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Burkina: le mouvement SENS appelle à une « introspection collective sur la conduite de la transition »

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Les responsables du Mouvement SENS

Le mouvement SENS appelle à une « introspection collective sur la conduite de la transition à tous les niveaux (sécuritaire, politique, économique, sociale et institutionnelle) », selon une note de l’Organisation politique burkinabè qui commémore ce mercredi 2 août 2023, ses trois ans d’existence.

Déclaration

Cher.e.s militantes et militants,

Chers compatriotes,

A l’entame de cette déclaration, le mouvement SENS tient à exprimer sa profonde compassion à l’égard de nos compatriotes victimes des Groupes armés terroristes (familles de personnes décédées, blessés, déplacés et assiégés). Nous sommes reconnaissants et admiratifs des efforts multiples et multiformes de nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) sur les différents fronts de combat où ils risquent leur vie pour sécuriser le pays.

Chers compatriotes,

Le mouvement SENS célèbre ce 2 août 2023, son troisième anniversaire. En effet, il y a trois ans, des hommes et des femmes décidaient d’élever au plus haut sommet leurs engagements respectifs en créant le Mouvement SENS dont la devise « servir et non se servir » retentit comme un sacerdoce. Notre convergence s’est construite autour d’une vision panafricaniste et progressiste du Burkina Faso et de l’Afrique enracinée dans nos valeurs. Faisant le constat de graves insuffisances programmatiques et des échecs patents au niveau de la gouvernance dans presque tous les secteurs de la vie de nos Etats, particulièrement celui du Burkina Faso, nous avons estimé nécessaire de faire le saut dans l’arène politique, malgré tous les sobriquets et préjugés qui sont collés aux hommes et femmes engagés en politique dans nos pays.

Pour nous, aucun patriote n’a le droit de rester passif, surtout lorsque la nation est en péril. C’est pourquoi, nous avions affirmé, dès le départ, que notre engagement politique était devenu un devoir au regard des nombreux défis et des multiples fragilités du pays et de la mère Afrique. Nous étions et demeurons toujours convaincus que nous vivons une crise profonde de l’Etat dans sa nature et dans ses rapports avec les citoyens. Face à ce constat, nous avons proposé une vision claire et ambitieuse, celle de bâtir un Etat-nation prospère, souverain et panafricaniste, ayant pour socle l’auto-détermination et le développement endogène, avec des citoyens engagés pour la réalisation des Etats-Unis d’Afrique. Pour y arriver, l’enracinement dans nos valeurs sociétales humanistes, la foi en nous-mêmes et en notre capacité à inventer l’avenir, sans se contenter de copier des modèles importés et notre encrage panafricaniste nous servent de boussole. Car nous demeurons convaincus qu’une Afrique politiquement unifiée est la seule garantie d’indépendance de nos États.

Notre projet de société décline les principaux outils permettant d’accélérer le processus d’émancipation de nos peuples. Il s’agit entre autres de :

– reformer le code électoral afin qu’il permette d’engendrer des femmes et hommes politiques intègres, patriotes, panafricanistes et vertueux dans leur gouvernance.

– refonder l’administration pour servir le peuple et non se servir.

– faire de l’agriculture, l’élevage, les mines et la culture les piliers d’un développement endogène, centré sur l’humain et non les profits.

– faire de l’entreprenariat communautaire un ferment du développement industriel des petites et moyennes entreprises.

– conquérir la souveraineté monétaire communautaire régionale, voire africaine  

– reformer l’éducation nationale et l’enseignement supérieur avec le souci de former des citoyens et en phase avec la vision de développement de notre nation.

– investir dans les infrastructures de bases (forages, barrages, centres de santé, écoles, universités) et de désenclavement (routes, chemins de fer, digital, etc.).

Le contexte de la naissance du mouvement n’a pas permis de vulgariser cet ambitieux programme, même si le mouvement a eu l’opportunité de présenter quelques facettes de son projet de société durant la campagne pour les élections de Novembre 2020.

Aujourd’hui, la situation sécuritaire du pays, marquée par des attaques des groupes armés terroristes a accaparé tous les agendas publics autour de la lutte contre le terrorisme qui endeuille fréquemment notre pays et a malheureusement servi de prétexte à la déstabilisation des institutions démocratiques et républicaines avec les deux coups d’Etat militaires enregistrés au cours de l’année 2022. Nous sommes aussi témoins d’enlèvement de citoyens en dehors de toutes procédures judiciaires sans qu’aucun compte ne soit rendu au peuple. S’il y avait des doutes sur les auteurs de ces enlèvements, celui de monsieur Issouf NIKIEMA, ancien député, a montré qu’ils sont le fait d’agents étatiques. Par ailleurs, nous avons assisté avec grande consternation et désolation à une immixtion brutale et grave du gouvernement dans un dossier judiciaire, violant le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs garanti par notre Constitution, rappelant les heures sombres de l’histoire récente de notre pays. Nous tenons à rappeler que c’est au prix du sang que notre peuple s’est battu pour que plus jamais de tels spectacles ne se reproduisent. C’est encore pour nous une occasion de réitérer notre engagement pour la construction et la consolidation d’un Etat de droit véritable au Burkina Faso où tous les Burkinabè sont traités de la même manière et avec dignité devant la loi.

