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Burkina: la Coalition des Associations pour la Défense du Droit au Logement soutient les syndicats en lutte

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Ceci est une déclaration de soutien à la lutte des travailleurs pour la satisfaction de leur plateforme revendicative de la Coalition des Associations pour la Défense du Droit au Logement (CADDL).

Les travailleurs du public, du parapublic et du privé de notre pays sont mobilisés et en lutte depuis le mois de février pour la satisfaction de leur plateforme revendicative en cinq points suivants :

  • Arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie ;
  • Arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales ;
  • Arrêt du pillage des ressources nationales ;
  • Garantie du droit à la sécurité ;
  • Le respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des syndicats des travailleurs.

Il est important de rappeler que la lutte actuelle est partie de la décision du pouvoir de généraliser l’application de l’IUTS aux primes et indemnités des agents de l’Etat. Pourtant, la revendication des organisations syndicales était claire : supprimer cet impôt sur les primes et indemnités des travailleurs du privé. Mais le pouvoir, au lieu d’aller dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et de l’ensemble du peuple, décide d’aggraver la situation économique et sociale déjà précaire des populations en étendant l’application de l’IUTS aux primes et indemnités des travailleurs du public.

Et cela conformément aux injonctions du FMI qui le presse à réduire les revenus des populations, notamment ceux des travailleurs, en vue de continuer à payer les dettes contractées par les pouvoirs successifs depuis 1960 et qui n’ont engendré que misère, dans notre pays. Le pouvoir MPP et alliés aurait été bien inspiré de réduire son train de vie, de lutter contre la corruption et la fraude, de poursuivre et récupérer les fonds colossaux détournés sous la IVème République, y compris depuis leur arrivée au pouvoir. Telle est la revendication en phase avec les aspirations profondes du peuple insurgé d’octobre 2014.

La CADDL qui est un regroupement associatif né au lendemain de cette insurrection et de la résistance victorieuse au putsch de septembre 2015 regroupe en son sein des milliers voire des millions de Burkinabé victimes du pillage des ressources foncières et des autres richesses nationales par les riches. C’est pourquoi elle soutient toutes les luttes justes dont celle des travailleurs en cours et se reconnait dans leur plateforme qui prend en compte les questions de justice dans la gestion du foncier et sur les opérations de lotissements frauduleux passés dont dépend, en partie, l’accès à des logements décents pour les gens des couches populaires.

Ce qui est révoltant, c’est que le pouvoir MPP et alliés invoque le mot « justice » pour justifier cette mesure impopulaire, cynique et inique de généralisation de l’IUTS. Nous, populations qui sommes victimes du pillage et du hold-up fonciers sommes indignées et révoltées par cette « justice » que voudrait le pouvoir quand on sait que ce sont ses hommes qui ont entre leurs mains toutes les terres urbaines et rurales, comme le montre bien le rapport d’enquête de l’Assemblée Nationale sur le foncier de 2016. Nous sommes indignés et révoltés quand on sait que le pouvoir a rangé dans les tiroirs, ce rapport d’enquête qui a pourtant montré que plus de cent cinq mille (105 000) parcelles ont été détournées entre 1995 et 2015.

Plutôt que de donner suite à ce rapport et bien d’autres comme ceux de l’ASCE-LC, le pouvoir préfère empiler des commissions ad’hoc bidons pour divertir les populations et faire passer par perte et profit les vols et détournements dans les opérations de lotissements passés. Nous sommes indignés et révoltés quand ce pouvoir invoque le mot « justice » au moment où les sociétés immobilières doivent plus de seize milliards(16 000 000 000) de francs CFA à l’Etat sans que rien ne soit fait pour recouvrer ces montants dus, et qu’en prime à cette impunité, la loi 057 du 20 novembre 2008 portant promotion immobilière au Burkina Faso offre des exonérations de taxes à l’importation sur les matériaux de construction aux sociétés immobilières sous prétexte qu’elles construisent des logements sociaux.

Nous sommes indignés et révoltés de constater que les mêmes sociétés immobilières, dans des conditions d’illégalité et immorales ainsi que cela est révélé quotidiennement par la presse, ont fini de s’accaparer toutes les terres péri-urbaines des villes du pays, compromettant les chances des gens du peuple d’avoir accès à un toit. Nous sommes indignés et révoltés que la plateforme revendicative minimale portée par la CADDL, les CDAIP, le MBDHP et la CCVC qui réclament la justice sur la gestion du foncier et des lotissements scandaleux et frauduleux n’ait reçue la moindre attention de la part du Premier Ministre, Monsieur Christophe DABIRE, lui qui a reçu ladite plateforme depuis le 16 mai 2019.

Drôle de « justice » voulue par un pouvoir dont la pratique de gouvernance apporte pourtant les preuves que la production des injustices sociales est sa culture politique ! Au lieu d’écouter les cris de cœur du peuple qui aspire à vivre mieux après l’insurrection populaire d’octobre 2014, la manœuvre du pouvoir MPP et alliés est de diviser notre peuple par le mensonge, les manipulations ethnicistes et régionalistes et par les velléités de présenter les travailleurs du public comme des égoïstes qui consommeraient seuls le budget de l’Etat.

Mais qui sont ceux qui ont toutes les parcelles et le foncier rural entre leurs mains ? Sont-ce les travailleurs du public ou les hommes du pouvoir ? Qui sont ceux qui ont l’or du peuple entre leurs mains et qui sont impliqués dans la fraude du charbon fin ? Sont-ce les travailleurs du public ou les hommes du pouvoir MPP et alliés ? Qui sont ceux qui doivent des milliards de francs au Trésor public au titre d’impôts impayés, de dettes ou de chèques sans provision ? Sont-ce les travailleurs ou les opérateurs économiques du pouvoir, hommes politiques, ministres, etc. ?

Notre Coalition, la CADDL, dont les membres sont de petits commerçants dans les marchés et yars, des artisans, des ouvriers, des paysans, des fonctionnaires, des sans-emplois qui sont victimes des pires formes d’injustice dans la gestion du foncier, soutient la lutte des travailleurs du public, du parapublic et du privé autour de leur plateforme qui prend en compte les préoccupations du peuple. Notre Coalition se reconnait dans ladite plateforme et la soutient entièrement car elle est juste.

C’est pourquoi la CADDL appelle ses militants et l’ensemble des populations qui sont victimes du pillage du foncier en ville comme en campagne par les riches hommes du système qui nous gouverne à :

  • Soutenir concrètement les travailleurs dans leur lutte juste contre le saccage de leur pouvoir d’achat et la remise en cause des libertés démocratiques en popularisant leur plateforme et en prenant part aux manifestations publiques à venir ;
  • Refuser la division du peuple qui est la réponse du pouvoir aux luttes des populations pour la justice, la sécurité, la liberté. Nous devons dénoncer ceux qui ont pillé et détourné le foncier et nos parcelles et qui pensent pouvoir nous opposer à nos frères travailleurs du public et du privé avec qui nous partageons les mêmes conditions de vie et avons le même combat ;
  • Se tenir prêts et répondre à des mots d’ordre d’actions populaires pour la satisfaction de sa plateforme revendicative minimale déposée le 16 mai 2019 auprès du Premier Ministre et pour un changement politique qualitatif.

Vive la lutte des travailleurs pour l’amélioration de leurs conditions de vie !

Vive la lutte des populations pour la justice dans la gestion du foncier et pour leurs droits d’accès à des logements décents !

Ouagadougou, 01 avril 2020

Pour le Bureau de la CADDL

Bernard B. COMPAORE