Accueil Editorial Terrorisme au Burkina: à chacun son otage!

Terrorisme au Burkina: à chacun son otage!

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Les deux ex-otages Patrick Picque (centre) et Laurent Lassimouillas (à gauche) sont accueillis à Villacoublay par Emmanuel Macron (au centre de dos), le chef d'état-major des armées, François Lecointre (à droite), le 11 mai 2019 (Ph. François Guillot)

Les dénouements heureux dans les prises d’otages, ne se voyaient que dans les excellents films américains avec des héros à la Rambo ou Terminator, qui pouvaient sauver même toute une planète. Mais de plus en plus, on passe de la fiction à la réalité avec la détermination et le professionnalisme des forces de défense et de sécurité, notamment des troupes d’élite qui cassent régulièrement du terroriste. La dernière libération de captifs en date eu pour théâtre le Burkina Faso, où les Macron boys, avec la collaboration des Américains et des Burkinabè, et malheureusement au prix du sacrifice de deux militaires français. C’était dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 avril. Résultat des courses, quatre otages dont une Américaine, une Sud-Coréenne et deux Français libérés. Les deux derniers, des touristes, ont été enlevés dans le Nord du Bénin voisin. Et si eux ont eu la chance de respirer de nouveau l’air si précieux de la liberté, il n’en n’est pas de même pour leur pauvre chauffeur et guide. Fiacre Gbédji, lui, a été exécuté sur place. Tout en reconnaissant le mérite aux anciens otages d’avoir une pensée pour lui, l’on ne saurait regretter que le Béninois soit l’oublié des reportages et plateaux de presse sur le sujet et les discours des autorités françaises et surtout celles de son pays, le Bénin dont il assurait la promotion en le faisant découvrir aux étrangers. Paix à l’âme de Fiacre.

Et naquit la polémique sur les acteurs directs et les simples impliqués dans cette opération commando. Un adage ne dit-il pas que si la défaite est orpheline, la victoire a toujours plusieurs pères? En tout cas, dorénavant, les règles du jeu sont claires: à chacun ses otages! Avec une célérité extraordinaire, la France qui lutte depuis des décennies contre les terroristes dans un Sahel où l’on disait sa force Barkhane dans l’enlisement, a activé les renseignements et actionné les moyens logistiques idoines pour localiser et libérer ses ressortissants, en mettant leurs ravisseurs hors d’état de nuire. C’est la preuve que vouloir c’est pouvoir, et surtout, que ce sont les moyens qui déterminent l’efficacité des armées dans ce combat contre des individus sans foi ni loi. Les Américains ont, eux, récupéré immédiatement leur compatriote à peine extirpée de la nasse des terroristes. Tout a été fait pour empêcher la complexité de la libération des otages qui serait due aux transactions entre groupes terroristes, notamment ceux basés au Mali. Et si les ex-otages, reçus avant leur départ pour la France ont exprimé leur reconnaissance aux Burkina Faso, c’est visiblement par pur respect pour ce pays où ils ont été libérés, car après, ce n’est qu’aux forces françaises que les ex-captifs rendront hommage pour les avoir sortis de l’«enfer». Pendant ce temps, les pays frappés par le terrorisme qui sème chez eux la mort et la désolation et freine toute ambition de développement, continuent à se désagréger. C’est ainsi que, alors qu’elles essayaient de tirer vers elles la couverture de la libération des otages français, sud-coréenne et américaine, les autorités burkinabè restent confrontées à la dure réalité des assauts terroristes contre leurs populations, dont le dernier en date fut la première attaque contre une église catholique, après celle contre un lieu de culte protestant. L’attaque, ce dimanche 12 mai, contre l’église catholique de Dablo, 90 km de Kaya, dans le centre-nord du Burkina, est crédité du bilan de 6 morts, dont le prêtre.

A défaut de les enrayer définitivement, il urge de réduire à leur plus simple expression ces attaques terroristes contre le Burkina Faso qui visiblement ne détient pas la solution, malgré la détermination de ses Forces de défense et de sécurité. Le manque de moyens logistiques de l’armée burkinabè et surtout de son service de renseignement contraste ostensiblement avec la puissance de feu et les stratégies affinées des terroristes. Et la force du G5 Sahel qui est toujours à la peine! Ne faut-il pas tourner le dos à cet éléphant blanc et renforcer les capacités opérationnelles des armées nationales? Question aux dirigeants des pays membres du G5 Sahel qui, s’ils ne peuvent pas être taxés de manquer de vision, manquent tout de même d’option efficace pour la défense et la sécurité de leurs territoires.

Par Wakat Séra