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Burkina: «25,7% des femmes en âge de procréer ont subi des Violences entre partenaires intimes en 2019»

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L’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP)de l’université Joseph Ki-Zerbo a présenté ce vendredi 3 février 2023 les résultats des modules portant sur la Planification familiale (PF) et les Violences faites aux femmes et aux filles (VFF) de la plateforme de recherche PMA, aux membres de l’Association des journalistes et communicateurs en population et développement (AJC/PD). Selon l’étude, «25,7% des femmes en âge de procréer ont subi des Violences entre partenaires intimes (VPI) et 16,2% des violences au sein de leurs ménages (en 2019) Burkina Faso», année sur laquelle a porté l’enquête menée entre 2020 et 2021.

La Violence entre partenaires intimes (VPI) est courante au Burkina Faso où près d’une femme sur dix ont subi des VPI physiques ou sexuelles en 2019, année sur laquelle a porté l’enquête de l’’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l’université Joseph Ki-Zerbo, la plus grande université du Burkina Faso. Elle a été fait dans le cadre du projet PMA (Performance monitoring for action) visant à non seulement faire connaître le phénomène pour choquer l’opinion mais à guider ainsi les actions des décideurs.

Une vue des participants à la restitution des résultats de l’enquête portant sur la Planification familiale et les Violences faites aux femmes et filles

Après avoir salué les journalistes pour leur présence et félicité les enquêteurs, le directeur de l’ISSP, Dr Abdramane Bassiahi Soura, a déclaré que les résultats de cette étude visent à mettre à la disposition des décideurs des données probantes à même de guider leurs actions en matière de santé. Il a terminé en relevant que les thématiques de la PF et de VFF sont d’intérêt au niveau national, raison même qui montre l’importance de la création de sa structure.

Au cours de cet atelier de restitution des résultats au profits de l’Association des journalistes et communicateurs en population et développement (AJC/PD), il ressort que de nombreuses femmes qui subissent des violences au sein de leurs ménages subissent aussi des VPI. «58% des femmes mariées ou en union qui ont fait l’objet de violence par un autre membre de leurs ménages que leurs partenaires ont aussi subi des VPI», indique l’étude qui déplore que la recherche d’aide est peu courante chez les femmes rapportant qu’elles vivent des VPI et des violences au sein du ménage. Les communicateurs ont noté que «moins de 3% des survivantes de violences rapportent avoir recherché de l’aide auprès de services d’aide formels».

De la gauche vers la droite, le coordinnateur de l’AJC-PD suivi du directeur de l’ISSP, Dr Abdramane Soura et l’investigateur principal du projet, Dr Roger Guiella

Pour Dr Roger Guiella, investigateur principal de l’étude, «la VFF pose un problème de développement», d’où la restitution des résultats de cette enquête afin que l’opinion nationale et internationale sachent l’ampleur de ce phénomène connu mais sous-estimé. «La VFF est un gros problème de développement. Dans les ménages où il y a des violences, l’éducation des enfants pose problème. Dans les ménages où il y a la violence, la productivité des victimes de ces violences pose problème. Une femme qui vend des conditionnements au marché ou une enseignante ayant subi des violences, c’est sûr que le lendemain, elles ne pourront pas s’occuper de leur tâche quotidienne. Elles vont naturellement se déclarer malades. Ce sont des femmes en ce moment qui sont soustraites à la productivité », a développé Dr Guiella.

Selon l’étude, «on a près d’un million de femmes de 15 à 49 ans qui ont connu ces violences au cours des 12 derniers mois ayant précédé l’enquête. C’est énorme. Ca veut dire que probablement ces femmes-là ont connu à un moment ou à un autre, un arrêt de travail, un arrêt avec la productivité tout court », a-t-il martelé.

Après cette étude, l’ISSP a recommandé d’élargir les politiques et la réponse efficace aux Violences Basées sur le Genre (VBG) dont les VPI et les violences au sein des ménages. L’institut burkinabè recommande aussi de sensibiliser la communauté sur les stratégies centrées sur la femme pour répondre aux VBG, y compris en aidant à la divulgation sécurisée des VBG. L’ISSP a souhaité également à travers cette étude, aux gouvernants d’intégrer le dépistage des VPI aux services de routine y compris les soins de santé reproductive, maternelle et infantile.

Par Bernard BOUGOUM