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Sierra Leone: le jour après le dimanche de feu!

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Sous haute protection, Freetown retrouve un calme (Ph d'illustration)

La bien-nommée capitale sierra léonaise Freetown est-elle libérée de ses assaillants du dimanche 26 septembre? Alors que bien des questions demeurent encore sans réponse suite à cette tentative de coup d’Etat que les autorités sierra léonaises qualifient toujours de «tentative de déstabilisation de l’Etat», le couvre-feu instauré sur tout le territoire national a été allégé, courant désormais de 21h à 6h du matin. Les événements de la veille, qui se sont soldés par un bilan officiel, sans doute non exhaustif d’une vingtaine de morts dont 13 soldats et huit autres gravement blessés, sont encore vifs dans les esprits d’une population, certes habituée aux affrontements violents de guerres civiles et de coups d’Etat que la Sierra Leone a régulièrement connus, mais, est tout de même quelque peu surprise.

Même si la réélection du président Julius Maada Bio porte le sceau de la contestation, rien ne laissait entrevoir une tentative de coup d’Etat. Au lieu de «tentative de déstabilisation de l’Etat», est-ce donc ce genre de plan anti-détracteurs orchestré par bien des pouvoirs, en Afrique, pour opérer des purges dans l’armée et mettre certains opposants trop entreprenants au pas? En tout cas, le président sierra léonais qui a appelé les populations au calme, avec la fermeté requise en pareille occasion, n’a pas manqué de promettre à son peuple que les auteurs de cet intermède dominical rythmé par les tirs d’armes automatiques, devront rendre des comptes.

Des anciens militaires et d’autres encore en activité, donc rompus au maniement des armes, seraient à l’origine de ces attaques contre une armurerie et des prisons d’où se sont évadés de nombreux détenus. Les assaillants, dont certains sont encore dans la nature tout comme les prisonniers qui ont déserté leurs cellules, ont-ils emporté des armes avec eux? S’ils ne sont pas repris, au plus vite dans leur fuite, il faudra sans doute craindre qu’ils reviennent sur leurs pas, lourdement armés, pour achever ce qu’ils ont commencé. Mais il faut également s’inquiéter de la chasse aux sorcières contre d’anciens dignitaires du pays et autres contradicteurs, empêcheurs devant l’Eternel de gouverner en rond! Question: qui a attaqué la résidence de l’ancien président Ernest Bai Koroma et tué et enlevé deux de ses gardes du corps? Autre affaire dans l’affaire!

En attendant toute la lumière sur cette affaire de «tentative de déstabilisation de l’Etat» ou tentative de coup d’Etat, Freetown a retrouvé son train-train quotidien. Même si les écoles et des commerces sont restés fermés, preuve que le calme peut n’être que précaire. Et toute paix durable dépendra certainement de la gestion par les autorités de la suite de ce dimanche de braise. Pour l’instant, contrairement à une fois précédente où il a accusé ses opposants, entre autres, de terroristes, le président Julius Maada Bio a fait preuve de modération, conscient de marcher sur des œufs. Suite à une réélection encore remise en cause, le chef de l’Etat à la recherche de légitimité, dans un pays où la moindre étincelle peut provoquer l’embrasement, doit être très fin dans la manœuvre pour ne pas relancer le cycle de la violence.

Par Wakat Séra