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Bénin: coup de Talon dans la démocratie!

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Quel avenir politique pour le Bénin? (Ph. d'illustration: beninmondeinfos.com

La journée du 1er mai consacré à la traditionnelle fête du Travail dans le monde était bien chaud au Bénin. Non pas à cause des syndicats des travailleurs qui ont l’habitude de se taper quelques minutes de marche pour remettre à leur ministre de tutelle, leur cahier de doléances presque jamais satisfaites les années précédentes, et dépoussiéré à l’occasion. Ce 1er mai porte une grosse tâche noire au Bénin, parce que le chef de l’Etat qui a tenu, envers et contre tous, des élections législatives sans opposition et sans électeurs, s’entête à poignarder la démocratie dans le dos, en refusant de mettre un frein au processus électoral. Patrice Talon, dans son entreprise suicidaire s’oppose à toute exhortation de mise à l’arrêt de ces législatives de malheur. Pire, il ajoute le Bénin à la liste des pays africains où la violence, les embastillements arbitraires, les menaces d’arrestations, complètent les exils forcés d’opposants comme mode de gouvernance. Une dérive autoritaire sans précédent auprès de laquelle les années de braise de la révolution marxiste-léniniste qui ne supportait pas la contradiction, donc les «réactionnaires», sont comme des moments de délices. Rien ne semble pouvoir arrêter le président Talon qui n’a de conseiller que lui-même, ce qui lui fait prendre ses lubies pour la réalité.

Les mêmes causes de la gouvernance inique provoquant toujours les mêmes effets de révolte des populations, les Béninois dont l’orgueil légendaire doublé de leur fierté légitime de nation de démocratie, n’ont pas hésité à descendre dans la rue pour déverser leur ire. Malheureusement, cette colère légitime s’est exprimée dans la violence, notamment des incendies de voitures et de bâtiments, des casses et bien d’autres actes de destruction. En un mot, après des localités du nord du Bénin, c’est Cotonou qui était en feu ce mercredi 1er mai. La tentative d’arrestation de l’ancien président du Bénin, Thomas Boni Yayi, à sa résidence du quartier populaire de Cadjèhoun, bien entendue démentie par les responsables de la police, a été comme le carburant qui a attisé le feu. Comme l’autre ancien chef de l’Etat, Nicéphore Soglo, et tous les autres responsables de l’opposition, Boni Yayi a déclaré la guerre à son successeur pour lui rappeler que le Bénin ne pouvait plus s’accommoder de coup d’Etat, qu’il soit militaire ou maquillé du manteau de législatives dont le dessein caché pourrait bien être une modification de la constitution. Cet objectif sera d’autant plus aisé pour Patrice Talon, qu’il aura à sa solde, un parlement monocolore composé des députés des seuls partis qu’il a parrainés lors des législatives de la discorde. Pour les Béninois, trop est trop! Et il fallait le dire au président «s’en fout la mort» qui a pris l’option de faire connaître au Bénin un recul démocratique sans commune mesure.

Comment redonner au Bénin sa quiétude et le remettre sur la voie de la démocratie, ce pays figurant depuis 1990, année de sa conférence nationale, dans la short list des pays africains engagés véritablement dans le processus démocratique? En tout cas, la solution est loin de se trouver dans la violence inouïe des populations qui ont déversé leur trop plein de frustrations, encore moins dans la répression aveugle dont font preuves Patrice Talon et ses sbires. Si le président Talon doit de toute urgence retrouver le nord qu’il a perdu, au propre comme au figuré, il est, tout simplement, important pour les Béninois de trouver le modus vivendi nécessaire, en se retrouvant sous l’incontournable arbre à palabres où prennent fin, les dissensions et guerres. Même les plus longues. Enfants du Bénin debout, comme le disent les premiers mots de l’hymne national du pays des héros. Béhanzin, kaba et Bio Guéra.

Par Wakat Séra