Les enfants de Feu Idriss Déby Itno, ont visiblement décidé, depuis la mort de ce dernier, de ranger au placard, cette sagesse qui, pourtant, a toujours fait recette et selon laquelle «le linge sale se lave en famille». Le dernier épisode d’une série de dissensions entre membres de la famille au pouvoir depuis 35 ans au Tchad, en dit long sur ces querelles sans fin, qui jettent sur la place publique les problèmes qui divisent les frères d’un même père. Ceux qui viennent d’en remettre une couche à ce climat familial délétère, ne sont autres qu’Adam Déby Itno et son cadet et non moins président de la république, Mahamat Idriss Déby Itno. Le premier a adressé au second, une lettre ouverte au vitriol, l’accusant de faire le malheur du Tchad qu’il mène vers le chaos.
Comme s’il n’attendait que cette occasion, Adam Déby Itno, a déversé sur son nouveau maréchal de petit-frère, toute la bile accumulée pendant la décennie de son exil égyptien. Il n’a d’ailleurs pas manqué de faire tout haut, des constats que nombre de ses compatriotes ne peuvent que susurrer, pour éviter de voir tomber sur eux, un feu plus ardent que celui de l’enfer! Pour le grand frère, son petit frère n’offre d’autres options au peuple tchadien que «la guerre civile» et «le joug sans merci» qu’il impose à ses concitoyens!
Réagissant au quart de tour, l’homme fort de N’Djamena, n’est pas passé par quatre chemins pour répondre à son aîné qui n’en pouvait plus de vivre le pire des cauchemars sur les bords du Nil, entre la solitude, la trahison et l’exclusion du clan familial. Et comme bien des observateurs s’y attendaient sans doute, la réaction de Mahamat Idriss Déby ne s’est pas fait attendre. Pire, le courroux du maréchal Déby ne restera pas dans le cocon familial, mais jeté dans la rue, par le biais d’un communiqué publié à la télévision! Piqué au vif, et mû par cette fougue, qui n’a d’égale que l’ire qu’ont provoquée chez lui les derniers propos paternalistes et colonialistes d’Emmanuel Macron qui mettait en avant «l’ingratitude» de dirigeants africains, celui qui vient, à peine, de passer de sa transition de président militaire à celle de président civil, a, martelé que son accusateur n’est animé que par la «haine» et la «jalousie» qui sont siennes depuis une dizaine d’années. Comme ils en sont devenus coutumiers à la suite de la mort du père qui était le seul à pouvoir les rassembler, en temps de tempête familiale, les Déby sont, une fois de plus en train de se livrer en spectacle, en lavant et étalant leur linge sale en public.
La division est, de plus en plus, profonde entre les membres de la famille Déby, dont l’un avait même pris fait et cause pour le cousin de Mahamat Idriss Déby, l’opposant Yaya Dillo Djérou, tué le 28 février 2024, dans l’assaut mené par l’armée tchadienne, contre le siège de son parti. En plus des différents fronts que sont, son opposition et des groupes armés aux frontières du Tchad, le maréchal Mahamat Idriss Déby doit continuer à faire face aux adversités au sein de sa propre famille biologique. Et ça c’est pas rien!
Par Wakat Séra