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Traite des migrants: Le Burkina rappelle son ambassadeur, la Libye annonce l’ouverture d’une enquête

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L’Etat burkinabè a rappelé ce lundi 20 novembre 2017 son ambassadeur à Tripoli pour « protester » contre la traite des migrants noirs en Libye, dénoncée ces jours-ci par des hommes politiques, des activistes, des artistes musiciens et des stars du football notamment, après qu’un reportage sur la chaîne américaine CNN a provoqué l’indignation générale. Face à cette situation, la Libye annonce l’ouverture d’une enquête en vue de situer les responsabilités.

Le président Roch Marc Christian Kaboré à la suite du scandale libyen a décidé de « rappeler notre ambassadeur à Tripoli, le général Abraham Traoré pour consultation. Le président du Faso tient non seulement à être informé de toute la situation avant le sommet d’Abidjan du 29 novembre qui va se pencher sur cette situation en Libye », a déclaré le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, face à la presse à Ouagadougou.

« Nous a tous été choqués par les images que nous avons vues avec le reportage de CNN. Le choc a été chez tout le monde, les populations mais également les autorités à commercer par le chef de l’Etat Roch Kaboré (qui) a demandé ce matin de convoquer le chargé d’Affaires de l’ambassade de Libye, Abderrahmane Khamada, ce qui a été fait », a affirmé le chef de la diplomatie burkinabè.

Cette réaction de l’Etat vise à « dire toute l’indignation du peuple burkinabè face aux images qui ont été vues sur ce reportage et également condamner ce qui se passe en Libye », a-t-il soutenu, ajoutant que « le Burkina Faso n’est pas content de ce qui se passe en Libye vis-à-vis des migrants africains y compris les Burkinabè qui sont là-bas ».

D’ailleurs, «à ce jour (le Burkina) compte une trentaine de personnes qui sont dans les camps, en attente de rapatriement de la Libye. On n’a pas le chiffre exact des Burkinabè qui y sont « parce qu’on est toujours informé que de ceux-là qui veulent revenir volontairement au pays », a noté M. Barry qui a souligné que « la dernière fois que nous en avons rapatrié en accord avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), cela a concerné 122 Burkinabè. Depuis 2011 jusqu’à maintenant, il y a eu plusieurs vagues de rapatriement et le chiffre total s’élève à 1 912 migrants (burkinabè) que nous avons rapatriés de la Libye ».

Le Burkina qui doit gérer une autre situation avec des migrants irréguliers aux Etats Unis, au mois de décembre, travaillera à rapatrier par un vol charter en provenance des USA, « cinq à huit Burkinabè », a annoncé Alpha Barry.  

Deux heures après la conférence de presse du ministère des Affaires étrangères, le Chargé d’Affaires de la Libye, Abderrahmane Khamada, a tenu aussi une conférence de presse à Ouagadougou, à l’ambassade, pour rassurer les journalistes que son pays a demandé l’ouverture d’une enquête concernant la vidéo postée par CNN mais a aussi demandé que les communautés internationales notamment l’Union européenne, aident son pays, la Libye, à retrouver sa « stabilité ».

« La Libye est un pays de transit. La Libye toute seule sans l’aide de la communauté internationale ne pourra pas venir à bout du phénomène de la migration », a estimé M. Khamada, qui a également appelé les pays africains à travailler de sorte à avoir des « emplois » pour retenir leurs jeunes qui sont prêts à tout pour aller chercher ailleurs.

Il a en outre, dénoncé l’attitude « irresponsable » de certains pays africains dont il n’a pas dévoilé les noms, qui « n’ont pas voulu prendre l’engagement de rapatrier leurs compatriotes ». Il a jouté que malgré les récriminations faites à l’encontre de son pays actuellement, les « gardes côtes libyennes sauvent des migrants presque tous les jours».

S’il a reconnu que la question de la migration est « triste », Abderrahmane Khamada s’est aussi interrogé si tout ce qui se passe autour de cette question aujourd’hui ne procède pas d’un « piège ou de la complicité ».

A noter que des dizaines de personnes ont marché ce matin en direction de l’ambassade de la Libye à Ouagadougou pour condamner et dénoncer la traite des migrants.

Par Mathias BAZIE