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Burkina: des Organisations plaident pour le respect des droits des handicapés

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Les responsables du CCI Handicap

Des responsables des Organisations de personnes handicapées ont plaidé le mercredi 25 mai 2022 à Ouagadougou pour la prise en compte de leurs préoccupations, notamment dans les organisations des examens et concours généraux et techniques afin qu’ils soient « inclusifs », au cours d’une conférence de presse. « Nous souhaitons que tout le monde soit mobilisé pour la cause des élèves handicapés se présentant aux différents examens et signaler tout manquement existant », ont déclaré les membres du Cadre de concertation des ONG internationales intervenant dans le domaine du Handicap (CCI Handicap) qui lutte pour le respect des droits des personnes vivant avec un handicap.

Le président de l’Association Burkinabè pour l’Inclusion des Personnes Albinos (ABIPA), Fabéré Sanon ; le président de l’Union Nationale des Associations Burkinabè pour la Promotion des Aveugles et Malvoyants (UN-ABPAM) et président du Réseau pour la Promotion de l’Education Inclusive (REPEI), Christophe Oulé et Mme Winkoum Evelyne Hien, personne handicapée auditive, présidente de l’Union Nationale des Associations de Filles et de Femmes Handicapées du Burkina (UNAFEHB), se sont entretenus avec les journalistes sur les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec un handicap.

Ils ont déclaré qu’un certain nombre d’ONGs et OPHs ont depuis les années 2010 mené des actions de plaidoyer afin que les examens scolaires soient adaptés aux apprenants handicapés et ainsi accessibles à tous. Dans ce sens, des sensibilisations et formations du personnel des examens et concours du niveau central et déconcentré, ainsi que l’autonomisation des RH par l’apport en matériels informatiques adaptés (imprimante braille, logiciel braille de transcription) ont été réalisées.

Les problèmes des handicapés sont divers selon que ce sont des personnes atteintes d’albinisme, des handicapés visuels, des handicapés auditifs ou autistes. Entre autres, les conférenciers ont demandé à l’Etat de « faire connaître la loi et documents stratégiques qui encadrent les enfants handicapés par les parents, les personnes en charge de la supervision et de l’encadrement des examens ainsi que par les enfants eux-mêmes pour faciliter une meilleure application ».

Les membres du CCI Handicap ont aussi souhaité qu’on « joigne les copies des lois qui promeuvent les droits des personnes handicapées aux examinateurs et encadreurs lors de leur convocation » et de « regrouper les candidats handicapés dans un même centre pour faciliter la composition car le matériel et les ressources humaines spécialisées sur le handicap sont en nombre limité ».

Par Bernard BOUGOUM

Encadré

Message des Organisations de Personnes Handicapées (OPHs)

De plus en plus, des enfants de tous types de handicaps sont candidats aux examens et concours généraux et techniques. Si de nombreux points positifs sont engrangés, il ressort cependant que ces candidats rencontrent de nombreuses difficultés, d’où l’importance que les examens soient inclusifs pour leur permettre de composer dans de bonnes conditions.

Il est de notre devoir en tant que membres des Organisations de Personnes Handicapées (OPHs) d’attirer l’attention de l’opinion publique sur les réalités que vivent les candidats handicapés et permettre d’assurer la veille citoyenne. Nous souhaitons que tout le monde soit mobilisé pour la cause des élèves handicapés se présentant aux différents examens et signaler tout manquement existant.

DIFFICULTES RENCONTREES PAR TYPE DE HANDICAP

Personnes atteintes d’albinisme

Les personnes atteintes d’albinisme ont aussi un handicap visuel : elles sont malvoyantes.

De ce fait, les candidats atteintes d’albinisme ont besoin que les sujets soient en caractères grossis. Les candidats albinos ont des difficultés lors des épreuves sportives. (Exemple du 100 m plat où ils ne voient pas le mouvement de top départ à une grande distance).

Handicap visuel

Les sujets ne sont pas transcrits en braille et en gros caractères avant l’examen : les candidats doivent attendre en salle le temps que l’équipe technique transcrive les sujets qui viennent d’être découverts. Cette attente est de nature à déconcentrer les candidats concernés et à les stresser davantage.

Non prise en compte du tiers-temps complémentaire indiqué dans la Loi 012 du 1er avril 2010 portant Protection et Promotion des droits des personnes handicapées au Burkina Faso.

Les candidats sont répartis dans des centres différents et il faut faire des démarches dès l’attribution des numéros de table pour les regrouper dans les centres où il y aura des équipements pour assurer la transcription des sujets.

Le matériel utilisé pour la transcription et les papiers braille utilisés y compris le papier de composition des candidats sont à la charge de l’UN-ABPAM et ses partenaires.

Votre confrère Zougouri Kosso a bien décrit la situation des candidats handicapés visuels aux examens scolaires dans la Chronique Education sur la Radio Nationale.

Handicap auditif

Des candidats handicapés auditifs se retrouvent dans la salle d’examen sans un interprète en langue des signes pour communiquer avec les surveillants ;

Difficulté de prise en charge des candidats du BQP transférés au centre de référence de Ziniaré pour la pratique. Les parents et les traducteurs sont obligés de prendre en charge les frais de séjour de leurs enfants durant deux semaines. Les interprètes aussi se prennent en charge ou reçoivent un appui modeste du CEFISE.

