Accueil A la une Attaques armées: le Bénin a mal à son nord!

Attaques armées: le Bénin a mal à son nord!

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Les Forces armées béninoises font désormais face à l'hydre terroriste (Ph. d'illustration)

Le Bénin va-t-il également se laisser déposséder de son nord comme d’autres pays africains, notamment ceux du Sahel risquent de perdre les leurs? Rien n’est moins sûr, avec l’acharnement des groupes terroristes contre cette partie du pays qui, au cours des années précédentes, a subi plusieurs attaques armées. Au cours du mois de janvier, dans la même région, dans le département de l’Atakora, deux soldats béninois ont été tués dans l’explosion d’une bombe artisanale. Avant cette tuerie, l’enlèvement, dans le parc de la Pendjari, le 1er mai 2019 de deux Français, d’une Sud-Coréenne et d’un Américain, sauvés par les soldats de Barkhane en territoire burkinabè et la découverte, le 4 mai, du corps sans vie de leur guide béninois, Fiacre Gbédji, avaient introduit par la suite la liste des attaques terroristes au Bénin. D’autres attentats, ou attaques déjouées, ont également été déplorés, mais le plus meurtrier dans l’histoire récente du Bénin, est bien celle de ce mardi, dans le parc national du W. le bilan de 7 morts, soit un soldat, cinq rangers et leur instructeur français, en dit long sur les intentions des assaillants.

Si l’attaque n’a encore fait l’objet d’aucune revendication, il n’en demeure pas moins que le modus operandi utilisé, apanage des groupes djihadistes, laisse planer peu de doute sur ses auteurs. De plus, ce parc que le Bénin partage avec le Niger et le Burkina Faso devient de plus en plus un repaire pour terroristes liés au Groupe de soutien à l’Islam et au musulmans (JNIM) et à Al Qaïda et sans doute à l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS), groupes terroristes qui écument le Sahel, principalement le Burkina Faso, le Niger et le Mali. N’en déplaise à certains, qui feignent d’ignorer l’expansion du terrorisme dans le Golfe de Guinée, les pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo sont désormais dans l’œil du cyclone. Le tourisme, la quiétude des populations et plus généralement la vie, sont simplement sous la menace de ce terrorisme qui endeuillait déjà au quotidien, Burkinabè, Nigériens Maliens. Et Nigérians, voisins du Bénin, confrontés à la hargne destructrice de Boko-Haram.

Et comme les forces du mal trouvent toujours terrains fertiles dans des Etats, comme le Bénin, où les guéguerres politiques et l’acharnement du pouvoir contre opposants et organisations de la société civile font rage, le pays de Patrice Talon a bien du souci à se faire. Du reste, le Bénin qui fait frontière avec des pays sahéliens qui subissent une forte pression des terroristes et bandits de tout acabit, ne pouvait échapper aux assauts de l’hydre terroriste. On ne saurait occulter les frictions entre agriculteurs et éleveurs qui fragilisent la cohésion sociale dans beaucoup de pays africains dont le Bénin.

De plus, comme ailleurs, le Nord du Bénin et d’autres régions de l’intérieur ne bénéficient pas de la même attention des dirigeants en matière de développement. Le nord a été longtemps assimilé à une zone où parviennent, peu ou prou, les infrastructures innovantes qui font la splendeur des villes du sud, particulièrement de la capitale économique Cotonou, d’où cette distinction négativiste entre sudistes et nordistes au détriment des seconds. Certes, le changement de paradigme est en cours, mais est loin d’avoir atteint son rythme de croisière, pour équilibrer la balance.

Le chapelet de facteurs pouvant favoriser l’installation ou la percée du terrorisme au Bénin devient de plus en plus fastidieux à égrener. Il s’impose, maintenant ou jamais, aux autorités béninoises l’urgence d’élaborer les stratégies, et les bonnes, pour extirper le ver terroriste du fruit. Plus tard sera trop tard!

Par Wakat Séra