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Burkina: le MPP « se cache derrière des personnalités morales pour battre campagne» (opposition)

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De la gauche vers la droite, Amadou Diemdioda Dicko, 4ème vice-président de l'UPC et Carlos Toé président du MCR

Le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), parti du président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, ayant « honte de son propre logo peu mobilisateur est obligé de se cacher derrière des personnalités morales pour battre campagne », a déclaré, le 29 octobre 2019 à Ouagadougou, Amadou Diemdioda Dicko, quatrième vice-président de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), faisant allusion au meeting de soutien aux Forces de défense et de sécurité (FDS) organisé samedi au stade Issoufou Joseph Conombo, ex-stade municipal.

« Dans plusieurs localités du Burkina, des FDS et des civils sont tués au quotidien, et l’exode continue », a signifié M. Dicko qui a co-animé la traditionnelle conférence de presse de l’opposition politique avec le président du Mouvement pour le Changement et la Renaissance (MCR), Carlos Toé, un nouvel adhérent au regroupement.

Le soutien aux FDS est une cause « si noble » que l’opposition politique ne saurait manquer « d’accompagner », a-t-il poursuivi, notant que « c’est pourquoi le Chef de file de l’opposition politique (CFOP, Zéphirin Diabré), lui-même empêché, a dépêché à ce meeting un représentant ».

Les moyens déployés lors du meeting organisé par des organisations de la société civile ainsi que l’aéropage gouvernemental présent en ces lieux « laissent penser à une campagne du MPP déguisée en soutien aux FDS », a indiqué le conférencier principal. « Mais ce qui est choquant, c’est le manque de sincérité envers le peuple. C’est aussi ce courage de se servir de cette aspiration du peuple à soutenir ses FDS pour battre campagne et tenter de redorer son blason », a enfoncé Amadou Diemdioda Dicko.

Sur l’idée émise de la promotion de l’autodéfense lors de ce meeting, l’opposition souhaite plus d’éclaircissements car plusieurs questions subsistent dont : « Qui organisera les civils pour l’autodéfense ? Qui fournira les armes et quels types d’armes aux civils ? Qui fournira les munitions ? Qui en assurera la maintenance, le suivi et la bonne utilisation ? Une fois les terroristes affaiblis, comment assurer le désarmement des civils ? ». C’est à la lumière des réponses apportées à ces questions que toute appréciation pourrait être faite, a signifié M. Dicko.

L’opposition politique a été la première à organiser une activité de soutien à nos FDS, ainsi qu’une collecte de fonds pour l’effort de guerre, le 29 septembre 2018. L’opposition a aussi formulé des recommandations au dialogue politique, en vue de lutter efficacement contre le terrorisme, ont rappelé les conférenciers.

En plus de ce sujet d’actualité, l’an V de l’insurrection populaire, la nécessité de subventionner l’établissement de la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB), l’inauguration d’infrastructures par le président du Faso et le sommet Russie-Afrique ont été abordés. Mais avant d’aborder dans les détails ces thématiques, les conférenciers ont rappelé que « nous sommes au 302e jour du drame de Yirgou » dont la justice attend toujours d’être faite. L’opposition dans cette optique a salué l’arrestation de l’étudiant Aimé Nikièma, celui-là même qui avait appelé ouvertement sur Facebook à massacrer des Peuls.

Pour la commémoration de l’an V de l’insurrection populaire, l’opposition dit constater qu’avec l’arrivée au pouvoir du MPP, « tout est pire qu’avant ». Les conférenciers ont soutenu que « les leaders du MPP ont utilisé le peuple insurgé pour accéder au pouvoir, et poursuivre le pillage, la division, la vengeance, tout cela sur fond d’incompétence notoire ».

Les conférenciers ont par la suite signifié à la presse que l’opposition propose que « le prix de la CNIB soit ramené de 2.500 francs CFA à 500, grâce à une subvention publique ». Le CFOP dit faire cette proposition tenant compte de la « précarité des citoyens qui s’est aggravée avec l’insécurité chronique et son corollaire de déplacements massifs de populations ».

L’opposition a aussi fustigé les sorties du chef de l’Etat relatives aux inaugurations des infrastructures. « Non content de réchauffer les projets de Blaise Compaoré pour se les réattribuer, le président Kaboré se lance maintenant dans les inaugurations de morceaux de routes, là où un Haut-commissaire ou un gouverneur étaient suffisamment compétents pour inaugurer ces mini-infrastructures », ont dénoncé les conférenciers.

Sur le dernier sujet, à savoir la participation du Burkina au premier sommet Russie-Afrique, l’opposition qui s’est offusquée qu’une quarantaine de chefs d’Etat africains dont Roch Kaboré ont fait le déplacement dans la station balnéaire de Sotchi, a déploré la forme faisant qu’une seule puissance convoque « tous les pays africains pour parler de sa vision de l’Afrique et lui faire des offres ». Pour Amadou Diemdioda Dicko et Carlos Toé, « c’est l’inverse qui aurait dû se passer ».

Par Mathias BAZIE