Accueil A la une Arrestation de chefs terroristes: barka* Bazoum, barka Barkhane!

Arrestation de chefs terroristes: barka* Bazoum, barka Barkhane!

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Militaires nigériens

Abou Maryam alias Zaïd est le «procureur général de l’EIGS». C’est lui qui prononce les jugements de tous les otages de la zone des «3 frontières». Sauf que son sort à lui sera décidé bien loin du tribunal de l’Etat islamique au Grand Sahara au sein duquel il officiait. Sita Ousseini alias Loukoumane, lui est cadre opérationnel EIGS dont la compétence s’étend sur les deux frontières du Niger et du Burkina, dans la région de Téra. Il serait l’un des artisans macabres de l’attaque terroriste qui a frappé Seytenga dans la province du Séno, région du Sahel, nord du Burkina, dans la nuit du11 au 12 juin. Plus de la centaine de morts a été comptabilisée. Les deux têtes des chefs terroristes,  ont, du reste, été mises à prix par le Burkina Faso, celle du «procureur» pour 150 millions de francs CFA et celle de son compère cadre opérationnel pour 175 millions de francs CFA.

Le magot de la récompense misée pour attraper, morts ou vifs, ces combattants du mal, sera-t-il partagé entre le président nigérien Mohamed Bazoum et son homologue français Emmanuel Macron? Probablement pas, car ils ne sont pas des chasseurs de primes du Far West, même si c’est grâce à leur engagement dans la lutte contre le terrorisme que l’armée nigérienne et la force française Barkhane, dans une opération conjointe, ont mis hors d’état de nuire plusieurs terroristes et capturé deux des chefs de l’EIGS, «wanted» au Pays des hommes intègres. C’était dans la redoutée zone des «3 frontières», partagée par le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Comme quoi, même loin du Mali d’où elle a été éjectée par les militaires au pouvoir, Barkhane continue de couper des têtes de l’hydre terroriste, en parfaite intelligence avec des soldats tout autant valeureux du Niger, le pays qui a donné gîte et couvert à une partie de la force française.

Mais plus que le succès, sans doute un parmi tant d’autres, de l’opération Munatare 4, c’est l’union qui fait la force des alliés nigérien et français qu’il faut saluer. Du reste, ayant peut-être eu raison trop tôt, le président nigérien, Mohamed Bazoum est l’un de ceux qui sont persuadés que pour vaincre le terrorisme qui frappe le Sahel où se sont enkystés les groupes armés, qu’ils soient de l’EIGS ou du Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, la seule solution est de mutualiser les forces. D’où l’appel constant du chef de l’Etat du Niger à l’endroit du Mali à reprendre sa place au sein de la force conjointe du G5 Sahel dont l’avait retiré les maîtres militaires de Bamako.

Cette recette de s’unir, pour affaiblir la bête féroce terroriste, et, le cas échéant, lui porter l’estocade, loin d’être miraculeuse, tient simplement du plus élémentaire des bons sens. Le «modus operandi» des assaillants étant de frapper dans un pays pour replier dans un autre, les frontières africaines héritées de la colonisation étant des plus poreuses, il est plus que temps de faire un bloc commun, pourquoi pas sous la bannière du G5 Sahel ou celle plus élargie de la CEDEAO, avec le soutien de partenariat Etat-Etat, pour couper toute retraite aux forces du mal.

En tout cas, si «nous sommes ensemble» comme l’armée nigérienne et la force française dans l’opération Munatare, les terroristes qui endeuillent au quotidien, les armées et les populations civiles dans le Sahel et ciblent désormais les pays du Golfe de Guinée, ne peuvent qu’abdiquer. Questions: que deviendront les captifs de Munatare? Seront-ils remis aux autorités burkinabè qui ont mis leurs têtes à prix? Serviront-ils de monnaie d’échange, comme cela a été récemment le cas au Mali, où des chefs terroristes, en l’occurrence Dadi Ould Chegoub et Omaya Ould Albakaye qui avaient également été arrêtés par la Force française Barkhane, ont été remises aux leurs, par les chefs militaires maliens en quête de paix pour, entre autres, organiser des élections dans ces régions de leur pays aux mains des terroristes?

En attendant de trouver réponse à ces interrogations qui posent clairement l’équation de la négociation avec les terroristes, le Sahel peut dire «barka», c’est-à-dire «merci», à l’armée nigérienne et à la force française Barkhane pour ces deux belles prises! Mais ce n’est qu’une victoire d’étape, tant la guerre semble s’étirer sans fin!

Par Wakat Séra

* «barka» de la langue locale mooré  signifie merci en français