Accueil A la une Bassirou Diomaye Faye, un président au pas de course!

Bassirou Diomaye Faye, un président au pas de course!

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Echanges entre Bassirou Diomaye Faye, le nouveau président élu du Sénégal (à gauche) et Macky Sall, le président sortant.

Tout ira tès vite dans les prochaines heures pour l’installation du nouveau président du Sénégal. Surtout que jusqu’à ce jeudi, le Conseil constitutionnel n’a reçu aucun recours en ce qui concerne le coup de marteau de Bassirou Diomaye Faye, dans une présidentielle qu’il a remportée dès le premier tour. Déjà, à l’instar des footballeurs qui prennent contact, la veille, avec la pelouse sur laquelle ils doivent évoluer le lendemain, Bassirou Diomaye Faye a fait connaissance avec le palais présidentiel dont il sera, bientôt, le prochain locataire, quand Macky Sall aura tiré la fermeture de son dernier sac.

Le président sorti, qui a reçu en audience son successeur, ce jeudi 28 mars, dans une ambiance de grande courtoise, selon les images, doit avoir quitté les lieux, le 2 avril, délai de rigueur constitutionnelle. Ça sera non sans pincement au cœur que Macky Sall partira, tout adieu ayant sa part de tristesse et de nostalgie. En attendant, avant la réception officielle du témoin présidentiel, le nouveau président élu, sait déjà où il doit accrocher son bonnet, pendre son boubou, et déposer ses babouches.

L’autre ému de cette visite présidentielle n’était autre qu’Ousmane Sonko, qui accompagnait son candidat de substitution, en français facile, celui qui a pris sa place. Le leader du Pastef dissous, même s’il s’est approché de très près du fauteuil présidentiel qui lui était destiné, mais, pour la circonstance, est revenu à son lieutenant et ancien collègue inspecteur des Impôts, il ne pourra rêver s’y asseoir, en principe, qu’au bout de cinq ans. Car, il n’y pas de place pour deux capitaines dans le même bateau, encore moins pour deux présidents dans le même palais!

Et si, l’appétit venant en mangeant, Bassirou Diomaye Faye qui aura goûté aux délices du pouvoir, réussit à prolonger son bail de cinq nouvelles années, comme le lui permet la constitution, son mentor devra encore ronger son frein, pour finalement 10 ans. A moins que les deux alter egos trouvent le mécanisme qui fera d’Ousmane Sonko, président de la république plus tôt.

En attendant, le constat est net que la présidentielle sénégalaise de ce dimanche 24 mars a permis à Bassirou Diomaye Faye (BDF) de battre bien des records. En effet BDF est devenu le premier président sénégalais qui, à une semaine du vote, se trouvait encore en prison. Il est le premier plan B d’un candidat qui devient président de la République. C’est le premier candidat de l’opposition à gagner, haut la main, une élection présidentielle dès le premier tour, alors que bien des observateurs voyaient en lui, un bon deuxième derrière le cheval du pouvoir. C’est aussi, à 44 ans, le plus jeune président élu de l’Afrique, qui a confirmé qu’au Sénégal aussi «aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années». C’est encore le premier président issu des rangs de l’opposition sénégalaise, à pulvériser ses challengers, reléguant, en dehors de son poursuivant direct, Amadou Ba, tous les autres candidats, à des scores anecdotiques. C’est aussi, le premier candidat anti-système, candidat d’un parti dissous, le Pastef de son leader Ousmane Sonko, à devenir président de la république.

Et, pour écourter le chapelet des prouesses de ce jeune premier, c’est le président dont l’élection a été rapide et sans bavure, son prédécesseur, Macky Sall ayant mâché le travail pour lui! Il faut le reconnaître, la grande majorité des électeurs de Diomaye Faye n’ont pas voté pour lui, mais contre son vis-à-vis qui portait toutes les récriminations contre un régime qui persécuté ses opposants et dont le chef a voulu prolonger son mandat après avoir été contraint de déclarer qu’il quittait les affaires après ses deux baux constitutionnels de 12 ans. C’est donc ce nouveau président qui sera, regardé, encore longtemps, comme une curiosité politique, que le Conseil constitutionnel s’apprête à investir dans quelques jours.

Avec ses 54,28%, soit 2 434 751 électeurs, Bassirou Diomaye Faye, s’il reste dans les sillons creusés de concert avec son mentor Ousmane Sonko pour une gouvernance de rupture, axée sur la justice et l’équité, gardera visiblement cette légitimité dont il jouit déjà depuis son presque plébiscite du 24 mars. Et s’il essaie de dévier de sa trajectoire, et va contre l’intérêt général, certainement que le peuple sénégalais, qui ne transige pas avec ses principes, libertés et valeurs, démocratiques, se fera le devoir de lui rappeler ses nobles idéaux de départ.

Pour le moment, les planètes sont alignées pour Bassirou Diomaye Faye qui doit pouvoir préparer sereinement son discours de président investi et son allocution de chef de l’Etat, à l’occasion, ce jeudi 4 avril, de la fête nationale, marquant la commémoration du 64e anniversaire de l’indépendance du Sénégal.

Par Wakat Séra