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Togo: les défis des premières élections de la 5e république

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Les électeurs togolais voteront pour renouveler l'assemblée nationale (Ph. d'archives)

Lundi 29 avril, jour d’élections législatives et régionales pour le Togo. 5 régions. 39 circonscriptions. 4 203 711 inscrits. 14 271 bureaux de vote. Législatives: 353 listes. 21 partis et groupements de partis politiques. Régionales: 284 listes. 179 régionaux. Ainsi se présente le tableau synoptique réalisé par la plate-forme Electeurs Togolais.

Des chiffres qui sont la preuve, s’il en fallait encore, que les élections de ce 29 avril sont plus attendues que la commémoration du 64e anniversaire de l’indépendance, qui a été marquée, de façon assez modeste, ce 27 avril, par un défilé militaire dans un format quelque peu réduit par rapport aux précédents. Du reste, la sobriété de la célébration de l’événement historique, se justifiait également par son télescopage avec la fin de la campagne électorale. Cette parade fut, tout de même, l’occasion pour Faure Gnassingbé de montrer à son peuple qu’il peut compter sur une armée dotée d’équipements modernes et d’éléments de valeur. La campagne électorale est donc venue rappeler à tous, que la préoccupation nationale majeure était ailleurs.

En effet, les enjeux des élections, notamment celles législatives, sont d’une importance capitale, car focalisés sur le balancement du Togo dans la 5e république et surtout le passage du pays, de régime semi-présidentiel au régime parlementaire. Ainsi l’impose désormais la nouvelle constitution votée le 25 mars et adoptée en 2e lecture, par l’Assemblée nationale . Du coup, la campagne électorale, dont les thèmes classiques sont la vie chère, le chômage, l’amélioration des conditions de vie des Togolais, a plutôt eu comme axe principal, le «oui» ou le «non » pour ou contre la nouvelle constitution.

Si l’opposition est toujours vent debout contre la nouvelle loi à qui elle reproche surtout la démarche qui a conduit à son adoption, la majorité qui rappelle que la constitution peut connaître des réformes selon la voie référendaire ou celle parlementaire, met en avant les mérites de la nouvelle constitution dont ceux d’économiser de l’argent par la suppression de la présidentielle et le déployer sur les secteurs de la santé, de l’éducation et du mieux-être des populations par la création d’emploi, notamment. Et, plus important, selon les partisans de la nouvelle constitution, grâce à elle, le Togo doit pouvoir tourner le dos aux violences et morts provoqués par les présidentielles qui se sont succédé.

En tout cas, les opposants togolais qui ont compris que la politique de la chaise vide les dessert à tout point de vue, car permettant, comme depuis 2018, la consécration d’un Parlement monocolore au profit du parti au pouvoir, parient sur les élections de ce lundi, pour faire bouger les lignes. L’opposition réussira-t-elle à renverser la vapeur, elle qui peut, tout comme le parti au pouvoir, se féliciter d’avoir pris part à une campagne apaisée? L’espoir est permis pour l’ANC, le FDR, la DMP, etc., la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ayant annoncé des élections ouvertes et transparentes. Certes, tous les partis et candidats indépendants n’ont pas la même assise, mais elles n’en n’ont pas moins eu les mêmes opportunités dans la pêche aux voix pour fêter la victoire au soir des scrutins doublés législatives et régionales, les premières élections de la 5e république. Le défi sera également du côté des électeurs qui seront face à deux urnes dans lesquelles ils devront glisser deux bulletins différents.

Pourvu que le vote, le dépouillement et la proclamation des résultats, soient apaisées à l’image de la campagne qui les a précédés. Et si revendications il y a, qu’elles soient portées devant les juridictions compétentes, afin que le Togo chasse, définitivement, les démons de la violence qui rôdent toujours autour des bureaux de vote dans un pays où les populations aspirent plutôt au développement.

Par Wakat Séra