Accueil Société Putsch manqué de 2015: « Nous ne sommes pas des démons au CDP »...

Putsch manqué de 2015: « Nous ne sommes pas des démons au CDP » (Léonce Koné, accusé)

0
Léonce Koné (ph. d'archives)

Les militants, sympathisants et cadres du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-majorité) « ne sont pas des démons », a réagi ce mercredi 17 octobre 2018, Léonce Koné, à la barre du tribunal militaire qui juge l’affaire du putsch manqué de septembre 2015. L’ex-deuxième vice-président du parti fondé par l’ex-président Blaise Compaoré réagissait ainsi face «aux harcèlements » des avocats de la partie civile qui ont été aussi interpellés par les avocats de M. Koné, notamment les ex-bâtonniers Antoinette Ouédraogo et Yérim Thiam du Sénégal.

Après avoir répondu aux questions du parquet et de la partie civile sur son « implication » au putsch perpétré par l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui a entravé la bonne marche du gouvernement de la Transition, Léonce Koné, exténué par l’enchaînement des interrogations sur ses propres déclarations et celles de son parti le CDP au moment des faits, a dénoncé un « acharnement » sur sa propre personne. C’est pourquoi il dira que le CDP est un parti responsable et républicain qui a voulu pendant le coup de force militaire affirmer sa position politique et par cela espérer des négociations qui devaient aboutir à « une solution inclusive » en vue de permettre à tous les Burkinabè de prendre part aux élections qui étaient en vue, puisque le Code électoral était contesté par des citoyens.

« Nous ne sommes pas des démons au CDP (au point) de travailler ou de nous réjouir des drames que vit le pays », a répliqué l’ex-ministre du Commerce, Léonce Koné à la suite des questions et des observations de Me Prosper Farama, avocat des victimes du putsch, qui a conclu qu’il « n’est pas étonné que M. Koné et son parti aient soutenu le putsch ».  Pour l’accusé, « au contraire, ceux qui sont nos adversaires politiques, ce sont eux qui sont les adeptes de violences de masses ».

Prenant la défense de l’accusé Léonce Siméon Koné, Me Yamba Seydou Roger, a fait observer au jugement que « depuis l’avènement des 30 et 31 octobre 2014, il y a un Burkinabè de type nouveau qui est né. Si un citoyen ne pense pas comme ce Burkinabè-là, on l’accuse ou taxe de tout », a déploré l’homme à la robe noire. Cependant, a-t-il poursuivi, « l’air de la pensée unique est révolue », estimant qu’« on peut ne pas avoir les mêmes avis mais cela ne fait pas de vous systématiquement un ennemi ».

Les deux avocats de Léonce Koné, Me Antoinette Ouédraogo et Me Yérim Thiam, ont dénoncé un « harcèlement » que le parquet et la partie civile feraient subir à leur client. Ils disent notamment ne pas voir le lien entre « les questionnements et les interpellations du parquet et de la partie civile, et le dossier » du coup d’Etat manqué qui accuse leur client. Pour eux, le procureur militaire et les Conseils de l’Etat veulent faire dans le « sensationnel ».

S’attaquant précisément à la partie civile qui poserait des « questions insidieuses » à son client, Me Antoinette Ouédraogo, une des doyennes des avocats burkinabè, a signifié que le « rôle de la partie civile est de chercher à se faire indemniser », ajoutant que M. Koné « n’est pas venu à la barre pour qu’on lui pose toutes sortes de questions ». C’est pourquoi, elle a loué la bravoure de son client car « un responsable s’assume ».

Quant au parquet, elle a estimé qu’il « fait des déductions très dommageables. Le rôle du parquet c’est l’accusation et on n’accuse pas à la tête du client. On accuse parce qu’on a des preuves », a-t-elle lancé. Poursuivant ses observations, Me Antoinette Ouédraogo, a dénoncé les déclarations de Me Prosper Farama qui tend à « accuser » son client parce qu’il « n’a pas condamné le putsch, or elle-même n’a pas condamné le (coup de force) mais pour autant n’est pas devant la barre en tant qu’accusé ».

A plusieurs reprises, Léonce Koné a répété à l’audience, qu’il est « un homme pragmatique (qui) n’a pas pour habitude de se défiler sur ce qu’il fait », maintenant les propos et déclarations qui ont été brandis comme un soutien au putsch pour son arrestation.

Lors de son passage aujourd’hui à la barre, les avocats de la partie civile en l’occurrence Me Prosper Farama et Me Guy Hervé Kam se sont plus appesantis sur les conversations téléphoniques par SMS que Léonce Koné aurait entretenus avec Me Hermann Yaméogo, aussi accusé dans cette affaire, qui impliqueraient sa probable participation ou soutien au Conseil national de la Démocratie (CND) qui a dirigé le pays pendant le coup d’Etat du 16 septembre 2015.

Par Bernard BOUGOUM