Les Autistes

Sujets non adaptés, notamment en dictée et expression orale au CEPE. Raconter une histoire n’est pas dans l’imaginaire des personnes autistes. Ils ne peuvent raconter des histoires qu’à travers des images.

NB : Il est important de signaler que c’est la Direction de la Promotion de l’Education Inclusive, de l’Education des Filles et du Genre (DPEIEFG) qui fait le suivi des examens.

POUR DES EXAMENS SCOLAIRES PLUS INCLUSIFS NOUS, MEMBRES DES OPHS (ORGANISATIONS DE PERSONNES HANDICAPEES) PROPOSONS :

  1. Adapter au niveau national les épreuves aux candidats handicapés selon le type de handicap (visuels y compris les albinos, les autistes, les sourds et les malentendants). Exemples : demander aux aveugles de décrire le croquis d’un os et non pas de le dessiner. Adapter la dictée aux candidats malentendants à travers une lecture lente ;
  2. Transcrire en braille les épreuves au niveau national à l’avance, et les déposer dans les centres y compris en province, afin que les candidats handicapés aient leurs sujets en même temps que les candidats sans handicap ;
  3. Répertorier les difficultés rencontrées par les enfants handicapés (il y a plus de personnes handicapées dans les provinces) sur la base du canevas soumis par CCI-Handicap et faire des propositions pour pallier aux problèmes ;
  4. Signaler la situation des candidats handicapés dans leurs dossiers de candidature et que cela soit pris en compte pour leur répartition dans les centres d’examen ;
  5. Vulgariser les textes de loi auprès des élèves handicapés et du personnel d’encadrement pour faciliter le respect des droits des personnes handicapées ;
  6. Maintenir la double dispense en sport et en dessin pour les candidats handicapés visuels, attendre six (6) ans avant sa suspension, le temps de former les enseignants et les élèves dans une discipline alternative (ex. modelage) et noter l’épreuve sur le champ. Appliquer la mesure sur la double dispense en sport si le sport inclusif est mis en œuvre dans les établissements scolaires ;
  7. Etendre l’application des sujets adaptés (agrandis avec un contraste) aux examens blancs, aux examens universitaires… ;
  8. Faire connaître la loi et documents stratégiques qui encadrent les enfants handicapés aux par les parents, les personnes en charge de la supervision et de l’encadrement des examens ainsi que par les enfants eux-mêmes pour faciliter une meilleure application ;
  9. Joindre les copies des lois qui promeuvent les droits des personnes handicapées aux examinateurs et encadreurs lors de leur convocation ;

10.Regrouper les candidats handicapés dans un même centre pour faciliter la composition car le matériel et les ressources humaines spécialisées sur le handicap sont en nombre limité ;

  1. Procéder au regroupement des candidats handicapés dans un centre au niveau des provinces, à défaut, leur transfert à Ouaga crée un dépaysement et les déroutent ; il faut noter qu’il y aura de plus en plus de candidats handicapés aux différents examens scolaires dans les provinces ;

12.Sensibiliser les personnes handicapées à avoir de bons comportements envers les examinateurs et encadreurs pédagogiques (ex : faire preuve de patience s’ils viennent en retard) ;

13.Accompagner la prise en charge des candidats des provinces qui viennent composer à Ouaga et ceux qui composent au centre de référence de Ziniaré ; contribuer au fonctionnement des technologies de transcription de l’UN-ABPAM et fournir le papier braille pour les sujets et la composition des candidats ;

  1. Identifier des employés de la fonction publique, les former en braille et les occuper à plein temps pour garder la main ;
  2. Equiper les directions au sein du ministère en charge des examens scolaires, en matériel pour la traduction en braille ;
  3. Prendre des dispositions (aménagements raisonnables) afin que les candidats handicapés physiques et de petites tailles accèdent facilement à leurs salles d’examen.

RAPPEL DES PRINCIPAUX TEXTES DE LOI ET CADRES NATIONAUX REGISSANT LES PERSONNES HANDICAPEES

– Section II article 14, 15 de la loi 012-20210/AN portant protection et promotion des droits des personnes handicapées

– Stratégie Nationale de protection et de promotion des personnes Handicapées 2021-2025 (A.1.2.1.4) – Stratégie Nationale de développement de l’éducation inclusive 2018-2022.

RENCONTRE DE PLAIDOYER DU CCI HANDICAP AU MENAPLN

Une rencontre de plaidoyer a été faite avec le SG du MENAPLN et la DPEIEFG le 16 mai 2022 pour des examens inclusifs. Ils ont eu une oreille attentive au message porté par les membres du CCI Handicap

DISPOSITIF DE SUIVI A METTRE EN PLACE POUR LES EXAMENS A VENIR

Nous allons mettre en place des équipes dans les centres d’examens pour faire le suivi du déroulement des examens et faire remonter les manquements à notre partenaire le CCI Handicap pour transmettre au ministère de l’Education

Nationale et de la promotion des langues nationales (MENAPLN) pour suite à donner. Nous avons conscience de l’importance que le ministère accorde à l’éducation inclusive au regard des actions déjà entreprises. Mais comme on le dit, toute œuvre est perfectible et on a foi que le ministère prendra en compte nos recommandations pour des examens plus inclusifs à partir de l’année prochaine.