Accueil A la une Réconciliation au Burkina: «sincérité, vérité et honnêteté dans le dialogue»

Réconciliation au Burkina: «sincérité, vérité et honnêteté dans le dialogue»

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Le comité de l’Appel de Manéga a demandé à l’Etat de «s’occuper des réparations» des victimes du putsch manqué de mi-septembre 2015, face à la presse ce mercredi 5 février 2020, à Ouagadougou. Le comité a rencontré les hommes de médias pour leur expliquer sa feuille de route en vue de l’atteinte de ses objectifs qui prônent la réconciliation entre les Burkinabè, «divisés», après les troubles socio-politiques de fin octobre 2014 et de mi-septembre 2015.

La feuille de route du comité de l’Appel de Manéga se réfère historiquement à l’exemple du Rwanda et ses tribunaux «Gatchatcha» dont le mécanisme normatif était le principe du «plaider-coupable» qui a eu un succès certain et a ramené le pays à la stabilité et au développement. Ce qui montre le bien-fondé d’une telle démarche.

L’Appel de Manéga compte organiser des rencontres avec des acteurs bien ciblés. Le comité souhaite également faire la promotion de la pratique de contrition et de condamnation de l’anti valeur à travers le triptyque: Dieu – la société – la victime, ce qui signifie, «agir au nom de Dieu et pour le salut, penser à l’intérêt commun et compatir pour la victime», a affirmé son président Lookmann Sawadogo.   

Cette feuille de route, selon M. Sawadogo, prône «la justice traditionnelle, les valeurs de pardon, de tolérance et d’apaisement des cœurs et de conciliation entre les uns et les autres (victimes et coupables)». La colonne vertébrale de la feuille de route de l’Appel de Manéga recommande principalement la tenue d’un dialogue et d’un forum.

Les conférenciers ont souhaité, travailler sur les «cas des exilés politiques et autres, la justice traditionnelle, les cas de contrition, de réparations en faveur des victimes du coup d’Etat et insurrection et un Dialogue direct inter-Burkinabè (DDIB)». Pour Lookmann Sawadogo, «il faudra de la sincérité, de la vérité et de l’honnêteté dans le dialogue» pour la réconciliation.

Réagissant aux questions des journalistes, notamment, sur les procès, le comité a signifié qu’il mettra l’accent sur la prise en charge par l’Etat des dédommagements dans l’affaire du putsch manqué de 2015. « A titre humanitaire, l’Etat peut s’occuper des réparations. On demande aussi aux gens de faire des actes de contrition», a dit Lookmann Sawadogo. Quant à la réconciliation, elle doit se faire avec tout le monde, ont insisté les conférenciers du jour. «Il faut faire participer tout le monde, victimes et coupables», a conseillé le président du comité, inistant sur l’acte de contrition qui permettra à tout un chacun de faire son examen de conscience.

L’Appel de Manéga dit apprécier positivement le dernier-né des mouvements civils qui milite pour la paix et la réconciliation au Burkina, le Mouvement pour le Plaidoyer, la cohésion sociale, le retour de la paix et la réconciliation nationale (MPCRN) dirigé par Safiatou Lopez. Pour les membres de l’Appel de Manéga, la naissance du MPCRN ne pose pas de problème quand on connait le contexte social et politique, le pays des «Hommes intègres» ayant mal à son vivre ensemble. «Il n’est même pas exclu qu’à l’avenir les deux mouvements se concertent si tant est qu’ils défendent les mêmes valeurs», a laissé entendre Evariste Konseibo, membre du comité.

Par Bernard BOUGOUM