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Somalie : du « fromage » empoisonné pour les shebabs et la corruption ?

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Le nouveau président somalien, Mohamed Abdullahi Farmajo (@Reuters/Feisal Omar)

Mohamed Adbullahi Mohamed est le nouvel homme fort de la Somalie, depuis ce mercredi 8 février 2017. Il est le neuvième président de cet Etat de l’Afrique de l’Est où les Shebabs continuent de semer la mort, malgré les mille et un coups que leur ont portés l’Amisom, la Mission de l’Union africaine en Somalie en appui à la police et l’armée somalienne. Leur sordide réputation a même conduit les Somaliens à tenir l’élection, présidentielle soit-elle, dans un petit hangar de l’aéroport de Mogadiscio, où, les 184 parlementaires sur les 328 réunis sous haute sécurité militaire, ont porté leur choix sur l’ancien et éphémère premier ministre pour présider aux destinées de leur pays. C’est avec beaucoup de soulagement et surtout d’espoir que les Somaliens et les Somaliennes ont accueilli les résultats sortis du ventre des urnes d’une des élections présidentielles les plus incertaines de l’Afrique. Non seulement ils ne voulaient plus du président sortant, mais ils ont souhaité que leur nouveau dirigeant soit davantage proche de leur quotidien fait de précarité.

Que pourra celui qui porte le petit nom affectueux de « Farmajo », qui signifie « fromage », du fait de sa grande popularité ? Il aura très peu de marge de manœuvre dans une Somalie nouvelle où le fédéralisme s’érige en socle de gestion du pays, donnant aux provinces un poids très important. La tâche ne sera pas des plus aisées pour le jeune président de 54 ans, qui lui, surfant sur sa grande popularité acquise surtout dans la lutte sans merci qu’il avait engagée contre la corruption sous sa casquette fugace de premier ministre, voudrait bien perpétuer la force de l’Etat central. A n’en point douter, en plus de la lutte contre la corruption, l’autre challenge, auquel s’attaquera Farmajo, ce sont les crises alimentaires, la famine s’étant structurellement implantée en Somalie depuis des décennies.

Mais, à n’en point douter, l’ennemi à abattre, ce sont les shebabs, cette hydre hideuse qui fait planer en permanence la menace terroriste sur la Somalie. Bien que la police et l’armée somaliennes, fortement appuyées par l’Amisom, aient sérieusement affaibli ces terroristes toujours déterminés à créer un Etat islamique fondé sur la charia en Somalie, le danger est toujours présent. De leurs zones rurales où ils ont été contraints à installer leurs pénates, après avoir été chassés de Mogadiscio et de certaines zones qu’ils contrôlaient, ces djihadistes lancent régulièrement des attentats-suicides et des opérations de guérilla, contre des cibles situées en plein cœur de la capitale somalienne. Affiliés à Al-Qaïda, les shebabs somaliens s’adonnent à la collection macabre d’attaques les plus meurtrières, où des véhicules piégés et des combattants à pied, sont lancés contre des hôtels abritant des diplomates, des étrangers et des dirigeants somaliens.

Alors qu’eux sont déterminés à semer le chaos en Somalie, les shebabs devraient désormais avoir un « Farmajo » au travers de la gorge, lui qui aura pour mission première de ramener la stabilité dans un pays où la paix est devenue une denrée rare, pour ne pas dire une espèce en voie de disparition. Pourvu que la communauté internationale joue continue de jouer sa partition en apportant plus de moyens logistiques et financiers pour accompagner Mohamed Adbullahi Mohamed Farmajo dans sa mission de salubrité publique pour le bien d’une Somalie en quête désespérément de développement.

Par Wakat Séra