Accueil A la une Burkina: «La guerre n’est qu’à ses débuts (…)»

Burkina: «La guerre n’est qu’à ses débuts (…)»

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Le président de la transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a échangé à bâtons rompus avec les étudiants à l’université Joseph Ki-Zerbo, la plus grande du pays, pour leur faire part de la lutte que le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR II) a engagé pour la reconquête du territoire national, a constaté un journaliste de Wakat Séra, ce mardi 17 janvier 2023.

Le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré s’est rendu à l’université Joseph Ki-Zerbo pour prendre les préoccupations des étudiants venus de toutes les universités publiques et privées du Burkina Faso et partager le combat de la transition sur la lutte contre les groupes armés terroristes. D’entrée de jeu, il a rappelé qu’il est un pur produit de cette même université où il a passé quelques années en se spécialisant en géologie. «Le temple du savoir et le socle de notre nation se trouve ici», a-t-il déclaré pour justifier son rendez-vous qui a mobilisé une forte présence sécuritaire en vue de contenir les étudiants dont les deux amphis d’au moins 1 000 places assises chacune n’ont pas pu contenir.

Les préoccupations des étudiants

Le capitaine Ibrahim Traoré projeté sur écran géant

Le président de la Transition a dit être venu lui-même pour prendre connaissance des préoccupations auxquelles les étudiants font face. «Je viens de cette université où j’y ai passé quelques années. J’ai vécu des situations et nous connaissions les problèmes de l’université en son temps. Aujourd’hui, nous imaginons l’ampleur des préoccupations auxquelles vous faites face», a affirmé le capitaine Traoré qui dit avoir pu constater le nombre croissant des étudiants et le déphasage avec les infrastructures qui doivent accompagner ce chiffre.

«Le problème d’infrastructure demeure la préoccupation majeure», a-t-il soutenu, soulignant de même les problèmes comme les chevauchements des années qui ont débuté à partir de l’instauration du système Licence Master Doctorat (LMD), en plus des problèmes d’évaluation, de restauration et du nombre insuffisant des cités universitaires.

Concernant les universités dans les villes comme Ouahigouya, Dori et Fada N’Gourma, il a relevé qu’elles ont connu des attaques ou sont sous menaces des assaillants mais a rassuré que des réponses ont été élaborées pour sécuriser les apprenants et leurs écoles. «La guerre n’est qu’à ses débuts avec les petites opérations qui ont commencé à produire des résultats et elle va s’instaurer totalement dans les jours à venir», a-t-il lancé aux étudiants qui ont répondu par des cris de joie.

L’évolution sécuritaire

Le capitaine Ibrahim Traoré avec le ministre de l’Enseignement suéprieur et le président de l’université Joseph Ki-Zerbo

Sur l’évolution sécuritaire depuis son arrivée à la tête de l’Etat le 2 octobre dernier, le président de la Transition s’est voulu franc avec ses interlocuteurs loquaces du jour.  

«D’octobre à aujourd’hui, le nombre des attaques s’est multiplié mais nous les combattons. Donc, il n’y a pas eu de délai de grâce. Au contraire, tout s’est mis en œuvre pour nous décourager dès le départ», a expliqué le capitaine aux étudiants assis dans les deux salles aménagées où sont installées deux écrans géants pour permettre même à ceux qui sont au fond de la salle de ne rien rater de la rencontre.

Les attaques, selon le président de la Transition, « se sont multipliées mais nous avons déployé le maximum de moyens pour contenir le nombre de victimes». Les assaillants qui écument certaines parties du territoire burkinabè «n’arriveront jamais à nous décourager car notre moral est d’acier», a dit le capitaine Ibrahim Traoré sous des tonnerres d’applaudissements. «Nous sommes résolus à résoudre cette question. Le Burkina n’a attaqué personne. Nous avons été attaqués et nous nous défendons», a-t-il conclu sur le sujet.

Gouvernance

Une vue des étdudiants

A en croire les informations que détient le président de la Transition, le fond du problème du Burkina Faso, c’est la gouvernance. «C’est ce qu’il faut changer radicalement. La gouvernance a entraîné une frustration au sein de certaines couches de la population qui ont décidé de prendre les armes», a-t-indiqué.

Il a par la suite tempéré que «mais, ce n’est pas une raison de continuer de tuer les innocents. Prendre les armes pour s’affronter aux forces de défense (FDS), nous assumons cela car c’est d’ailleurs ce pourquoi nous sommes faits», a-t-il avancé.

Relents ethnicistes et religieux

Des étudiants aux alentours des salles de la rencontre surveillés par les gendarmes et les policiers

Lors de son face à face avec les étudiants à l’université Joseph Ki-Zerbo, le capitaine Ibrahim s’est attardé sur les relents ethnicistes et religieux qui alimentent les débats au Burkina Faso ces dernières semaines. «Au passage aussi, je souhaite vous interpeller sur un état de fait. Aujourd’hui, certaines personnes de par leur position, soulèvent certaines questions qui n’ont pas raison d’être», a-t-il campé le décor sur ce sujet.

«Je souhaite donc vous inviter à pouvoir faire l’analyse sur ce que ces individus veulent et à se départir de certaines choses. Lorsqu’ils sentent que cette lutte, nous allons la gagner, ils posent subitement la question ethnique. Ne tombez pas dans leur jeu. Moins de virulence, soyez tolérants», a-t-il conseillé aux milliers d’étudiants qui l’écoutaient avec attention.

Le nouvel homme fort du Burkina Faso a poursuivi que «la question de religion aussi, d’autres sont en train de surfer sur ça». «Il faut vous départir de cela. Vous êtes des Burkinabè, n’allez pas dans la violence entre vous», a souhaité le capitaine Ibrahim Traoré.

A noter que cette rencontre avec les étudiants est le premier du genre que le chef de l’Etat a initiée pour prendre langue avec les acteurs de l’université et avec les étudiants.

Par Bernard BOUGOUM