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Ainsi donc, Wagner est au Mali!

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Vladimir Poutine (à gauche) et Evguéni Prigojine regardent-ils toujours dans la même direction? (Ph. d'illustration)

En attendant que la fameuse rébellion de Wagner contre les autorités militaires russes révèle tous ses dessous, tenants et aboutissants, ce sont d’autres secrets, bien que de polichinelle, qui arrivent de Moscou. C’est ainsi que le monde entier est désormais au courant de ce qu’il…savait déjà: les paramilitaires de Wagner sont bien présents au Mali. L’information est de source A et ne peut être plus officielle. Wagner continuera d’opérer au Mali et en Centrafrique. Ainsi parla, sans ambages, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dans une interview qu’il a accordée au média russe RT. Et le missi dominici du propriétaire, pardon du locataire de Kremlin, de préciser que dans ces deux pays africains, les hommes de Wagner travaillent comme des «instructeurs». Rien de nouveau sous le chaud soleil de Bamako, pourrait-on dire!

Sauf que les militaires aux commandes de la transition au Mali n’ont jamais reconnu être en couple avec Wagner dont les prestations coûtent les yeux de la tête, alors que les populations maliennes sont loin de vivre l’eldorado. Pire sous la forte tension des attaques terroristes qui les endeuillent et en font des exilés sur leur propre territoire ou dans les pays voisins, les Maliens ne savent plus à quel saint se vouer. Et s’il faut encore honorer les factures salées de Wagner, avec l’argent des contribuables ou hypothéquer le riche sous-sol malien, l’équation ne peut qu’être à plusieurs inconnues dans un pays qui cherche à retrouver son aura d’antan. Surtout que cet argent servi à Wagner aurait pu contribuer au renforcement des capacités des Forces armées maliennes (FAMa) dont les chefs militaires de Bamako ne cessent de vanter la «montée en puissance».

Sur les berges du Djoliba où elle est déclarée non grata, la Minusma a certainement trouvé remplaçant depuis fort longtemps. En effet, amoureux transi de la Russie, à qui il fait la place, et toute la place, le pouvoir de la transition malienne qui a ouvert la chasse à la France, à d’autres pays européens et, entre autres, à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, ne pourra plus faire aucun mystère sur ses nouveaux partenaires venus de Moscou. En tout cas, si Wagner est absorbé par Kremlin comme cela se dessine de plus en plus, le Mali est sauvé, car il ne sera plus confronté au dilemme inconfortable de choisir entre le groupe paramilitaire et l’Etat de Russie, soit entre Evguéni Prigojine qui voit ses efforts de sauver son fonds de commerce réduits à néant et Vladimir Poutine qui ne s’accommode plus visiblement de ce statut «d’armée dans l’armée» de Wagner.

En tout cas, tant à Bamako qu’à Bangui, des illusions se sont bien évanouies quant à la puissance sans mesure conférée aux hommes de Wagner qui ont dû revenir sur leurs pas alors que leur patron avait promis un assaut sur Moscou. Ainsi donc, l’avant et l’après rébellion du 24 juin constitueront désormais des époques bien différentes dans les relations entre la Russie et les pays africains qui ont accueilli Wagner à bras ouverts, sous le voile de la «coopération Etat-Etat».

Tromperie griffée Poutine ou véritable rébellion portant la marque de Prigojine, cet événement du 24 juin n’a pas fini de livrer toutes ses conséquences, surtout sur un continent africain ouvert actuellement à tous les vents, d’où qu’ils viennent, au nom de la fameuse «diversification des partenaires extérieurs».

Par Wakat Séra