Une douche froide, et même glaciale! C’est ce qui vient d’arriver, ce mardi 22 avril, au candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam. L’ancien banquier et successeur de Henri Konan Bédié à la tête du plus vieux parti politique de la Côte d’Ivoire, par une décision de justice, est radié de la liste électorale. Il ne peut être ni électeur, ni éligible, selon ce jugement. Pour la juge du tribunal de première instance d’Abidjan, au moment où il s’inscrivait sur la liste électorale en 2022, le champion du PDCI-RDA, ne jouissait plus de la nationalité ivoirienne. Ce qui va à l’encontre de l’article 48 du Code de la nationalité, selon lequel un Ivoirien majeur perd la nationalité ivoirienne au bout de 15 ans, si de son plein gré, il a acquis une autre nationalité. Or, avant de demander à en être déchu, Tidjane Thiam avait, la nationalité française. Problème, le fameux article 48 ne peut être appliqué à Tidjane Thiam, s’opposent, vigoureusement, les avocats du président du PDCI. Documents à l’appui, ont-ils affirmé, ils ont démontré que leur client est né Français et donc ne peut être visé par cette disposition du Code de nationalité.
Dura lex sed lex! Dure est la loi, mais c’est la loi! Et la loi, nul n’en n’est au-dessus! Mais dans ce contexte ivoirien, où la cocotte-minute est au bord de l’explosion, depuis l’approche du scrutin présidentiel d’octobre de cette année, faut-il appliquer cette loi dans toute sa rigueur, alors que le principe est établi, qu’il y a la loi et l’esprit de la loi? La symphonie inachevée de la réconciliation dont Alassane Ouattara s’est fait le chantre, ne recommande, ni plus, ni moins qu’une présidentielle inclusive, démocratique et transparente. A moins de vouloir faire monter davantage le mercure sociopolitique, le pouvoir en place serait bien inspiré de revoir l’exécution de cette décision de justice qui ne peut que réveiller les démons de la violence qui ne dorment que d’un œil, depuis les parenthèses sanglantes post-électorales de 2010. Surtout que cette mise à l’écart de Tidjane Thiam que nombre d’Ivoiriens voyaient venir et craignaient, vient s’ajouter à celles de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro, en exil, et de l’ancien ministre Charles Blé Goudé. S’il est vrai que ces radiations sont de source judiciaire, il est aussi prouvé que le climat sociopolitique doit être une constante dans les options de gouvernance.
En tous cas, Tidjane Thiam, qui appelle à des pourparlers, reste persuadé qu’il prendra part à la course à la présidentielle dont vient de l’écarter la justice de son pays. Il l’a affirmé, il n’y aura pas d’autres plans, comme ce fut le cas au Sénégal, quand, mis hors-jeu par la justice, Ousmane Sonko, le candidat des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), a désigné son alter égo, Bassirou Diomaye Faye, pour compétir à sa place. Et, finalement, les deux hommes, ont quitté la prison, pour se retrouver aux affaires, le premier comme Premier ministre et le second comme président de la république. Les faits seront-ils autant têtus, au point de faire ressembler la situation ivoirienne à celle sénégalaise? On est encore bien loin de cette similitude presque parfaite, car, même s’il arrive à se faire réinscrire sur la liste électorale, par mesure exceptionnelle, car la justice a tranché, Tidjane Thiam, 62 ans, devra faire face à Alassane Ouattara, 83 ans. Ce dernier, sans l’avoir affirmé officiellement, n’en n’est pas moins, selon ses partisans, le «candidat naturel» du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Quelle sera l’attitude de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine, face à cette grenade dont le goupil sauté, ne peut que provoquer des déclarations qui feront mal, très mal dans la sous-région? Pourvu que les dieux de la sagesse fassent descendre leur souffle sur ce pays de l’hospitalité et de la fraternité, qui a connu, avec Alassane Ouattara, un bond appréciable en matière d’infrastructures et, selon, une étude menée par l’Université d’Oxford, en Angleterre, est le pays le plus heureux de l’Afrique de l’ouest.
Une chose est certain, les Ivoiriens sauront toujours trouver le ressort nécessaire pour transcender ce genre de difficulté liée à la présidentielle! C’est le pire qu’on puisse souhaiter à la Côte d’Ivoire!
Par Wakat Séra