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Burkina: les travailleurs de l’enseignement supérieur et de la recherche appelés à la mobilisation

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Université de Koudougou (Photo d'archives)

Face à des « attaques inacceptables contre les intérêts des enseignants-chercheurs et des chercheurs », le Secteur F-SYNTER de l’Université Norbert ZONGO (UNZ) et de l’École Normale Supérieure de Koudougou (ENSK) lance un appel à la mobilisation des travailleurs de l’enseignement supérieur et de la recherche.

DECLARATION

Les militant-e-s et sympathisant-e-s de la F-SYNTER de l’Université Norbert ZONGO (UNZ) et de l’École Normale Supérieure de Koudougou (ENSK) se sont réunis en Assemblée Générale le jeudi 22 avril 2021 pour : (i) écouter le compte rendu de l’audience accordée par Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MESRSI) à la F-SYNTER sur la plateforme d’action (PFA)  minimale du 1er avril 2021 des coordinations des universités publiques et de la recherche, (ii) échanger sur des points qui touchent aux intérêts des enseignants de l’UNZ et de l’ENSK et qui ne sont pas contenus dans la PFA minimale.

En attendant que les bureaux des coordinations des universités publiques et de la recherche reviennent publiquement sur le contenu de l’audience avec le MESRSI, l’Assemblée générale s’est particulièrement penchée sur l’Arrêté n°2020-189 du 04 juin 2020 portant fixation des obligations des enseignants-chercheurs qui a été adopté en catimini et qui remet gravement en cause des acquis des enseignants-chercheurs.

Cet Arrêté est contraire à l’Arrêté conjoint n°2012-108/MESS/MEF du 23 avril 2012 fixant les taux de prise en charge des actes de la vie universitaire et des commissions ad’ hoc dans les institutions publiques d’enseignement supérieur et de recherche (IESR) et au Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU) et ses différentes modifications et rectifications. Il est aussi contraire à l’esprit du communiqué final des négociations entre les secrétaires généraux des syndicats des enseignants de l’Université de Koudougou et le Ministre en charge des enseignements supérieur, Pr Filiga Michel SAWADOGO, du 1er février 2016. Cet Arrêté supprime la prise en charge de la participation aux jurys de délibération et crée sciemment une confusion entre jury de correction et copies supplémentaires.

Alors que l’Arrêté n°2020-189 impose à chaque enseignant chercheur un nombre de 250 copies statutaires à corriger par an, le Secrétaire Général du MESRSI, le Pr Mahamadou SAWADOGO, a adressé une correspondance, en date du 14 décembre 2020, aux responsables d’institution d’enseignement supérieur et de recherche dans laquelle il intime ceci :

« Cependant, il me revient que ce texte [il s’agit de l’Arrêté n°2020-189] n’est pas appliqué dans son intégralité, notamment à son article 15 relatif à la mise en place des jurys de correction.

Par la présente, je voudrais vous rappeler que les jurys de correction ne peuvent être constitués que lorsque l’effectif des étudiants, dans une unité d’enseignement (UE) ou un Elément constitutif d’Unité (ECU), est supérieur à 250. Par conséquent, les copies corrigées dans ce cadre ne devraient être prises en charge qu’à la 251ème copie par UE ou par ECU ».

Au lieu de 250 copies par an, c’est donc devenu maintenant 250 copies par module, ce qui fait qu’un enseignant qui a quatre modules se retrouvera maintenant avec 1000 copies statutaires à corriger pour la seule session normale. Depuis, les états de paiement des jurys de corrections qui étaient à la DAF ou à l’Agence comptable de l’UNZ sont renvoyés pour correction conformément au nouvel Arrêté du ministère.

Face à la pression de notre organisation, la direction de l’UFR/LSH vient d’entériner une tricherie indigne des acteurs du temple du savoir ; les enseignants-chercheurs sont invités à falsifier les fiches des jurys de correction rejetées afin d’échapper à l’Arrêté n°2020-189 du 04 juin 2020. Aussi une autre interprétation est-elle trouvée à l’article 15 de cet Arrêté par le Vice-Président chargé des enseignements et des innovations pédagogiques, Pr Issa MOUMOULA. Dans un de ses mails aux directeurs d’établissement, il soutient ceci : « L’idée du regroupement de l’ensemble des copies de l’enseignant avant d’extraire les 250 copies est approuvée, mais il se fera par semestre pour respecter l’esprit du LMD. Comme vous le savez, c’est le semestre qui est le critère de référence… ». Finalement, à quoi s’en tenir ?

Ces dernières attaques contre les intérêts des enseignants-chercheurs et des chercheurs ne constituent d’ailleurs pas un fait isolé. Depuis la signature du protocole d’accord en 2016 entre le gouvernement et les syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche, de nombreux actes ont été posés par le MESRSI pour remettre en cause les acquis des travailleurs. On peut citer ainsi :

  • le décret 0435 du 9 mai 2019 portant organisation des emplois des enseignants-chercheurs qui interdit la nomination des enseignants à temps plein (ETP) et des ingénieurs de recherche ayant soutenu leur thèse à la fonction d’assistant ;
  • la note n°2021/007/IMESRSI/SG du 12 janvier 2021 adressée aux responsables d’institution publique d’Enseignement Supérieur et de Recherche, contrairement aux conditions de candidature au CAMES, interdit de présenter les candidatures des ETP et ingénieurs de recherche ayant soutenu leur thèse au CAMES ;
  • le décret n°2020-0238 du 25 mars 2020 portant fixation du volume horaire des enseignants-chercheurs qui augmente de façon insidieuse le volume horaire statutaire des enseignants-chercheurs ayant le grade pour encadrer les étudiants et stagiaires ;

Face à toutes ces attaques inacceptables contre les intérêts des enseignants-chercheurs et des chercheurs et en attendant les mots d’ordre des coordinations nationales des universités publiques et de la recherche, l’Assemblée Générale :

  • lance un appel à la mobilisation des travailleurs de l’enseignement supérieur et de la recherche ;
  • demande aux enseignants de ne pas reprendre les fiches de jurys de correction renvoyées des services financiers des différents établissements ;
  • demande de ne corriger que les 200 copies statutaires conformément à l’Arrêté conjoint n°2012-108 du 23 avril 2012 et de remettre le reste des copies à l’administration puisque le MESRSI estime être capable de trouver des correcteurs.

En avant pour la défense de nos acquis chèrement conquis !

Mobilisation et lutte !

Pain et liberté pour le peuple !

Fait à Koudougou, le 25 avril 2021

Le secteur F-SYNTER/UNZ & ENSK