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Burkina/Coupures d’électricité: les explications de la SONABEL

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Le directeur général de la SONABEL ( milieu), Baba Ahmed Coulibaly

Les responsables de la Société Nationale d’Electricité du Burkina (SONABEL), ont convié la presse ce samedi 1er mai au siège de l’institution sis au Centre-ville de Ouagadougou pour donner des explications sur les récentes coupures d’électricité que le pays vit. Selon le directeur général de la SONABEL, Baba Ahmed Coulibaly, cette situation s’explique par des difficultés auxquelles font face ses partenaires (la Côte d’Ivoire et le Ghana) avec qui le Burkina Faso importe près de 70% de l’électricité.

Un besoin de communiquer à un moment opportun perçu comme un manque de communication

Depuis quelques semaines, la situation de fourniture de l’électricité est perturbée au Burkina Faso, un pays enclavé d’un peu plus de 20 millions d’habitants, situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Pour les conférenciers, il est important de faire cette communication pour avertir les populations que le pays traverse une situation difficile mais aussi que le public comprenne les raisons de cette perturbation qui créent des dommages à certains clients.

Mais, d’emblée, les conférenciers se défendent quand on leur reproche de manquer de communiquer le plus souvent quand il y a des coupures de courant. Pour eux, la nature des difficultés auxquelles ils sont confrontés fait que la communication ne peut pas être systématique ou régulière car le problème est ponctuel. « Il y a des difficultés ponctuelles qui s’imposent et qui se résolvent automatiquement après. Au moment où tu veux communiquer avec le client tu vois que c’est résolu », a soutenu Baba Ahmed Coulibaly qui a estimé qu’« il n’y avait pas lieu (non plus) de faire un programme de délestage car le problème n’est pas structurel mais ponctuel ». Cependant, il a promis une communication de proximité.

Les explications sur les coupures du courant ces derniers jours au Burkina

« Il y a quelques jours, nous avions eu de fortes coupures liées à un pylône qui avait occasionné des dommages en territoire ghanéen. Après nous avons eu d’autres fortunes diverses. Il s’agissait de déclenchements généraux en Côte d’Ivoire et au Ghana », a affirmé le DG de la SONABEL qui souligne que l’origine de ces perturbations peut s’expliquer par plusieurs raisons.

D’abord, « la période de sécheresse qu’a connu le Ghana l’année dernière » de même que « la Côte d’Ivoire qui a connu une faible pluviométrie », est une des explications des coupures dernières coupures du courant, selon M. Coulibaly. « Si fait que les niveaux d’eau dans les barrages n’étaient pas importants. Du coup en Côte d’Ivoire, ils se retrouvent avec des centrales hydro-électriques à l’arrêt. Ce qui fait qu’ils n’ont pas assez d’électricité pour respecter leurs engagements contractuels. Ce qui fait que (par exemple) le vendredi 30 avril, au lieu de 100 mégawatts demandés, c’est 30 MW qu’on a eus », a-t-il déclaré avant de rappeler qu’habituellement le Burkina Faso importe 50 MW de puissance avec la Côte d’Ivoire.

Autres explications concernant toujours la Côte d’Ivoire, Baba Ahmed Coulibaly invoque la situation de la pandémie du coronavirus qui sévit dans le monde depuis un peu plus d’une année. La Covid-19 a causé un retard dans les investissements de la Côte d’Ivoire. Par exemple, « des centrales hydro-électriques qui devaient se terminer en janvier vont l’être maintenant en juillet prochain », a précisé M. Coulibaly qui a aussi noté que la Côte d’Ivoire a connu « une panne importante au niveau de sa plus grande centrale, la centrale d’Azito où de grosses machines sont tombées en panne ».

Au niveau du Ghana, aujourd’hui, « les grandes centrales du groupe électrique qui sont proches de la frontière du Burkina sont en arrêt. Du coup, ce sont les centrales qui sont au Sud qui sont sollicitées pour approvisionner l’électricité au Burkina Faso », a poursuivi le patron de la Nationale de l’électricité. Conséquences, « les réseaux électriques qui amènent l’électricité du Sud vers le Nord sont congestionnés. Au lieu de 150 MW du Ghana que nous attendons, à l’heure actuelle, nous sommes à 100 MW », a-t-il complété. Les deux mis ensemble, 100 MW du côté de la Côte d’Ivoire et 50 MW du côté du Ghana, cela fait que le Burkina est confronté à un gap à combler de 200 mégawatts.

Outre les soucis liés aux différentes importations de l’électricité pour alimenter le réseau national burkinabè, la production à l’interne.

Sur ce volet, les conférenciers ont reconnu qu’à l’interne, la situation aussi n’est pas la meilleure car il était prévu que la nouvelle centrale de Kossodo de 50 mégawatts vienne renforcer la capacité de production durant cette période de pointe. « Malheureusement, le chantier comme d’autres, ont subi les aléas de la Covid-19 qui ont retardé les travaux qui auraient dû être terminés. Une autre centrale que la SONABEL a en location qui fait aussi 50 MW est en souffrance à cause de difficultés techniques de fonctionnement », a résumé Baba Ahmed Coulibaly.

La saison de la pluie n’est pas une alternative fiable pour résoudre les coupures de courant mais peut aider

Quid de la saison des pluies qui pourrait soulager les clients de la SONABEL. De ce point de vue, le conférencier principal a laissé entendre que « la période de la pluie n’est pas celle qui va venir finir avec les problèmes. Personne ne fait sa planification en attendant la pluie puisque c’est un phénomène aléatoire », a-t-il répondu avant de dire que « la pluie va aider à résoudre les soucis » surtout de leurs partenaires car leur réseau sera plus opérationnel avec un niveau d’eau important.

« Pour la SONABEL, le client est sacré »

Le DG de la SONABEL pour qui « le client est sacré et doit être satisfait » a demandé « l’indulgence et la compréhension » des populations. Il a ajouté que les partenaires ivoiriens et ghanéens ont rassuré le Burkina Faso que les choses sont en train de rentrer dans l’ordre et ces coupures de courant dans peu de temps seront un lointain souvenir.

Le Burkina résolument tourné vers la production de l’électricité à l’interne

Dans le dernier Conseil des ministres, la SONABEL a obtenu l’autorisation d’engager deux projets « importants » à savoir les constructions d’une centrale de 50 MW à Komsilga et une nouvelle centrale Ouaga Sud-est de 150 mégawatts, deux projets de 200 MW de fonctionnement au gaz naturel qui viendront renforcer la capacité de la production à l’interne, a rassuré Baba Ahmed Coulibaly.

Mieux, la sous-région est en train de rentrer dans un système de marché de l’électricité. « Des réseaux sont en train d’être mis en place pour que l’on puisse se vendre mutuellement de l’électricité à l’horizon 2024 », a confié M. Coulibaly qui a indiqué que le Burkina Faso a un projet solaire de plus de 500 MW de puissance à réaliser.

À la lumière des explications à l’issue de ces échanges avec les journalistes, il ressort que le Burkina n’a pas de problème mais ce sont ses partenaires avec qui il importe l’électricité qui rencontrent des soucis actuellement. L’année dernière, le Burkina a importé 40% de l’énergie qu’il a consommée avec le Ghana en 2020.

Par Bernard BOUGOUM