Notre histoire politique nous enseigne que les hommes passent, mais que le pays demeure. Nous avons donc l’obligation de nous battre pour des causes et des valeurs et non pour des hommes. Notre jeunesse ne doit plus vivre dans l’attente d’un sauveur ou d’un messie. Elle doit s’engager et se battre avec détermination pour incarner le changement qu’elle attend.

Le combat pour la défense de notre pays et de notre peuple et de nos valeurs est noble et n’a pas de prix. C’est pourquoi, nous encourageons vivement tous les burkinabè à se mobiliser encore plus pour aller « aux fronts ». En effet, dans cette guerre contre le terrorisme, il n’y a pas qu’un front militaire :

Là où des hommes meurent se trouve un front.

Là où des hommes sont déplacés se trouve un front.

Là où s’abat la famine se trouve un front

Là où nos valeurs s’effritent, se trouve un front.

Là où notre cohésion sociale se fissure, se trouve un front.

Là où la corruption s’installe dans la gestion des deniers publics, se trouve un front.

Là où l’injustice et l’arbitraire règnent au quotidien, se trouve également un front.

Si nous voulons gagner cette guerre, nous devons sans tarder engager le combat sur tous les fronts. Au-delà de solution militaire, chaque Burkinabè doit apporter sa pierre à l’édification de la Nation. C’est pourquoi, nous réaffirmons que la cohésion nationale et l’affirmation de nos valeurs sociétales dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité sont un devoir impérieux pour ceux qui nous gouvernent. Ils se doivent d’avoir une éthique dans ce combat car les causes profondes de cette crise sont aussi intimement liées à la mal gouvernance.

Chers compatriotes,

Ce troisième anniversaire de notre mouvement coïncide avec le 40ème anniversaire de la Révolution Démocratique et Populaire (RDP). Il est capital pour l’ensemble des filles et fils du Burkina Faso de marquer un temps d’introspection. Un temps pour regarder sans faux fuyants notre présent qui rime avec désolation et souffrance des populations qui espèrent au plus vite la fin du drame que vit la Patrie. Un temps pour envisager une vision nouvelle pour construire ensemble notre avenir.

La Révolution du 4 Août 83 avait permis à notre pays de retrouver sa fierté dans le concert des Nations. Elle avait permis à notre peuple de retrouver la confiance grâce aux valeurs qui l’ont toujours caractérisé (intégrité, patriotisme). Aujourd’hui, au regard de la profondeur de la crise multidimensionnelle et les graves menaces qui pèsent sur la préservation de notre bien commun à tous qu’est le Burkina Faso, il s’impose à nous de retrouver cette fierté et cette confiance, dans un contexte certes difficile, mais dans un contexte qui nous offre des opportunités d’amorcer un nouvel élan de résolution de nos crises et de réalisation d’un progrès profitable à l’ensemble des Burkinabè.

C’est pourquoi, le mouvement SENS appelle à l’introspection collective sur la conduite de la transition à tous les niveaux : sécuritaire, politique, économique, sociale et institutionnelle ! Il s’agit d’analyser ensemble et dans élan inclusif et constructif, le parcours accompli, les écueils et contraintes objectives ; d’identifier les défis, les obstacles qui se dressent sur notre chemin et les moyens de les surmonter, les risques, les menaces pour le succès de la transition et enfin les opportunités de repartir sur de bases solides et consensuelles !

Le mouvement SENS appelle tous les acteurs (autorités de la transition, leaders politiques, coutumiers et religieux, société civile, forces de défense et de sécurité, etc) au sens élevé du devoir patriotique afin que chacun assume pleinement ses responsabilités pour le redressement moral, politique et institutionnel de notre société.

Le moment est venu de se dresser, au-delà des discours, des ambitions et des intérêts particuliers, comme un seul homme, face aux graves menaces qui pèsent sur notre survie !

Il appartient au Président et au gouvernement de la transition, de prendre l’initiative de remobiliser la communauté nationale dans toutes ses composantes autour de l’urgence de sauver ensemble le pays ! Il n’y a pas d’autre voie possible !

Et cela est d’une extrême urgence !

SENS, servir et non se servir !

La Coordination nationale