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Burkina: les grands axes des 100 ans du Baloum Naaba

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Une conférence publique sur les 100 ans du Baloum Naaba

Les organisateurs du jubilé du centenaire du Baloum Naaba ont animé, le mardi 22 novembre 2022, une conférence publique au cours de laquelle ils sont revenus sur le rôle et la place de ce palais royal dans la trajectoire de la construction socio-politique de la Haute Volta. Des points tels que sa contribution dans la gouvernance du pouvoir royal de Ouagadougou, son rôle et sa place dans la période de la colonisation, la reconstitution de la Haute Volta et son apport dans l’implantation du Catholicisme en Haute Volta ont été développés à l’assistance.

A l’occasion de la célébration du jubilé des 100 ans du Baloum Naaba, une conférence publique a été organisée, le mardi 22 novembre 2022, dans la cour royale, pour rappeler la place de Balongê (résidence du Baloum Naaba) et des Balm-nanambsé dans l’histoire de la Haute Volta de 1897 à 1950.

Principal conférencier du jour, Martial Halpougdou, chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) a développé le thème: «Balongê dans la trajectoire de la construction socio-politique de la Haute Volta». Il a réparti sa communication en quatre grands axes.

Le conférencier Martial Halpougdou, chercheur au CNRST Burkina Faso

Le premier point a porté sur la place de Balongê (résidence du Baloum Naaba) dans la gouvernance du pouvoir royal de Ouagadougou. Le conférencier a d’abord rappelé la réalité de la gestion du pouvoir traditionnel au niveau du Balongê. Il a noté que le Baloum Naaba qui était l’intendant du Palais du souverain de Ouagadougou et responsable de ses sujets, jouait un grand rôle dans la vie de cette cour. Il gouvernait la cour intérieure du palais royal et en responsable de la sécurité intérieure, gérait le protocole.

Abordant le deuxième volet de son exposé, le chercheur Martial Halpougdou a rappelé qu’à partir de 1896, l’organisation du royaume de Ouagadougou, puis de tout le Moogo a été chamboulée par l’occupation coloniale, qui va introduire de nouvelles donnes dans la gestion administrative. Ainsi, a-t-il relevé, le Wiid Naaba étant dépourvu de commandement par le colon, le Baloum Naaba reçoit un important commandement grâce notamment à l’excellence de ses relations avec les missionnaires.

Rappelant les faits marquants de l’histoire de la Haute Volta dans le troisième point de sa communication, l’orateur a fait remarquer que l’occupation de ce territoire par les Français colonisateurs qui y ont implanté leurs normes et organisation jusqu’à la suppression de la Colonie de Haute Volta, a été perçu par l’autorité coutumière comme une menace pour l’existence du Moogo.

C’est ainsi que les souverains successifs de Ouagadougou et leur Baloum-Naaba, épaulés par d’autres souverains, vont engager une lutte sans faiblesse pour la reconstruction de la colonie de Haute Volta. Martial Halpougdou a noté que le Baloum Naaba a joué un rôle déterminant dans cette lutte qui a commencé en 1935-36 et qui a abouti en 1947 à la reconstitution de la Haute Volta. En effet, c’est le Baloum Naaba qui a représenté le Moogho Naaba aux élections à l’assemblée constituante française.

Cette lutte pour la reconstitution de la Haute Volta a également mobilisé des leaders politiques tels Philippe Zinda Kaboré, Henri Guissou, Ouézzin Coulibaly, Gérard Kango Ouédraogo, Joseph Issoufou Conombo, Maxime Ouédraogo, Guillaume Ouédraogo.

Des participants à la conférence publique sur le centenaire du Baloum Naaba

En dernier lieu, Martial Halpougdou a abordé le rôle et la place du Baloum Naaba dans l’implantation du Catholicisme en Haute Volta. Pour le conférencier, c’est en partie grâce à ce dernier que la mission catholique a bénéficié d’un appui solide qui a permis aux missionnaires de faire rapidement et correctement leur travail en Haute Volta à l’époque.

Il a par exemple confié que le Baloum-Naaba Yanbirga (Kiiba) introduisant, auprès de Naaba Sigri le Père Guillaume Abel Templier et ses confrères à leur arrivée, le 25 juin 1901, devint comme leur hôte. Aussi, le Baloum Naaba Tanga qui a continué ces relations amicales et de bon voisinage avec la mission catholique, a été parmi les premiers chefs à faire alliance avec les Pères Blancs et à envoyer ses enfants à l’école de la mission.

Par le rappel de ces faits historiques, M. Halpougdou a invité la nouvelle génération à ne pas oublier ce que les devanciers ont posé comme actes patriotiques et de chaque fois se retourner à la source.

C’est le même message porté par l’ancien ministre en charge de la Culture, Ousséni Tamboura qui a assisté à cette conférence publique. Confiant avoir beaucoup appris de la communication du conférencier, l’ancien ministre a exhorté les jeunes à aller se plonger dans l’histoire. «Parce que si vous ne connaissez pas l’histoire, on n’a pas les explications du présent», a-t-il souligné.

En rappel, l’actuel Baloum Naaba régnant est Naaba Tanga II, fils de Naaba Yemde.

Par Siaka CISSE