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) ex-parti au pouvoir, venir dans les locaux où se trouvait Diendéré, sans affirmer s’ils ont été ensemble ou pas.

A la suite du sergent Nobila Sawadogo, ce fut le tour du sergent Abdoul Nafion Nébié de se présenter à la barre. Poursuivi pour quatre faits, soit csomplicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures, complicité de dégradation de biens, le sergent Nébié a rejeté les chefs d’inculpation pour lesquels il s’est retrouvé à la barre du tribunal militaire.

«Le 16 septembre 2015 et jours suivants, j’étais de garde à la radio nationale et je n’ai effectué aucune patrouille», a-t-il souligné, invitant le parquet à vérifier ces dires dans le registre de garde au niveau de la dite radio. Mais il reconnait avoir participé à la rencontre avec le président sénégalais et président en exercice de la CEDEAO, Macky Sall ainsi qu’au rassemblement au camp Naba Koom II. «J’ai été aussi donner du pain aux pèlerins» qui étaient au stade municipal. En ce qui concerne la rencontre avec le chef de l’Etat sénégalais, il a affirmé qu’il ne se souvient plus de ce qui y a été dit.

Avant d’être suspendue, l’audience s’est poursuivie avec l’audition de deux autres accusés, notamment, le soldat de première classe Medanimpo Lompo et le caporal Tuandaba Timboué.

Par Daouda ZONGO