Accueil Editorial Assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon: Hollande épaissit le brouillard

Assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon: Hollande épaissit le brouillard

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François Hollande, le témoin amnésique (Ph. afriquenewsinfo.wordpress.com

François Hollande et Bernard Bajolet voudraient épaissir le brouillard autour de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon qu’ils n’auraient pas agi autrement. Entendus pour la première fois comme témoins dans l’affaire de la mort des journalistes de Rfi, enlevés et lâchement tués, le 2 novembre 2013, à Kidal dans le nord du Mali, les deux personnalités ont nié l’existence de fameuses écoutes téléphoniques qui auraient pu constituer des éléments déterminants dans l’enquête pour retrouver les auteurs de cette ignoble forfaiture. Diserts devant des hommes de presse à qui ils auraient révélé l’existence de cette bande sonore bien entendu en off, l’ancien président et l’ex patron de la Direction générale de la sécurité (DGSE) français ont miraculeusement perdu la mémoire sur le sujet devant la justice. Pour eux, ces écoutes n’ont jamais existé et leurs traces ne se retrouvent nulle part dans les documents déjà déclassifiés sur cette affaire nauséabonde et nauséeuse pour l’Etat français. «Vous avez gâché la marchandise», aurait dit un présumé commanditaire à un présumé exécutant sur la conversation qu’aurait intercepté la France. Mais finalement, ceux qui pouvaient en parler disent que ces mots échangés dans le cadre de la sordide mission sont devenus subitement amnésiques.

Raison d’Etat ou secret défense? L’un ou l’autre argument ne font que mettre en exergue la précarité de cette noble profession exercée par des hommes et femmes qui mettent au quotidien leurs vies en danger pour informer leurs semblables. Si ce sacerdoce s’accommode aussi mal avec les intérêts du pouvoir dans le pays dit des droits de l’homme, il ne peut qu’être mis à mal ailleurs où les dictateurs et autres prédateurs de la démocratie et de la liberté d’expression s’en fichent comme de leurs premières chaussettes. C’est dire combien les confrères et les proches de Ghislaine Dupont et Claude Verlon seront amers, car ils assistent comme à une deuxième mort des deux journalistes. A n’en point douter, Ghislaine et Claude sont de simples moutons de sacrifice dans cette hideuse affaire de lutte contre le terrorisme dans laquelle, certains pays et dirigeants, à tort ou à raison, sont taxés de tirer des profits inestimables. Certes, la guerre contre les djihadistes est dite asymétrique, mais beaucoup de faits troublants laissent les citoyens lambda assez perplexes. Des terroristes notoirement reconnus et dont le gîte n’a de secret que pour peu de personnes, surtout pas pour les services…secrets, circulent la plupart du temps comme s’ils n’étaient pas inquiétés du tout. Comme si des deals sont établis entre eux et ceux qui nous dirigent ou les fameuses puissances de ce monde qui disposent de la logistique adéquates pour décapiter l’hydre dont les têtes repoussent dès que coupées, mais en réalité mal coupées.

Sans jeter la pierre à François Hollande et Bernard Bajolet qui ne font que se défendre, c’est plutôt aux Etats qui font le jeu des terroristes qu’il faut s’en prendre. Ce sont les mêmes qui, par le jeu du commerce inéquitable et certains le maintien d’autres pays dits sous-développés dans l’indigence, qui en font des terreaux fertiles pour des terroristes toujours insatiables. En tout cas, les âmes de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon errent et crient toujours justice dans le Sahel que les terroristes ont pratiquement mis sous couple réglée. Pourvu que sonne incessamment l’heure de la vérité sur leur mort ignoble, afin que leur famille biologique et celle de la presse fasse convenablement leur deuil.

Par Wakat Séra